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Nombre idéal de partenaires sexuels : "On m'a reproché de ne pas assez profiter de ma jeunesse pour coucher à droite à gauche"

Nombre idéal de partenaires sexuels : "On m'a reproché de ne pas assez profiter de ma jeunesse pour coucher à droite à gauche"

Avoir une sexualité débridée est-il le nouvel idéal en matière de vie sexuelle ? Alors que les femmes se sont longtemps vu reprocher leur nombre de conquêtes, certaines subissent l'effet contraire et sont moquées pour n'avoir connu que trop peu d'amants.

Depuis maintenant de nombreuses années, les féministes se mobilisent pour rappeler un point important : avoir couché avec "trop" de personnes, cela n'existe pas. Avoir une sex-list à rallonge, ce n'est pas grave ! Mais à contrario, y a-t-il un nombre minimum de partenaires à avoir eu dans son lit pour être considérée comme une personne épanouie ? Entre les "Profite de ton célibat" et les "Profite de ta jeunesse", de plus en plus de personnes regrettent de subir des "injonctions à la sexualité", qui viennent remplacer les injonctions à se mettre en couple.

Pourtant, en France, le nombre de femmes qui multiplient les partenaires et celui des femmes qui n'en ont connu qu'un·e seul·e sont presque équivalents. En effet, selon une étude Ifop pour The Poken Company, si 20% des femmes ont eu plus de 10 partenaires sexuels dans leur vie, 17% n'ont couché qu'avec une seule et unique personne. Et si l'on arrêtait de présumer de la vie sexuelle des uns et des autres ?

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"Ma mère m'a dit que j'allais regretter de n'avoir couché qu'avec un seul mec"

Raphaëlle fait partie des 17% de personnes qui n'ont connu qu'un seul partenaire dans leur vie sexuelle. A 33 ans, cette mère de deux enfants est en couple avec son mari depuis... 18 ans. "On se connaît depuis la primaire, on a commencé à sortir ensemble à la fin du collège. J'ai passé plus de la moitié de ma vie avec mon compagnon, et dans ma tête, ça à toujours été très clair qu'il était l'amour de ma vie. Mais quand je disais ça à mon entourage, on me regardait de haut, avec un air entendu, et on me répondait que ce n'était qu'un amour de jeunesse, le premier d'une longue lignée."

Pourtant, les années passent, et le couple qu'elle forme avec son amoureux ne fait que se renforcer. "On a connu le couple à distance pendant nos études, puis à 22 ans, on a décidé d'emménager ensemble. L'année suivante, folle de joie, j'annonce à ma famille qu'il m'a demandé de l'épouser." Malheureusement pour Raphaëlle, la réaction de ses proches n'était pas tout à fait celle escomptée. "Ma mère a immédiatement eu l'air inquiet, et m'a prise à part. Elle m'a demandé si j'étais sûre de moi, si je n'allais pas regretter d'épouser "le premier mec qui passe". On parlait de mon amoureux depuis déjà huit ans ! Quand je lui ai dit qu'elle n'était avec mon père que depuis 3 ans quand ils se sont mariés, elle m'a répondu qu'elle avait "bien profité de sa jeunesse", contrairement à moi, et que j'allais regretter de n'avoir couché qu'avec un seul mec dans ma vie."

"Je suis une serial monogame, et mes amies ne comprennent pas pourquoi"

L'histoire de Caroline est quelque peu différente. A 37 ans, elle est sortie d'une longue histoire d'amour de 17 ans avec un homme... Pour enchaîner avec une autre histoire. "Je n'avais pas vraiment prévu de me remettre en couple moins de trois mois après avoir quitté mon ex, mais c'est arrivé. Pour être honnête, cela ne m'a pas vraiment surprise non plus vu que je suis une "serial monogame", comme le disent mes amies. Les plans cul, le sexe sans sentiment, ça ne m'intéresse pas. J'ai besoin d'avoir une vraie connexion avec une personne pour pouvoir partager son lit."

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Mais cette rapidité à s'engager dans une nouvelle histoire lui a valu pas mal de critiques. "Mes proches ont beau savoir que je n'aime ni être célibataire, ni les coups d'un soir, ils m'ont reproché de me relancer trop vite dans quelque chose de nouveau. "Moi à ta place j'aurai voulu coucher avec plein de mecs après 17 ans en couple", "Tu n'as pas l'impression de ne pas profiter de ton célibat et de te précipiter ?" "C'est dommage, tu gâches ta jeunesse", et plein de commentaires du même style. C'est très désagréable, car non seulement ces gens critiquent ma vie de couple, mais en plus ils présument de la qualité de ma vie sexuelle et intime."

Des "injonctions à une sexualité débridée" qui énervent

Caroline comme Raphaëlle n'ont pas eu beaucoup de partenaires sexuels dans leur vie, et elles ne voient pas où est le problème, d'autant que ce modèle a longtemps été présenté comme la configuration "idéale" par les puritains. Mais alors que les mentalités changent, notamment grâce au féminisme, elles regrettent que cette libération sexuelle se fasse à sens unique, et qu'elle ne concerne que les personnes qui choisissent d'avoir plusieurs partenaires sexuels. "On n'arrête pas de répéter que le nombre de partenaires sexuels ne compte pas, et je suis 100% d'accord avec ça. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi on me reproche de ne pas avoir "profité de ma jeunesse" sous prétexte que je n'ai eu qu'un seul partenaire ?", s'interroge Raphaëlle.

"J'ai l'impression qu'il y a une forme de jalousie, ou tout du moins de justification dans ces injonctions", confirme Caroline. "Les gens qui me reprochent de ne pas coucher avec "assez de gens" sont souvent des célibataires de longue date, et j'ai l'impression qu'ils et elles essayent de justifier leur propre vie sexuelle en se projetant sur la mienne." Elle conclut par ailleurs : "Ce n'est pas parce que je n'ai qu'une poignée de conquêtes sur mon tableau de chasse que je kiffe moins ma sexualité. Car pour rappel : quantité ne signifie pas toujours qualité."

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