Ne te lave pas chérie, j'arrive... ou l'importance cruciale des odeurs au lit

«Ne te lave pas, j’arrive!» aurait écrit Napoléon Bonaparte à Joséphine, son épouse... 15 jours avant son retour. Était-ce parce qu’il vivait au début du XIXe siècle qu’il appréciait à ce point les effluves capiteux et épicés s’exhalant de l’entrecuisse de son aimée?

Les mauvaises langues diraient tout simplement que c’est parce qu’il était Français... Toujours est-il que chaque fois que je raconte cette anecdote, mon interlocuteur grimace, quel que soit son sexe. Combien de fois ai-je entendu un «Yark!», un «Beurk!» ou même un «Ouache!» lorsque j’avoue bien candidement aimer m’enivrer du parfum de l’aisselle de mon amante ou de celui, piquant et musqué, du scrotum de mon chéri?

Haro sur l’abus d’hygiène


Les temps sont durs pour ceux et celles qui, comme moi, apprécient la chair lorsqu’elle est suave et odorante. Les canons de l’hygiène et de la séduction ont impitoyablement banni toutes les odeurs humaines naturelles, désormais synonymes de négligence et de saleté.

Une femme doit non seulement être à l’image des mannequins qui posent, irréelles et faméliques, sur le papier des magazines, mais elle doit aussi avoir la même odeur de désinfectant et d’échantillon d’eau de toilette que ces publications.

Cet idéal olfactif est aussi improbable que déraisonnable - même propre, un sexe garde toujours une odeur bien à lui. Tout ce qu’une hygiène maniaque réussit à faire, c’est effacer toute trace de phéromones, ces fameuses substances chimiques sécrétées par les glandes sudoripares des aisselles et des organes sexuels, et qui stimulent la libido de nos partenaires.

Il y a cent ans, l’Occident se lavait peu et avait une peur terrible des pulsions sexuelles, qui lui paraissaient impétueuses et indomptables. Le péché semblait guetter dès les premières odeurs du printemps! Depuis la seconde moitié du XXe siècle, à cause de l’utilisation abusive des savons, des déodorants, des antisudorifiques, des douches, des parfums et autres «pouche-pouche en ca-canne», nos sociétés désinfectées, aseptisées et climatisées sont affligées par la panne de désir, qu’on tente désespérément de soigner par la pornographie, l’adultère et le Viagra.

C’est le sombre prix que nous devons payer pour avoir fait la guerre chimique à l’une de nos meilleures armes de séduction: les arômes aphrodisiaques de notre corps. Sus à l’insanité sous prétexte de salubrité! Écoutons les conseils des dermatologues et des gynécologues, et limitons-nous à une toilette par jour, fuyons comme la peste les douches vaginales si peu respectueuses de notre flore intime, et surtout, ne vaporisons jamais au grand jamais de parfum ou de déodorant sur notre pubis. Nous laver, d’accord, mais décaper notre sex-appeal, non!

Du nez, de la dégustation et de la poésie

L’amour est une expérience où tous nos sens sont sollicités, pas seulement la vue et le toucher. Mais comment lutter contre l’aversion que pourraient nous inspirer les odeurs de notre corps?

Il nous faut, en tout premier lieu, accepter notre propre désir, ne jamais le trouver «sale» ou «mal». Il nous faut ensuite apprendre à vivre l’attirance de l’autre non pas comme une agression, mais comme un don, ce qui nous permet d’être plus réceptive à ce qu’il nous apporte — y compris les exhalaisons de son corps. En fait, il faut approcher l’être aimé comme un vin capiteux. Après l’avoir regardé, toisé, examiné sous toutes les coutures, il faut passer aux sensations olfactives. Humer d’abord lentement et sensuellement ses plis les plus délicats, ceux du poignet, du coude, du genou, de la nuque ou de la poitrine. Ce «premier nez» est le plus subtil, mais aussi le plus instructif sur la nature et l’intensité de notre partenaire: est-il discret, franc, ou au contraire intense ou exubérant? Est-il frais et fruité, ou animal et musqué?

Après nous être convenablement imprégnée de ces parfums, il faut passer au «second nez» en humant l’aisselle, le sexe, voire le sillon des fesses. C’est alors que nous pouvons nous délecter de toute la complexité des arômes de l’objet de notre amour: fruits, fleurs, herbes aromatiques, résine, camphre, parfums briochés et torréfiés, poivre, muscade, cumin, notes animales comme le cuir, ou végétales comme l’humus ou les feuilles mortes... La gamme est large, voire infinie.

Fleur du mal


Et pourquoi ne pas en profiter pour décrire à notre amour le tourbillon des arômes qui envahissent nos narines? C’est l’exercice le plus poétique et le plus passionnant qui soit. Ah! Comme j’ai longtemps rêvé que mon amant me dise, après avoir humé ma fleur du mal, que mon sexe est «frais comme des chairs d’enfants, doux comme les hautbois, vert comme les prairies» et qu’il a «l’expansion des choses infinies, comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, qui chantent les transports de l’esprit et des sens»! Voilà pourquoi je cultive mes parfums intimes: pour donner de l’inspiration à tous ceux et celles qui oseront venir... les inspirer!

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