Nantes : des policiers accusés de violences sexuelles, l’IGPN saisie

Après les accusations de violences sexuelles portées par des étudiantes nantaises contre des policiers, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites, l’IGPN a été saisie (photo d’illustration prise lors de la mobilisation du 15 mars contre la réforme des retraites, à Nantes).
Après les accusations de violences sexuelles portées par des étudiantes nantaises contre des policiers, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites, l’IGPN a été saisie (photo d’illustration prise lors de la mobilisation du 15 mars contre la réforme des retraites, à Nantes).

FAITS DIVERS - L’Inspection générale de la Police nationale va devoir faire toute la lumière sur l’attitude de ces policiers. Après un vaste contrôle de police mené à Nantes, mardi 14 mars, quatre étudiantes ont porté plainte contre X vendredi 17 pour « violences sexuelles par personne dépositaire de l’autorité publique ». De quoi pousser le procureur de la République à saisir l’IGPN.

Ces quatre jeunes femmes faisaient au départ partie d’un regroupement d’une cinquantaine d’étudiants qui formaient un barrage filtrant sur le périphérique nantais. Cela avant d’être encerclés, contrôlés et fouillés par la police, venue mettre à un terme à leur opération de blocage, comme l’a révélé Mediapart dès vendredi. Lors de leurs dépositions, les quatre étudiantes ont séparément décrit des faits similaires.

Des gestes « inappropriés » lors de la fouille

Toutes âgées d’une vingtaine d’années, elles assurent avoir subi des gestes inappropriés et « à caractère sexuel » lors des fouilles au corps. Leurs parties intimes auraient été palpées et des propos vulgaires auraient été proférés par les forces de l’ordre, selon l’avocate de plusieurs étudiantes.

« Les faits que les jeunes filles décrivent, des palpations avec les mains à l’intérieur des sous-vêtements, m’apparaissent hallucinants. Ils s’accompagnent de propos inadaptés, insultants, humiliants, dans un contexte de grande tension », assure ainsi chez nos confrères de Mediapart maître Aurélie Rolland, qui défend deux étudiantes. Le journal cite d’ailleurs des propos utilisés par les forces de l’ordre lors du contrôle : « Faut que je fouille dans ta culotte, t’es sale, ça me dégoûte, tu sens mauvais », « Je vais te fouiller dans la chatte ».

« L’émotion de ma cliente est considérable, complète maître Anne Bouillon, avocate de l’une des quatre étudiantes. J’ai reçu une jeune femme profondément impactée (sic), perturbée par ce qu’elle venait de vivre. Elle a subi une fouille sur le corps, sur les parties intimes, de la part d’une policière. Elle vit les choses sur le registre de l’agression intime. L’objectif premier était a minima d’humilier, et d’impressionner. Les gestes décrits sont inexplicables, et on ne peut en aucun cas les rattacher à une opération de contrôle ».

Un piège tendu par la police selon les étudiants

De son côté, la préfecture, interpellée par un élu insoumis après les faits évoque simplement « une opération de sécurisation de périmètre et des étudiants eux-mêmes », tandis que les services du préfet de Loire-Atlantique et des Pays-de-la-Loire Fabrice Rigoulet-Roze se sont contentés de faire part de la saisie de l’IGPN sur ce dossier.

Une version assez différente de celles d’étudiants présents sur les lieux, qui ont témoigné auprès de Mediapart pour raconter les minutes qui ont précédé cette vaste opération de contrôle sur les étudiants. Et d’évoquer une manœuvre policière organisée à dessein, les étudiants ayant été suivis depuis une assemblée générale à la fac jusqu’au lieu d’un rassemblement pour réclamer la libération d’un des leurs.

Et c’est d’ailleurs cet étudiant arrêté qui raconte au journal le déroulé des faits, estimant que la police a tendu un piège aux manifestants, dans un contexte de tension croissante dans la ville nantaise, exacerbée depuis début mars par le mouvement de contestation grandissant contre la réforme des retraites du gouvernement. « Mardi, on a bloqué le périph’ avec des camarades de la CGT, pendant une heure et demie, sans incident, et puis on est repartis vers la fac. La police nous suivait à distance. Et lorsqu’on a pris le petit chemin qui remonte l’Erdre, ils nous ont rattrapés. On s’est retrouvés coincés, à l’avant et à l’arrière, avec l’Erdre à côté », explique Hugo, de Solidaires Étudiant·es, seul étudiant interpellé lors de la nasse policière ainsi mise en place.

« Les gens se faisaient arracher du groupe, mettre par terre, tirer sur le sol. Des camarades se sont fait tirer les cheveux sur plusieurs mètres. On a eu des coups dans le ventre, sur les parties génitales, des placages. Ils ont tiré une quinzaine de personnes comme ça, puis ça a été mon tour. Je n’étais pas serein, donc je me suis débattu. Je me suis pris des coups de pied sur la tête, et les policiers m’ont fait une clé de bras », détaille le jeune homme, mis en cause pour « violence contre dépositaire de l’autorité publique », pour « port d’arme » parce que la police a trouvé un cutter dans son sac, pour « entrave à la sécurité publique » et pour « rébellion ». Il a été placé sous contrôle judiciaire avant sa comparution au tribunal, le 8 juin prochain.

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