Les premiers tests sur un gel contraceptif masculin viennent de commencer

On évoque souvent la contraception masculine ces temps-ci, mais des chercheurs ont officiellement lancé des tests cliniques afin de développer un gel contraceptif masculin cette semaine.

Les femmes portent généralement le fardeau de la contraception et ce depuis des décennies, mais l’utilisation prolongée de la pilule est susceptible d’augmenter le risque d’effets secondaires chez les femmes, comme des caillots sanguins ou le cancer du sein.

Jusqu’à maintenant, les formes courantes de contraception masculine étaient à court terme, comme les préservatifs, ou à long terme, comme la vasectomie.

Mais, les préservatifs ne sont finalement efficaces qu’à 85 % en conditions réelles, et les vasectomies, bien qu’efficaces, sont souvent irréversibles.

Les scientifiques cherchent donc à développer une méthode de contraception masculine sous la forme d’un gel.

“De nombreuses femmes ne peuvent pas utiliser de contraception hormonale, et les méthodes contraceptives masculines sont limitées à la vasectomie et aux préservatifs”, confie la chercheuse de l’étude Diana Blithe, docteure et cheffe du Programme de Développement Contraceptif du NICHD dans un communiqué diffusé l’année dernière pour annoncer le test.

“Une méthode de contraception masculine sans danger, efficace et réversible répondrait à un besoin de santé publique important”.

La formule du gel inclut le progestatif appelé “segesterone acetate” (de la marque Nestorone) ainsi que de la testostérone. Le gel est appliqué sur le dos et les épaules et est absorbé par la peau.

Le progestatif bloque la production naturelle de testostérone dans les testicules, réduisant ou limitant complètement la production de sperme.

La testostérone de remplacement permet quant à elle de maintenir la libido et les fonctions associées à un taux normal de l’hormone.

Le test, financé par le National Institute of Child Health and Human Development (NICHD), devrait réunir environ 420 couples, de 9 sites d’étude différents dans 7 pays aux quatre coins du monde, dont le Chili, l’Angleterre et la Suède. Le premier groupe de volontaires vient lui des États-Unis.

Les volontaires masculins utiliseront le gel tous les jours pendant 4 à 12 semaines afin de déterminer s’ils tolèrent la formule et s’assurer qu’il n’y a pas d’effets secondaires inacceptables.

Si le taux de sperme ne diminue pas suffisamment, les participants continueront d’utiliser la formule jusqu’à 16 semaines. Si le taux de sperme finit par atteindre un certain seuil adapté à la contraception, la phase d’efficacité sera enclenchée afin d’évaluer si la formule permet bien d’empêcher les grossesses.

Au cours de cette phase de 52 semaines, l’application du gel sera l’unique forme de contraception employée.

Au cours du test, les scientifiques prévoient également de suivre les participants et leurs partenaires à l’aide de questionnaires, afin d’approfondir la recherche.

“C’est assez différent de ce que nous avons l’habitude de faire. Les hommes ne sont jamais évalués dans le cadre des études sur les méthodes de contraception féminine”, confie à Gizmodo Christina Wang, principale chercheuse du test et employée au Los Angeles Biomedical Research Institute.

“Nous souhaitons nous assurer que le couple qui vient, qui utilise cette méthode de contraception, soit satisfait du résultat”.

Que se passera-t-il si le test est concluant ?

Même si tout fonctionne parfaitement, il faudra attendre des années avant de pouvoir aller acheter ce gel à la pharmacie du coin.

D’après Gizmodo, le test prendra officiellement fin en 2022. Mais, le processus ne sera pas encore terminé, car en tant que test clinique “en phase 2b”, de nouvelles recherches seront nécessaires avant que le gel ne soit autorisé par la Food and Drug Administration (FDA).

Ça n’est pas la première fois non plus que des scientifiques tentent de lancer la contraception masculine sur le marché.

Les tests d’une pilule masculine, qui réduit les taux de testostérone et de deux hormones nécessaires pour la production de sperme, sont prometteurs, mais les tentatives précédentes pour créer une pilule masculine ont entraîné des effets secondaires, comme des problèmes de foie ou de libido.

Plus tôt cette année, des chercheurs chinois ont révélé avoir testé une forme de contraception masculine à moyen terme et réversible sur des rats.

Le responsable de l’étude Dr Xiaolei Wang, de l’université de Nanchang, a confié à propos des conclusions publiées dans le journal ACS Nano : “Les produits injectés ont empêché les mâles de féconder les femelles pendant plus de deux mois”.

Les chercheurs ont ensuite été en mesure d’inverser l’effet du produit en passant une lumière proche infrarouge sur les rats pendant quelques minutes, permettant ainsi aux animaux de se reproduire de nouveau.

Dr Wang confie que cette première expérience est “prometteuse”, mais que de nouvelles recherches seront nécessaires pour vérifier que les produits utilisés sont bien sans danger.

Marie Claire Dorking