Les messages subliminaux de Marine Tondelier à La France Insoumise en ouverture des Journées d’été EELV
POLITIQUE - Quelqu’un a dit « LFI »? Non, jamais dans son discours d’ouverture des Journées d’été, la secrétaire nationale d’Europe Écologie - Les Verts n’a cité ses partenaires insoumis de la NUPES. Mais en lisant entre les lignes, il était impossible de ne pas voir dans une partie de son discours une réponse - voire plusieurs - aux cadres de la France Insoumise avec qui les relations ne sont pas vraiment apaisées.
Marine Tondelier n’a évoqué la NUPES qu’à la fin de son discours. L’alliance des gauches et écologistes bat de l’aile, sur fond d’absence d’accord aux élections sénatoriales et européennes. Ce dernier scrutin en particulier fait régulièrement l’objet d’échanges tendus entre la numéro 1 des écologistes - déterminée à présenter une liste EELV indépendante - et son homologue de la France insoumise Manuel Bompard.
C’est pourtant en prônant un esprit « positif » que Marine Tondelier a évoqué la NUPES. Avant de répondre point par point aux dirigeants de La France Insoumise, sans jamais les nommer toutefois.
La méthode de travail
Avant même d’aborder le fond des dossiers, la secrétaire nationale des Verts a souligné l’importance d’une « éthique du travail en commun ». « L’union est une culture que nous avons le devoir d’adopter, et de développer. Elle ne suppose pas que des déclarations d’intention mais des actes et des lignes de conduite coopératives. Une certaine éthique du travail en commun, en quelque sorte. C’est ce que nous avons toujours porté, c’est ce que nous nous engageons à cultiver », déclare-t-elle avant d’ajouter un peu plus tard : « Ce qui nous manque encore ce sont des lieux et une méthode pour mieux gérer nos désaccords. »
Sous-texte : Marine Tondelier fustige ainsi les critiques publiques - sur les réseaux sociaux ou par médias interposés - auxquelles se livrent régulièrement les dirigeants de la NUPES. Ce fut notamment le cas lors d’un échange récemment avec Manuel Bompard, par interviews interposées avec à la fin un tweet du coordinateur insoumis, mais aussi quelques semaines plus tôt entre Jean-Luc Mélenchon et Olivier Faure, ce dernier allant jusqu’à demander à l’ex-candidat à la présidentielle de l’appeler plutôt que « de s’invectiver sur Twitter, pour le plus grand plaisir de la droite et le désespoir de la gauche. »
Préserver la « biodiversité » de la NUPES
« Les écologistes tiennent à la biodiversité qui, dans la nature comme en politique, est une richesse. Cela veut dire que le travail ensemble doit être coopératif et solide là où cela est souhaitable et même nécessaire, tout en permettant dans le même temps de faire vivre nos singularités respectives, qui sont aussi importantes pour beaucoup de nos sympathisants et de nos électeurs ».
Ou comment défendre, sans le dire, le principe de listes séparées aux européennes alors qu’Insoumis comme Écologistes admettent un certain nombre de désaccords sur leur vision de l’UE. La différence : Marine Tondelier estime que le fossé est trop grand pour trouver un compromis, tandis que Manuel Bompard juge que « les écologistes opposent un refus de principe à la simple idée de discuter pour voir s’il est possible de se mettre d’accord ». Les différents sondages réalisés avec des listes séparées ou une liste commune n’ont pas permis de trancher le débat, chacun voyant midi à sa porte dans les résultats.
L’attachement à la NUPES
N’allez pas croire pour autant que Marine Tondelier ne veut plus de la NUPES. Dès les premiers mots, la secrétaire générale des Verts prend soin de rappeler « l’attachement » des écologistes « au renforcement de l’union des écologistes et de la gauche » et ce « depuis longtemps et pour les années à venir. » « Le travail commun que nous menons est un bien précieux », ajoute-t-elle ensuite.
Ce discours arrive alors que les cadres de LFI accusent régulièrement leurs alliés de faire peu de cas de la NUPES et dénoncent un « double langage » des partenaires qui « au moment où ils parlent d’union, organisent sciemment la désunion », selon Manuel Bompard à Libération le 20 août dernier. En juin, Jean-Luc Mélenchon allait jusqu’à pronostiquer la fin de la NUPES faute d’accord aux européennes.
Ce à quoi Marine Tondelier répond : « Nul ne sera assez fort pour casser notre union. Personne. Et celles et ceux qui le tenteraient, par leurs actions et leurs provocations, se placeraient d’eux-mêmes en dehors du jeu collectif. »
2027, Mélenchon, et « l’homme providentiel »
Dernier point mais non des moindres, Marine Tondelier a rappelé vouloir une candidature unique en 2027. Mais pas à n’importe quelles conditions. « Nous devons définir ensemble un mode de désignation pour un candidat unique », réclame-t-elle en évoquant plusieurs options comme une « primaire fermée ou ouverte, une conférence citoyenne ».
Traduction : alors que les cadres de la France insoumise refusent d’exclure catégoriquement une quatrième candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’Élysée, Marine Tondelier met en garde contre la figure d’un « homme providentiel ». Et si elle ajoute que « ça serait exactement pareil si c’était une femme », la référence n’en est pas moins lisible, alors que Manuel Bompard jugeait quatre jours auparavant que « ce serait une folie de considérer qu’il faudrait construire quelque chose à distance du candidat qui a réalisé, il y a un an, 22 % à la présidentielle et qui a voulu la création de la Nupes. »
À 700 kilomètres de là, à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) où se tiennent les AMfis, le coordinateur de la France Insoumise anime vendredi 25 un débat sur le thème « Pour gagner, la gauche doit-elle s’assagir ? ». Une occasion parfaite pour répliquer.
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