OL: "ils sont en panique, il faut les comprendre", Riolo défend les supporters après le recadrage des joueurs
C’est déjà l’une des images fortes de la saison de Ligue 1. Dimanche, le capo des Bad Gones, l’un des principaux groupes de supporters lyonnais, a pris le micro pour s’en prendre aux joueurs, tous placés en ligne face à la tribune, après la lourde défaite face au PSG (1-4). Il a notamment invité les cadres à sortir du silence alors que Lyon, en pleine crise sportive, pointe à la dernière place du championnat. L’image a provoqué l’indignation de certains observateurs, accusant les ultras de sortir de leur rôle. Daniel Riolo, lui, comprend cette réaction.
"Je ne supporte pas le mépris affiché par certains journalistes au capo des Bad Gones"
"C’est une tendance: de plus en plus dans les tribunes s’exerce un contre-pouvoir aux directions un peu nourri d’une forme d’idéologie politique, analyse l'éditorialiste et journaliste dans l'After, mardi. Je ne parle pas de gauche, ni de droite, ni d’échiquier politique mais de cette volonté d’être un contre-pouvoir. En gros, 'le foot, c’est le business et le club, c’est nous, il ne reste plus que nous. On est les sauveurs, ceux qui tenons les tribunes’. De plus en plus, ils veulent exercer avec force ce contre-pouvoir. On a cette volonté de prise de pouvoir à Lyon avec ce qui s’est passé après le match contre le PSG. J’ai lu énormément de gens commenter cette scène avec un profond mépris pour ce qu’ils ont vu. Je ne supporte pas le mépris affiché par certains journalistes au capo des Bad Gones. Ce mépris populaire comme quoi il y aurait la classe politique - les dirigeants et les journalistes -, mais les supporters n’ont pas le droit de convoquer les joueurs?"
Le journaliste refuse de choisir un camp "parce qu’il y a des excès qui m’exaspèrent (chez les supporters) quand ils veulent trop prendre le pouvoir mais pas dans ce cas-là". Il préfère une analyse au cas pour cas et juge celui des supporters de l’OL assez compréhensible. Il ne s’offusque pas des insultes adressées aux jeune Bradley Barcola, transféré de Lyon à Paris en fin de mercato ("Que le mec ait 20, 25 ou 30 ans, on n’en a rien à cirer. Le mec dit la veille: ‘je ne quitterai pas le club’, le lendemain, il a une grosse proposition").
"Ce qu’ont fait les Lyonnais avec les joueurs face à eux, on peut en penser ce qu’on veut mais le gars doit faire un discours politique digne d’un député à l’assemblée?, interroge-t-il Et les joueurs sont exemplaires? Les dirigeants de Lyon sont exemplaires? Aulas est exemplaire? "
"Il y a certainement une limite et j’ai condamné les débordements mais on ne peut pas nier ce pouvoir populaire qui est, certes, emprunt de démagogie, conclut Daniel Riolo. Aujourd’hui à Lyon, il reste quoi? Il y a un président qui est parti (Jean-Michel Aulas) et qui savonne la planche du club. Ils sont tristes de voir la tournure que prend cette histoire. Ils ont vu leur directeur sportif, joueur emblématique (Juninho) se faire virer à coup de pompes dans le derrière, ils voient un Américain (le propriétaire John Textor) arriver, on ne sait pas ce qu’il veut faire, ils voient un gars, Cucci (président), qui ne connaît pas un mot de ballon, diriger le club. Les gars, ils sont en panique, c’est normal, il faut les comprendre quand même. Ils n’ont pas tapé sur les joueurs."