Livres : le top 10 du mois de mars
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Livres : le top 10 du mois de mars
Vous achetez des livres sans jamais les lire ? Vous souffrez sûrement de Tsundoku. Alors avec l'arrivée du mois de mars, on revoit entièrement sa liste de livres à dévorer et on s'y tient. Romans, love story, et récits romanesques : le mois de mars ne déroge pas à la règle en matière de diversité. On s’échappe le temps de quelques chapitres grâce à une histoire inspirante, étonnante ou bien encore qui nous donne des frissons…Romans, love story, et récits romanesquesComme à l’accoutumée, nous vous proposons une jolie sélection de livres à consommer sans modération. Un florilège lu et approuvé par la rédaction. Bonne lecture…© Getty - 2/7
« Rien à perdre », d'Hanneli Victoire (Stock)
Hanneli Victoire inspire splendeur et tremblements, car il compose des listes virtuoses où se bousculent les identités, les émotions et les soubresauts de sa jeunesse. D'abord, résonne sa rage d'être né fille dans une famille de classe moyenne à la campagne. Ensuite, éclate sa détermination à conquérir Paris, royaume désenchanté pour enfants perdus en quête de gloire. Enfin, jaillit son angoisse face aux désirs qui bloquent son corps. Aimé d'une bande d'invincibles amis, il commence à se comprendre, réalise qu'il veut couper ses cheveux, changer ses pronoms, défier l'arnaque de la féminité. Mais le chemin est long, douloureux, pour quiconque espère trouver sa vérité. L'auteur préfère tout raconter : ses passions éprouvées pour la peau d'Eli, puis de Lou ; les soirées à danser, à chercher les regards, à embrasser dans le noir ; mais aussi les moments de doute virant au désespoir. Sa voix exprime des convictions fondées – à raison – par la révolte de sa génération. Mais elle devient saisissante, lorsqu'elle expose un cœur débordant de sincérité. Hanneli Victoire reconnaît la honte que lui ont inspirée sa mère, ses origines, sa sexualité. Il affronte ses haines, désormais gommées par la fierté d'appartenir à un monde unique, souvent incompris et moqué. Avec l'amitié pour radeau, il touche au bonheur infini. Avec l'écriture comme armure, il tient sa vengeance sur les normes et sa promesse d'avenir.
Flavie Philipon
Acheter© Presse - 3/7
« Avers. Des nouvelles des indésirables », de J.M.G. Le Clézio (Gallimard)
Dans un vibrant recueil de nouvelles, J.M.G. Le Clézio redonne une place à celles que l'on ne veut pas voir. Elles sont sauvages, les jeunes filles de Le Clézio. Et pour la plupart, elles sont aussi esclaves, de leur condition, de leur pays, des mains des hommes. Héroïnes de son recueil de nouvelles, ses « indésirables » vivent dans des endroits que le monde abandonne sans honte, entre la frontière mexicaine, la baie Malgache et les rivières d'Amazonie. Après la disparition de son père en mer, Maureez fuit sa maison et les viols de Zak. À chaque halte, elle peine à se faire une place, mais finit par trouver sa vocation. Elle a une voix d'ange, capable d'envoûter les étoiles. Chuche réussit à s'échapper de l'enfer du campement des frères Palomino. Sur le chemin, elle tient la main du petit Juan qu'elle a sauvé. Un des lieutenants a abusé d'elle, et son ventre s'arrondit. Nepono est née dans la forêt et a épousé Yoni. Leur fils s'appelle Emmanuel, en hommage à un pasteur bienfaiteur. Il ne connaîtra pas le sanctuaire vert que la famille a quitté après l'invasion des narcos. Leurs fugues, leurs périls, ravivent tout ce qui aurait dû être « perdu à jamais ». Le Clézio a la mémoire d'un gardien protecteur et mélancolique. Ses mots chantent les vestiges d'un paradis, les destins d'invisibles qu'on n'a pas voulu voir, les vies d'enfants qui ont grandi sans être aimés… Sa bande de filles nous entraîne dans une sarabande douce et déchirante, mais nous confronte aussi à nos lâches oublis.
