Maroc : les séismes font aussi trembler les esprits
Les hommes sont sidérés par leur impuissance. Cette prise de conscience est encore plus brutale aux époques favorables à la science et aux progrès. Convaincue de comprendre, donc de dominer, l'humanité, mains dans les poches, sifflote et, sans sommation, trébuche.
Le tremblement de terre au Maroc, dont le bilan tragique, considérable, aura des répliques inattendues sur le cours intellectuel de notre civilisation, pour le meilleur comme pour le pire ; et notre sens de l'altérité en sort déjà changé. Il y aurait une histoire de la pensée à partir des catastrophes naturelles à écrire.
En 1755, des Lumières rayonnantes se couvrent d'un voile. Le 1er novembre au matin, un tremblement de terre, probablement d'amplitude 9, dévaste Lisbonne, ville riche et prospère, provoque un tsunami de trois vagues et une tempête de feu pendant cinq jours. D'autres régions sont touchées : le sud de l'Espagne, l'autre côté de la Méditerranée, le Maroc, où la catastrophe coûte la vie à 10 000 personnes. Au total, et même si les estimations varient, il est probable que près de 100 000 individus aient perdu la vie à l'occasion de ce cataclysme.
Une enquête auprès des survivants
Le marquis de Pombal, que l'on pourrait qualifier de Premier ministre du royaume du Portugal, organise les secours et coordonne la reconstruction avec autorité. Surmonter cette épreuve ne suffit pas. Pombal veut comprendre, ordonne une enquête auprès des survivants et des témoins, qui doivent répondre à une séri [...] Lire la suite