Les scientifiques ont fait une découverte majeure dans le contrôle de la fertilité masculine

Cela fait plus de 50 ans que la première pilule contraceptive pour femme a été mise en vente, et depuis cela, aucun produit similaire pour les hommes n’est apparu sur le marché. Toutefois, la science réalise de grandes avancées afin de remédier à cela.

Le contrôle de la fertilité des hommes est plus prêt que l’on ne le pense. (Photo : Getty Images)

Le Telegraph rapporte que des chercheurs du Royaume-Uni ont développé un composé qui désactive temporairement la protéine permettant à la queue du spermatozoïde de se « tortiller ». Par conséquent, les spermatozoïdes ne sont plus en mesure de nager et de féconder l’ovule de la femme, évitant ainsi toute grossesse.

« Les résultats sont surprenants — et quasiment instantanés. Lorsque vous prenez du sperme sain et que vous lui ajoutez notre composé, en quelques minutes seulement, les spermatozoïdes ne peuvent plus bouger », a dit le chercheur principal John Howl, PhD, professeur de pharmacologie moléculaire à l’université de Wolverhampton en Angleterre.

John Howl a expliqué à Yahoo Beauté que lui et ses collègues ont été « extrêmement surpris » lors de plusieurs étapes de leurs recherches. « Les spermatozoïdes sont des cibles très difficiles pour les médicaments conventionnels, nous étions donc ravis de découvrir que des peptides de pénétration cellulaire (CPP) pouvaient cibler différents compartiments à l’intérieur du sperme », a-t-il dit. John Howl explique également qu’il a été étonné d’être capable de manipuler la physiologie des spermatozoïdes en utilisant des CPP bioactifs, des molécules qu’ils appellent bioportides, et qu’ils utilisent pour influencer la motilité des spermatozoïdes, soit leur capacité à se déplacer.

John Howl et son équipe n’ont pas encore développé de pilule, mais il explique que « nous avons deux composés intéressants et une technologie innovante qui doit encore être mise au point dans un cadre clinique ». Il explique également qu’il y a « un énorme potentiel » concernant le contrôle de la fertilité masculine, d’autant plus qu’aujourd’hui, environ 40 pourcents des grossesses ne sont pas prévues.

Son équipe n’est pas la seule à travailler sur le contrôle de la fertilité masculine. La Parsemus Foundation, située dans la baie de San Francisco, travaille sur un produit appelé Vasalgel, un barrage injectable qui créé un joint d’étanchéité dans le canal déférent masculin (le petit canal que traverse le sperme). Le gel fonctionne comme un filtre qui permet aux fluides de passer, mais pas aux spermatozoïdes. (Les essais humains du Vasalgel devraient commencer cette année).

Des chercheurs du Japon ont également découvert des inhibiteurs de protéine qui pourraient être utilisés dans une pilule pour homme. Pour l’étude, les chercheurs ont supprimé la protéine calcineurine chez des souris en utilisant deux inhibiteurs chimiques qui ont rendu les souris temporairement stériles. La souri mâle, dont la calcineurine était inhibée, a continué d’avoir des rapports sexuels avec les souris femelles, mais aucune d’entre elles n’a été fécondée.

Adam Ramin, MD, chirurgien urologue et directeur des spécialistes du cancer en urologie à Los Angeles, a expliqué à Yahoo Beauté que cette dernière découverte serait « un concept intéressant ». Toutefois, il a souligné le fait que le mécanisme qui gère la queue du spermatozoïde est le même que celui qui entraine le mouvement d’autres cellules corporelles, comme les cils et les structures semblables à des poils qui s’étendent sur la surface des cellules. Ces cils existent dans notre appareil respiratoire et aident à expulser les toxines et les produits chimiques que nous respirons accidentellement, et ils aident également à faire avancer les aliments dans notre système digestif.

L’urologue David Kaufman, MD, du Central Park Urology de New York, a expliqué à Yahoo Beauté qu’il ne voyait pas de problèmes potentiels liés à cette méthode sur la santé urologique des hommes, mais il a précisé que la période d’utilisation « devra être établie avec beaucoup d’attention ».

« Je peux imaginer un scénario dans lequel tout les spermatozoïdes ne seront pas affectés par le médicament et où certains passeront au travers », dit-il, rappelant qu’un homme fertile possède en moyenne des millions de spermatozoïdes qui devront être désactivés.

Adam Ramin explique que la question est : à quel point cette protéine particulière est-elle spécifique ? « Est-ce qu’elle arrêtera seulement le mouvement de la queue des spermatozoïdes ou est-ce qu’elle affectera d’autres mouvements dans notre corps comme ceux des cils ? ».

Néanmoins, il est certain que les scientifiques réussiront à développer un produit permettant de contrôler la fertilité des hommes aussi efficace que la pilule contraceptive des femmes, qu’il touche la production de sperme ou certaines fonctions utilisées par le sperme pour se diffuser. « Quelque chose sera mis au point dans les prochaines années », dit-il.

Korin Miller

Rédactrice