Mettre la réforme des retraites sur « pause » ? Élisabeth Borne avertit les syndicats

« Ca n’existe pas de mettre un projet de loi en pause », met en garde Élisabeth Borne, avant la rencontre avec les syndicats
« Ca n’existe pas de mettre un projet de loi en pause », met en garde Élisabeth Borne, avant la rencontre avec les syndicats

POLITIQUE - Mieux vaut annoncer la couleur. À quelques jours de la rencontre avec les représentants syndicaux à Matignon, Élisabeth Borne a balayé la requête de Laurent Berger qui demandait la suspension de la réforme des retraites.

« Les syndicats, je les ai invités, ils viennent, donc je vais écouter ce qu’ils me disent », a assuré la Première ministre vendredi 31 mars dans le cadre d’un entretien avec les lecteurs du groupe de presse quotidienne régionale Centre Presse. Mais « je ne veux pas faire de surprise : ça n’existe pas de mettre un projet de loi en pause », met-elle en garde.

Mercredi 29 mars, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger avait redit sa détermination à aborder le sujet des retraites et du recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans lors de ce rendez-vous avec le gouvernement – le premier du genre en trois mois. Le responsable réclame une médiation, avec au préalable une suspension de la réforme, tandis que Sophie Binet, qui succède à Philippe Martinez à la tête de la CGT, se rendra à Matignon « pour exiger le retrait » du texte.

Deux demandes qui ont peu de chances d’aboutir. « On ne peut pas faire de pause quand on a un projet de loi qui a été voté, qui est en cours d’examen devant le Conseil constitutionnel », a répété la cheffe du gouvernement lors d’un déplacement dans la Nièvre. « Mais moi je suis à l’écoute et chacun aura l’occasion d’exprimer ses positions lors de cette rencontre » prévue mercredi 5 avril, a-t-elle ajouté.

« Nos messages ne sont pas passés »

Devant les lecteurs de groupe Centre Presse, la Première ministre a regretté que seul « le fait qu’une partie des Français va devoir progressivement travailler deux ans de plus (...) soit ressorti dans le débat ». « Mais 4 Français sur 10 n’auront pas à aller jusqu’à 64 ans. Du coup, il y a toute une série de discussions qu’il faut qu’on ait », poursuit-elle, en évoquant à titre d’exemple les « décrets » nécessaires sur les carrières longues.

En trois mois, les explications du projet par le gouvernement ont souvent été mises à mal, par exemple sur la revalorisation des petites pensions, un temps présentée à tort par certains ministres comme une revalorisation à 1 200 euros minimum.

Mais Élisabeth Borne l’assure : « On a communiqué au mieux » sur un sujet « très complexe ». Néanmoins, reconnaît-elle, « j’ai l’impression que nos messages ne sont pas passés ».

Sans évoquer le chiffre symbolique de 1 200 euros, la Première ministre a justement choisi les petites pensions pour argumenter : « Ce dont je suis certaine c’est que 1,8 million de retraités vont dès le mois de septembre avoir une revalorisation de leur retraite », avec « en moyenne 600 euros de plus par an » et « je ne suis pas sûre du tout que les 1,8 million de concernés en soient conscients ».

Sur ce point, la Première ministre ne se trompe pas. Selon une enquête d’opinion YouGov pour Le HuffPost réalisée début mars, l’opposition à la réforme s’est doublée d’une véritable incompréhension : seulement 4 % des personnes interrogées sur la lisibilité du projet optait pour la réponse la plus favorable, à savoir « tout à fait clair.  »

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