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La médiatrice de l'UE critique un contrat attribué à BlackRock par la Commission

LA MÉDIATRICE DE L'UE CRITIQUE UN CONTRAT ATTRIBUÉ À BLACKROCK PAR LA COMMISSION

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne n'a pas correctement évalué le risque d'un possible conflit d'intérêt en confiant à une filiale du fonds d'investissement BlackRock une mission de conseil sur l'intégration de critères environnementaux et sociétaux dans les règles de supervision bancaire, a estimé mercredi la médiatrice de l'UE.

Emily O'Reilly a enquêté sur les conditions dans lesquelles ce contrat a été attribué en mars dernier par la Commission. Depuis que Financial Markets Advisory (FMA), filiale de BlackRock, a été retenue, des députés européens et des ONG se sont interrogés sur la possibilité pour le fonds de produire des recommandations impartiales.

Ils relèvent que parmi les 7.800 milliards de dollars d'actifs gérés par BlackRock figurent des investissements dans les hydrocarbures et des banques, secteurs affectés par les régulations à venir.

Dans une décision rendue mercredi, Emily O'Reilly ne réclame pas l'annulation du contrat mais estime que la candidature présentée par BlackRock "aurait dû donner lieu à un examen beaucoup plus critique de la part de la Commission".

"Des questions auraient dû être posées sur la motivation, la stratégie tarifaire, et il aurait fallu également vérifier si les mesures prises par la société pour éviter tout conflit d’intérêt étaient vraiment appropriées", écrit-elle.

La Commission européenne a salué les conclusions de la médiatrice, notant qu'elle n'avait soulevé aucune preuve de mauvaise gestion et ajoutant qu'elle étudierait en détails ses recommandations.

La médiatrice suggère notamment à la Commission d'"améliorer ses lignes directrices concernant l'évaluation des soumissionnaires qui participent à des appels d'offres liés à la politique publique".

L'ONG Change Finance a réclamé pour sa part que le contrat soit annulé. Dans un rapport publié mercredi en partenariat avec l'organisation Corporate Europe Observatory, elle affirme que BlackRock et des groupes auxquels le fonds appartient ont mené une opération de lobbying pour affaiblir les projets européens en matière de "finance verte".

Du côté de BlackRock, un porte-parole a estimé que la Commission avait mis en exergue la qualité technique de la proposition de sa filiale FMA dont l'approche, a-t-il ajouté, intègre le monde universitaire, la société civile, des banques, des autorités du supervision et des spécialistes des marchés.

"FMA a hâte d'achever son travail et de remettre son rapport définitif à la Commission", a-t-il dit.

BlackRock, dont la candidature a été retenue face à huit autres soumissionnaires, a proposé de mener cette mission pour 280.000 euros, une "offre exceptionnellement basse", souligne la médiatrice, qui, ajoute-t-elle, "pourrait être perçue comme une tentative d’exercer une influence sur un domaine d’investissement pertinent pour ses clients".

(Kate Abnett avec Simon Jessop à Londres; version française Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault)