Moselle : un dentiste militaire jugé ce vendredi pour agressions sexuelles sur 7 femmes militaires

INFO BFMTV - Les sept victimes identifiées racontent toutes le même scénario: un bras posé sur leur poitrine, une main sur l'intérieur de leur cuisse, durant des soins dentaires. Le chirurgien-dentiste nie toute connotation sexuelle à ces gestes.

Un médecin militaire de 47 ans, chirurgien-dentiste à l'hôpital d'instruction des armées Legouest de Metz (Moselle), comparaîtra ce vendredi pour agressions sexuelles sur 7 femmes militaires. Les faits se seraient déroulés de mai à août 2021: lors de visites médicales destinées à valider leur départ en OPEX - opération extérieure -, cet homme, adjoint au chef de service, convoquait des femmes militaires afin de leur prodiguer des soins dentaires.

C'est une gendarme mobile de 24 ans qui a d'abord donné l'alerte. Le 16 août 2021, la jeune femme est convoquée pour un détartrage avant un départ pour une mission en outre-mer. Lors de cette séance, le dentiste prend appui avec son avant-bras droit sur le sein droit de la patiente, alors qu'il manipule une lampe. À chaque changement de matériel, il repositionne sa main sur la poitrine de la jeune femme.

À la fin de la séance, alors qu'il lui détaille les soins qu'il venait de pratiquer, il pose sa main sur son entrejambe et son ventre. La jeune femme n'ose pas protester, mais signale les faits à sa hiérarchie.

6 autres victimes identifiées

Saisie de l'enquête, la section de recherches de Metz a identifié 6 autres victimes, âgées de 21 à 28 ans. Affectées dans des unités voire des villes différentes, elles racontent toutes le même scénario: le bras posé sur leur poitrine, la main sur l'intérieur de leur cuisse.

L'une des militaires a raconté un rendez-vous pour un détartrage qui a duré 1h30, le 27 juillet 2021. "Pendant les soins, sentant que j'étais tendue, il a posé sa main sur mon ventre et m'a dit de me détendre", explique-t-elle.

"Je lui ai dit assez sèchement de retirer sa main. À la fin de sa visite, il a posé sa main droite sur l'intérieur de ma cuisse droite. Il m'a aussi dit qu'il fallait reprendre rendez-vous, j'ai prétexté une mission Sentinelle pour ne pas y retourner."

Une autre femme, une caporale d'une vingtaine d'années, a affirmé qu'il lui avait posé la main sur la poitrine et le pubis et qu'elle avait senti ses doigts remuer lors d'un rendez-vous le 25 août 2021.

Le chirurgien-dentiste nie toute connotation sexuelle

Certaines ont dit ne pas avoir su comment réagir ni pu parler en raison de la présence de coton entre leurs gencives et leurs dents.

Placé en garde à vue le 13 octobre 2021, le dentiste a reconnu avoir parfois "malencontreusement" touché le ventre ou la cuisse d'une patiente, mais a nié toute connotation sexuelle à ces gestes.

Interrogé sur le nombre important de rendez-vous avec des femmes militaires, il les a expliqués par le fait que les hommes respectaient moins leurs rendez-vous.

"Mes clientes se sont senties trahies"

Le 27 décembre 2021, la ministre des Armées a rendu un avis et estimé que "de tels agissements apparaissent en totale contradiction avec le comportement attendu d'un officier, et au surplus d'un soignant". "Ces faits méritent une réponse pénale exemplaire, tant au regard de la gravité intrinsèque que du préjudice qui en résulte pour l'institution et ses personnels."

"Mes clientes se sont senties trahies", déclare Elodie Maumont, l'avocate de 6 plaignantes. "Quand on est militaire, on s'engage jusqu'au sacrifice suprême de sa vie... Mais elles ne pensaient pas que l'attaque viendrait de leur propre camp, d'un soignant censé les protéger."

Le chirurgien-dentiste risque 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende.

Article original publié sur BFMTV.com

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