"Mâchoires", le nouveau thriller de Monica Ojeda, happe son lecteur pour ne plus le lâcher

En Équateur, on se méfie de l'eau qui dort et du volcan assoupi, comme celui face auquel Fernanda se réveille pieds et poings liés. Fille d'un ministre et d'une célèbre avocate, l'adolescente comprend vite que ce n'est pas pour obtenir une rançon que Clara, sa professeure de lettres, l'a kidnappée et emmenée "jusqu'à cette forêt suspendue dans le ciel". "Toi et moi, nous allons devoir parler de ce que tu as fait", lui annonce sa ravisseuse. Quelques semaines plus tôt, Fernanda et ses amies avaient fait le serment de ne plus être "de simples élèves d'élite" du lycée catholique Opus Dei.

"Dorénavant, elles seraient aussi exploratrices, profanatrices du bien d'autrui, enfants terribles." Fascinées par les "creepypastas" – légendes urbaines d'épouvante devenues virales sur les réseaux sociaux –, ces jeunes filles de bonne famille trompent leur ennui à coups de défis malsains et de blagues de mauvais goût, dont Clara, surnommée la "Madame Bovary latina", est bientôt la cible toute désignée.

La violence pour exister

"Professeure de lettres sans vocation", Clara a grandi dans l'ombre et le mépris d'une mère ne lui ayant jamais pardonné d'avoir choisi, comme elle, l'enseignement. "De tout ce que sa fille avait arraché à son identité, c'était la profession perdue qui avait le plus alimenté son ressentiment." Jusqu'à sa mort, elle lui fait payer cette usurpation d'identité en humiliations et énigmes sibyllines.

"Quel est le seul animal qui naît de sa fille et accouche de sa mère?", lui ...


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