Flavie Philipon
Acheter© Presse - 4/7
« Le relais des amis », de Christine Montalbetti (P.O.L)
Peu d'écrivains entretiennent avec autant de soin leur rapport au lecteur que Christine Montalbetti, au point d'en faire la matière même de leur œuvre. Dans chacun de ses livres, la romancière prend le lecteur par la main et le fait participer au texte en train de s'écrire. C'est encore le cas dans « Le Relais des amis », récit poétique et ludique dans lequel elle nous fait voyager de personnage en personnage et de lieu en lieu, par le biais d'un procédé fonctionnant sur le principe de la course de relais. Ici, le bâton est un mégot jeté par un protagoniste aux pieds d'un de ses congénères, un ronflement qui traverse une cloison, une pensée qui nous mène d'un esprit à l'autre, en changeant de continent. Car c'est une des choses que permet la littérature : voyager au sens propre (de Paris à Tokyo en passant par le Portugal), comme au sens figuré. Ainsi, les personnages de Montalbetti ne sont jamais à court de ces rêveries « qui donnent aux jours de doux doubles-fonds imaginaires », de cette infinité de possibles que la vie piétine. C'est un des leitmotivs de ses romans que de révéler la part de fiction de nos existences, avec toujours ce souci de l'infime : ce qui est « inscrit dans la chair des murs », ce sentiment confus « qui s'intercale entre deux êtres », enfin tout ce qui affleure, bruisse, impressionne. Car, pour l'autrice, chacun de nous est un écrivain potentiel qui invente sa vie en même temps qu'elle se déroule et qui échafaude des hypothèses. La littérature de Montalbetti est une ode à ces bruissements d'âme et à ces rêveries mélancoliques qui nous racontent à la fois des histoires et parlent de nous-mêmes. Et témoignent, comme le titrait un de ses précédents livres, de « ce que c'est qu'une existence ».
Acheter© Presse - 5/7
« Double V », de Laura Ulonati (Actes Sud)
À qui Laura Ulonati s'adresse-t-elle ? Par des voix plurielles, la romancière construit un mystérieux parallèle entre le lien lumineux qui l'unit à sa sœur et la relation orageuse que partagent Virginia Woolf et son aînée Vanessa Bell. Le duo de prodiges traverse d'abord l'enfance, cette période de sursis où tout semble pouvoir s'accorder malgré les années qui les séparent – trois – et leurs différentes sensibilités : Vanessa aime dessiner, Virginia est attirée par les livres. Mais les tempêtes de leur rivalité se lèvent déjà. Un seul génie est admis par fratrie, c'est la loi de la plupart des familles. Et ce sera Virginia, la petite sœur qui dévore tout, à commencer par la préférence du père, Leslie Stephen, écrivain rêvant qu'un de ses enfants prenne sa suite. Elle est faite pour posséder le talent, les hommes (et les femmes), la gloire, et surtout la volonté de mener une vie débarrassée des contraintes de son sexe. L'écart entre leurs destinées éloigne Vanessa, la condamne à l'effacement, au second rôle. C'est depuis cette place que Laura Ulonati écrit, celle de l'oubliée, pourtant née en premier, celle de l'incandescente à qui l'on interdit de brûler. Femmes désormais mariées, Woolf et Bell se déchirent, s'envient, se fuient. La sœur amère regarde la jeune autrice triompher, danser avec ses amis de Bloomsbury, s'amuser dans les bras de Vita Sackville-West. Mais elle la sait aussi fragile, alors que Virginia lui envoie une lettre depuis la clinique où elle se fait interner, après sa première tentative de suicide. Ni le temps ni le ressentiment ne parviennent à distendre l'intensité d'un amour qui fut leur premier.
