Nous devrions prendre au sérieux les « farces » qui consistent à attraper les femmes

Il y a récemment eu l'épisode de Gigi Hadid à Milan et c'est malheureusement au tour de Kim Kardashian à Paris cette semaine.

« Le farceur des célébrités » Vitalii Sediuk a encore frappé mercredi en essayant d'embrasser le derrière de la star de la télé réalité, avant d'être rapidement taclé par son garde du corps Pascal Duvier. V. Sediuk a confié à l'Associated Press qu'il souhaitait protester afin de « populariser la beauté naturelle chez les adolescentes ».

Il n'est vraiment jamais OK de toucher des inconnus sans leur permission. (Photo : AKM-GSI)

Il ne s'agissait pas de la première rencontre entre K. Kardashian et V. Sediuk. En effet, l'homme a déjà attaqué la mère de deux enfants il y a deux ans lors de la Fashion Week de Paris en tentant de la faire tomber par terre alors qu'elle sortait du défilé Balmain en compagnie de son mari et de sa mère.

D'après TMZ, Kim prévoit de faire appel à la police et souhaiterait une ordonnance restrictive car elle « considère ce mec comme une menace constante pour elle et les autres et ne stoppera pas avant qu'il ne paye le prix fort ».

Photo : AKM-GSI

K. Kardashian est peut-être hyper célèbre, mais elle a le droit de se sentir en sécurité, comme toutes les autres célébrités d'ailleurs. C'est ce qui est particulièrement frustrant ce mois-ci avec les nouvelles frasques de Sediuk (interdit de séjour aux Etats-Unis depuis qu'il a visé Brad Pitt à l'avant-première hollywoodienne de Maléfique). Ces incidents ne sont pas des singeries ou des « farces » rigolotes, il s'agit d'une violation perturbante de l'autonomie et de l'identité des femmes, des tentatives de détruire l'idée apparemment toujours radicale qu'une femme a le droit de décider ce qui se passe avec son corps et de le contrôler à sa façon.

Sediuk évacué par des gardes après s'être faufilé sous la robe d'A. Ferrera. (Photo : Getty Images)

En 2014, Sediuk avait tenté de se faufiler sous la robe d'America Ferrera au Festival de Cannes. La vidéo de l'incident est l'une des plus déroutantes de ma vie. On voit A. Ferrera professionnelle et stoïque alors qu'elle vient d'être victime d'une violation effrayante. Les collègues d'A. Ferrera demandent alors si elle va bien suite à l'évacuation de Sediuk ; la jeune femme les rassure discrètement avec un magnifique sourire qu'elle offre aux photographes présents pour immortaliser le moment.

Photo : X17 Online

J'ai déjà vu et reconnu le regard d'A. Ferrara sur trop de femmes par le passé, moi y compris. Le regard qui dit que vous souhaitez être OK même si vous venez d'affronter une dure réalité en réalisant que vivre votre vie en tant que femme n'était pas sans danger. Le visage d'A. Ferrera, tout comme le coup de coude de G. Hadid et le tweet de remerciement de K. Kardashian à son garde du corps nous rappellent que les femmes rencontrent constamment des obstacles concernant le contrôle de leur propre vie et de leur corps.

Le problème est exacerbée lorsqu'il concerne les célébrités : ces dernières voient déjà leur image traitée comme de la marchandise, leurs noms sont transformés en marques et certains individus pensent en posséder une partie (ou pouvoir en toucher une partie…). Certains considèrent leur présence publique comme un refus d'avoir une vie privée et un corps privé.

On retrouve cette expérience chez de nombreuse femmes, célèbres ou non. Ce problème est illustré au quotidien lorsque les femmes sont sifflées au passage avant qu'on ne leur demande ce qu'elles portent. Cela arrive aux femmes tous les jours lorsqu'elles sont agressées sexuellement avant qu'on ne leur demande ce qu'elles portaient. Cela arrive aux femmes tous les jours lorsqu'elles sont victimes de violences conjugales, physiques et morales, et qu'on leur fait croire que quelqu'un a le droit de nier leur pouvoir, que quelqu'un d'autre a le droit de les blesser et de contrôler leur vie et qu'elles auraient tort de penser le contraire. Car, finalement, leur vie ne leur appartient pas et est plutôt un accessoire frivole de leur corps qui appartient aux hommes, d'après eux.

En fin de compte, nous disons aux femmes que leur corps ne leur appartient pas lorsque nous qualifions V. Sediuk de « simple farceur » et ses attaques sur les célébrités de « drôles ».

Jennifer Gerson Uffalussy

Auteure