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Sur l'ISS, un accueil chaleureux aux trois cosmonautes russes malgré l'Ukraine

L'accueil chaleureux des locataires de l'ISS aux trois cosmonautes russes (Photo: Capture NASA)

Cet équipage, tout de jaune vêtu, a été accueilli par une équipe de deux Russes, quatre Américains et un Allemand.

ESPACE - Les trois cosmonautes russes, qui ont décollé ce vendredi 18 mars à bord d’une fusée Soyouz pour la Station spatiale internationale (ISS), sont arrivés à bon port. Les trois voyageurs ont été chaleureusement accueillis par les occupants de la station, dans un contexte de tensions extrêmes entre la Russie et les Occidentaux liées à la guerre en Ukraine.

Cet équipage, dirigé par le cosmonaute expérimenté Oleg Artemiev, accompagné de Denis Matveïev et Sergueï Korsakov, a décollé à 16h55 (heure de Paris) pour un vol de trois heures jusqu’à l’ISS. Les cosmonautes ont été accueillis par une équipe de deux Russes, quatre Américains et un Allemand, selon des images retransmises par la Nasa.

Accolades amicales, grands sourires et poignées de mains chaleureuses ont été échangés à leur arrivée sur place dès l’ouverture du sas.

Des cosmonautes russes en “jaune ukrainien”

Comme le souligne le média spécialisé Space.com, la tenue de ces trois cosmonautes russes ont surpris bon nombre d’observateurs depuis la terre, puisqu’elles étaient jaunes et bleues, les couleurs du drapeau ukrainien.

Le média cite une passionnée d’exploration spatiale qui a suivi la cérémonie d’ouverture des écoutilles diffusée en direct sur internet par l’agence spatiale fédérale russe Roscosmos. Selon elle, Artemyev, le commandant de Soyouz, a été interrogé sur le choix des couleurs de la combinaison et a répondu que c’était simplement le fruit d’un surplus de tissu jaune dans l’entrepôt.

“On a posé des questions sur la couleur des costumes, et Oleg a répondu qu’il y avait trop de tissu jaune accumulé dans l’entrepôt. En dehors de ça, juste les salutations habituelles et les meilleurs vœux”.Volonté de soutien ou non, de nombreux internautes ont quand même félicité les trois cosmonautes pour leur courage et leur prise de position contre la guerre. “Un nouvel équipage de cosmonautes vient d’accoster à la Station spatiale internationale vêtu de jaune et de bleu. Beau à voir”, a par exemple tweeté l’astronaute Chris Hadfield.

“Trois cosmonautes russes viennent de s’envoler vers la Station spatiale internationale à bord d’une fusée russe, depuis le Kazakhstan. La palette de couleurs de leur tenue spatiale à leur arrivée à bord de la station est plutôt frappante”, écrit le journaliste spécialiste de l’espace, Eric Berger.

“Trois cosmonautes russes qui viennent d’accoster à l’ISS arrivent en jaune ukrainien !” l’ancien astronaute de la NASA Scott Kelly, qui a effectué une mission d’un an sur la station spatiale.

Une chute de l’ISS à cause des sanctions contre la Russie ?

Jusqu’à récemment, la coopération spatiale entre la Russie et les pays occidentaux était l’un des rares domaines à ne pas avoir trop pâti des sanctions décrétées contre Moscou après l’annexion en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Ce week-end, le responsable avait affirmé que les récentes sanctions occidentales introduites contre Moscou pourraient provoquer la chute de l’ISS. Selon lui, le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant l’ISS sera perturbé par les sanctions, affectant donc le segment russe de la station. En conséquence, cela pourrait provoquer ”l’amerrissage’ ou ‘l’atterrissage’ de l’ISS pesant 500 tonnes”, avait-il mis en garde.

Les propulseurs des vaisseaux russes amarrés à la station servent en effet à corriger l’orbite de la structure spatiale. Une procédure réalisée une dizaine de fois par an pour la maintenir à la bonne altitude, ou encore éviter des débris spatiaux sur sa trajectoire.

Les Américains seuls n’ont pas cette capacité, a confirmé lundi Joel Montalbano, le directeur du programme de la station pour la Nasa. “La Station spatiale a été conçue sur le principe de l’interdépendance (...) il ne s’agit pas d’un processus dans lequel un groupe peut se séparer de l’autre.”

“À l’heure actuelle, il n’y a aucune indication que nos partenaires russes veuillent faire les choses différemment. Donc nous prévoyons de continuer les opérations comme nous le faisons aujourd’hui”, a-t-il dit.

Tensions spatiales

Quelques tensions étaient déjà apparues, notamment après que le président russe Vladimir Poutine a nommé en 2018 à la tête de l’agence spatiale russe Roscosmos, le nationaliste Dmitri Rogozine. Ce dernier affiche régulièrement son soutien à ce que la Russie appelle “une opération militaire spéciale” en Ukraine.

“Les nôtres! Pour la première fois depuis de longues années, c’est un équipage entièrement russe”, s’est-il félicité sur Twitter quelques heures avant le lancement.

Dernier accroc en date dans la coopération spatiale, l’Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé jeudi avoir acté la suspension de la mission russo-européenne ExoMars et la recherche d’alternatives pour le lancement de quatre autres missions en raison de l’offensive en Ukraine. Dmitri Rogozine a critiqué “un événement très amer” et affirmé que la Russie pourrait effectuer toute seule cette mission, “dans quelques années”.

À voir également sur Le HuffPost: Comment la guerre en Ukraine menace les projets spatiaux de 2022

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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