Flavie Philipon
Acheter© Presse - 6/7
« Le secret de Sybil », de Laurence Cossé (Gallimard)
À cet âge – 10 ans –, l'amitié est parfois mêlée de fascination. Il en va ainsi pour la narratrice qui, dans la France des années 1960, éprouve pour l'une de ses camarades de classe, Sybil, une forte admiration. « Le Secret de Sybil » raconte avec beaucoup de grâce, et du seul point de vue de la narratrice – devenue adulte et écrivaine –, cette relation qui a duré cinq ans. En décrivant ce duo inséparable, Laurence Cossé dépeint une époque où les enfants parlaient peu à leurs parents. Des non-dits, sombres, planent sur le texte. Le talent de Laurence Cossé, autrice de « La Grande Arche », consiste à dessiner les contours d'une catastrophe à venir. Quand elle passait un moment chez Sybil, pas un instant la narratrice n'entrevoyait « les drames à venir dans cette maison ». Les deux enfants appartenaient à des milieux différents dont les écarts sont suggérés avec délicatesse : dans la famille de la future écrivaine, l'atmosphère était bohème ; dans celle de Sybil, on veillait au respect des conventions bourgeoises, on était ambitieux et élitistes. Lorsque les deux filles ont 15 ans, la situation bascule. L'harmonie se fissure, Sybil embellit, mais elle est antipathique et blessante avec son amie. Elle la fuit. Puis elle devient terne après avoir été étincelante, elle tient des propos amers qui ne lui ressemblent pas. Que se passe-t-il ? « Le Secret de Sybil » lève le voile sur ce mystère dans sa seconde partie. Des années après la mort de son amie, la narratrice rend visite à la mère de celle-là, qui lui explique ce qui a meurtri Sybil. Elle lui confie également son propre passé, ténébreux. « Le Secret de Sybil » dessine, sans appuyer, de très beaux portraits de femmes.
Virginie Bloch-Lainé
Acheter© Presse - 7/7
« De rage et de lumière », de Jeanne Pham Tran (Mercure de France)
À travers la mort de sa mère et la vie d’un médecin à Calcutta, Jeanne Pham Tran questionne notre regard sur le monde. Inspirant. Parce que, après des semaines, c’est trop dur de voir sa mère se battre contre le crabe avec pudeur, ardeur et toujours le panache d’en sourire, Jeanne Pham Tran fuit à Calcutta. Histoire de se sauver en vérifiant que quelque chose d’autre existe que la douleur. D’autant que, en Inde, elle a l’idée fixe et folle de rencontrer Jack Preger, découvert dans un documentaire. La vie de cet Anglais est un roman dont elle ferait bien un livre : un gamin juif des faubourgs de Manchester devenu fermier, jusqu’à ce que, sur son tracteur, il soit frappé par une révélation qui lui intime : « Become a doctor. » Et le voilà médecin des rues à Calcutta, auprès de ceux qui habitent nulle part, qui ont zéro place dans le monde. C’est de place qu’il s’agit dans ce premier roman splendide et déchirant. Et c’est dans l’effondrement de ses certitudes que Jeanne Pham Tran va trouver la sienne. Elle voulait peindre ses deux héros sacrés et intimes, sa mère à la bonté de sainte, ce médecin que certains appellent « The Father », mais ce sont une femme et un homme faillibles, fragiles, sans certitude, qui se révèlent à elle et dont elle fait les portraits magnifiques. Ce qui unit ces deux êtres, ce qui les élève, c’est leur regard singulier sur le monde, leur générosité dont jaillit l’émerveillement. Au seuil de la mort, sa mère glisse à l’autrice : « Promets-moi de faire attention à la beauté. » Avec ce roman qui dévoile les terreurs et les forces face à la vie qui s’en va, Jeanne Pham Tran engage chaque lecteur, à son tour, à ne jamais perdre la beauté de vue.
Olivia de Lamberterie
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On renouvèle sa liste de livres à lire absolument en piochant gaiement dans notre sélection. À vos marques, prêt.e.s, partez !Vous achetez des livres sans jamais les lire ? Vous souffrez sûrement de Tsundoku. Alors avec l'arrivée du mois de mars, on revoit entièrement sa liste de livres à dévorer et on s'y tient. Romans, love story, et récits romanesques : le mois de mars ne déroge pas à la règle en matière de diversité. On s’échappe le temps de quelques chapitres grâce à une histoire inspirante, étonnante ou bien encore qui nous donne des frissons…Romans, love story, et récits romanesquesComme à l’accoutumée, nous vous proposons une jolie sélection de livres à consommer sans modération. Un florilège lu et approuvé par la rédaction. Bonne lecture…