"On m'a dit que mes symptômes étaient liés à mon poids, alors que j'avais un cancer" : sur TikTok, les internautes dénoncent la grossophobie médicale et ses dérives dangereuses
Sur TikTok, des utilisateurs dénoncent. Toutes les personnes en surpoids ont déjà eu droit à des reproches de la part de leur médecin. Mais surtout, elles ont toutes vu leur poids avancé comme argument pour expliquer tel ou tel problème de santé. Y compris dans des cas parfois improbables.
"Vous n'allez jamais deviner ce que m'a conseillé de faire ma gynéco." Sur TikTok, la créatrice de contenu Nympheann a fait près de 300 000 vues avec l'une de ses récentes vidéos, où elle expliquait un problème de santé persistant. "La dernière fois que j'ai eu mes règles, je les ai eues pendant un an et quatre mois. Je n'ai pas d'adénomyose, pas d'endométriose, j'ai des ovaires multifolliculaires. Mais la solution est révolutionnaire : perdre du poids. Eh oui, le joker préféré des médecins", dénonce-t-elle.
Une vidéo qui critique la grossophobie médicale
Si la créatrice de contenus prend les choses avec humour, elle n'en cache pas moins sa colère face à la situation. "Quand tu es une personne grosse, la solution à tous tes problèmes, c'est perdre du poids. On ne sait pas trop ce qui se passe dans mon corps, mais si je perds du poids, ça résoudra tous mes problèmes", explique-t-elle, lassée de ne pas avoir droit à davantage de considérations.
Pour cause, malgré ses règles hémorragiques, aucun examen supplémentaire ne semble lui avoir été proposé. "Pour d'autres personnes, ils iraient chercher un peu plus, faire des examens. Mais pour nous, c'est facile, c'est juste lié à notre poids."
Une lassitude partagée par les internautes
Sa vidéo, largement partagée sur Internet, a entraîné de nombreuses réactions, qu'elle a décidé de partager dans une autre vidéo. "J'ai une vidéo qui a percé, surtout à cause du nombre de commentaires. Je vais vous en lire juste quelques uns pour que vous saisissiez l'ampleur du problème", explique-t-elle, avant de mentionner plusieurs commentaires hallucinants, qui témoignent de la grossophobie médicale dont sont victimes des milliers de personnes chaque année.
"On m'a dit que mes symptômes étaient liés à mon poids, alors que j'avais un cancer et une embolie."
"J'ai pris rendez-vous en urgence avec un médecin pour une cystite, on m'a dit que c'était dû à mon gras, que les bactéries s'y cachaient."
"Quand je disais que mes mains me faisaient mal, on m'a répondu que je devais perdre du poids. Six ans après, une rhumatologue m'a trouvé un psoriasis rhumatoïde en stade sévère. Mes mains sont bousillées parce que je n'ai pas eu le diagnostic plus tôt."
"On m'a sorti de perdre du poids pour des acouphènes."
"C'est déshumanisant"
En tout, des dizaines et des dizaines de commentaires qui évoquent des problèmes de santé qui ne sont en aucun cas liés au poids, mais pour lesquelles les personnes qui ont consulté ont malgré tout été sommées de faire un régime, comme s'il s'agissait d'un remède miracle.
"Quand est-ce qu'on va soulever ce sujet ? La grossophobie tue", dénonce la créatrice de contenu. "Le nombre de personnes grosses en errance médicale, qui ne sont pas crues, pas écoutées, parce que la médecine est foncièrement grossophobe... On est toutes victimes de discrimination et d'oppression par le corps médical."
Et de conclure : "Il n'y a pas plus déshumanisant : on ne nous voit pas au-delà de notre poids." Un constat alarmant, d'autant que, d'après une étude publiée en mars 2023, réalisée par le médecin généraliste Antoine Epin auprès de 1800 médecins, 53% des professionnels de santé seraient grossophobes.