Mort d’Elizabeth II : les médias britanniques à l’heure des comptes
Il est 18 h 30 jeudi 8 septembre lorsque la BBC interrompt ses programmes. Une page noire s'affiche à l'écran. Huw Edwards, présentateur aux cheveux grisonnants, impeccable dans son costume, porte une cravate noire depuis plus de quatre heures. Il prend une profonde inspiration et déclare : « Ici la BBC, à Londres. Buckingham Palace a annoncé le décès de la reine Elizabeth II. » Il lit lentement le communiqué du palais. Le ton est grave et solennel. Tout est parfaitement maîtrisé.
Ce moment, Huw Edwards y pensait depuis longtemps. Il se serait même entraîné devant le miroir de sa salle de bains. L'annonce de la mort de la reine est un challenge personnel, mais surtout, un immense défi pour la BBC qui n'avait pas le droit à l'erreur. À cet instant, près de 10 millions de Britanniques la regardent.
Le lendemain, le présentateur vedette de 61 ans reçoit une pluie d'éloges de la part du public et de la presse – même du Daily Mail, qui ne manque pourtant pas une occasion de critiquer l'institution. Ils relèvent son professionnalisme, son émotion juste et le qualifient de « trésor national. » La ministre de la Culture souligne un « travail formidable » de la chaîne publique, qui fête ses 100 ans cette année. Ce même gouvernement conservateur qui a décidé de geler la redevance pendant deux ans et menace de la supprimer.
L'annonce de la BBC était, objectivement, l [...] Lire la suite