« On veut réussir pour lui » Elodie, maman étudiante
Élodie avait 19 ans et était encore étudiante lorsqu’elle est tombée enceinte et a eu Lenny, son petit garçon. Aujourd’hui Lenny est en CE1 et sa maman a bien voulu nous raconter son histoire.
Lorsqu’Élodie tombe enceinte, elle a 19 ans et est en seconde année d’Art du spectacle Cinéma. « C’était une surprise, je n’avais pas prévu ça ! J’étais assez perturbée au départ, car c’était une bonne nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas, mais j’étais déjà sûre que je voulais le garder. »
Élodie appréhende surtout la réaction de ses parents. « J’étais assez stressée surtout par rapport à mes parents ; je savais qu’ils n’allaient pas apprécier étant donné mon jeune âge ; je n’avais pas suivi le schéma que tous les parents souhaitent : mariage puis bébé à 30 ans. En même temps, j’étais heureuse, c’était d’ailleurs un sentiment bizarre. Je me suis sentie tout de suite maman, et, lors de la première écho, ce fut la révélation. J’ai dévalisé les boutiques pour le bébé ! »
Comment gérer le regard des autres lorsque l’on a un enfant aussi jeune ? « Mes plus proches amies sont elles aussi devenues mamans assez jeunes. Je peux dire que j’ai été beaucoup soutenue par mes amis, les camarades de fac, même ceux qui pensaient que je faisais peut-être une erreur. Quant à mes parents, ils n’ont pas vraiment bien réagi au départ. En fait, leur crainte était surtout que j’arrête mes études, alors que cette idée ne m’a pas traversé une seule fois l’esprit ! »
Sa grossesse se passe bien, et Élodie a la chance d’être bien entourée ; elle continue ses cours presque jusqu’à terme. « J’ai continué mes cours jusqu’à 8 mois et une semaine, juste avant les vacances scolaires. Mon fils est né durant les vacances de Noël, c’était parfait. Etant donné que les partiels se déroulent entre décembre et janvier, je m’étais organisée, en amont, avec certains profs, qui étaient eux aussi très compréhensifs. Certains m’ont demandé des devoirs, des dossiers à faire chez moi pour compenser les partiels. J’ai ensuite repris les cours 15 jours après mon accouchement, c’est ce qu’on appelle un congé mat’ express ! En fait, j’ai dû rater seulement 15 jours de cours maximum. Mes camarades avaient photocopié les cours à mon retour. C’était très sympa ! Les profs étaient sympas aussi, ce fût vraiment une bonne période. »
L’accouchement peut être un moment difficile. Surtout lorsque l’on est aussi jeune. Mais ce n’est pas ainsi qu’Élodie l’a vécu. « J’ai adoré la maternité, un vrai moment magique ; ma chambre était toujours remplie d’amis et de mes proches. Je passais mon temps à contempler mon bébé. En fait, c’était encore « irréel ». Mais une fois à la maison, j’ai eu un peu peur. À partir de ce moment là, j’ai perdu une part d’insouciance. J’ai toujours peur pour mon enfant, mais bon, je crois que c’est le cas de toutes les mamans ! »
Comment s’est passé le retour à la maison, l’organisation, la reprise des cours ? « J’habitais encore chez ma mère au tout début. Je pense avoir bien géré. En fait, cette naissance m’a plus boostée qu’autre chose. De nature ambitieuse, cela n’a fait qu’amplifier cette partie de ma personnalité. Au tout début, lorsque j’ai dû le confier, il n’avait que deux semaines ! Heureusement, ma mère était présente. Puis j’ai eu une place en halte-garderie combinée avec une nounou (une voisine) puis, le grand soulagement… la crèche ! J’avais déménagé, je faisais donc de grands aller-retour mais je n’avais pas le choix ! »
Élodie entame donc une nouvelle vie pleine d’occupations, et prenante. « Franchement, je ne me sentais pas plus fatiguée que ça. C’est surtout que je ne m’en rendais pas compte… J’ai beaucoup maigri après ma grossesse. Je pense que cela révélait en fait une grosse fatigue. Mais j’avais un bébé docile, il était sage, encore une chance ! Ma mère, ma sœur, un très gentil copain et ma meilleure amie étaient très présents. »
Elle assure donc son rôle de maman tout en suivant ses études avec encore plus de volonté et de motivation. « Je n’ai pas pensé un seul instant à arrêter mes études. Au contraire. J’ai beaucoup entendu autour de moi : c’est fini pour elle… mais ces gens là me motivaient plus qu’autre chose. Pour moi, concilier les deux était plus que compatible. Il est vrai que certaines jeunes femmes arrêtent, mais il y a des aides financières, comme lorsque l’on est mère au foyer, alors pourquoi arrêter ? Je pense qu’il faut toujours essayer dans la vie. Comme je le dis souvent, il est, selon moi, plus simple d’être maman étudiante (quand on a un soutien de la part de son entourage bien sûr) que maman au boulot. On laisse son enfant à 8h et on le récupère à 19h, on ne le voit pas. Dans ma filière, j’avais le temps, un peu moins lorsque j’ai continué ensuite en contrat professionnel. »
Côté finances, le fait de ne pas avoir d’emploi stable est-il une source d’angoisse pour élever un enfant ? « Étant donné que j’étais chez mes parents, les premiers mois, j’ai pu faire beaucoup d’économies. Ensuite, entre la bourse, les APL, les petits boulots ou le stage, je m’en sortais, la crèche étant en fonction des revenus(ce qui est beaucoup mieux que la nounou lorsque l’on n’a pas un gros salaire). Il y a beaucoup d’aides en France ; des tarifs spéciaux pour les petits revenus, par exemple pour l’électricité, le téléphone… Et puis, ma famille a toujours été là en cas de souci. J’arrivais à faire plus d’économies qu’avant ! Ensuite, j’ai fait une formation en alternance, donc j’avais un « vrai » salaire, le Smic. »
Être maman lorsque ses camarades de promo sont seulement étudiants, cela créé t-il un décalage ou une frustration ? Comment profiter de sa vie de jeune fille qui a aussi envie de faire la fête ? « Tout au début, je sortais assez, ma mère étant très présente. Ensuite, lorsque l’on passait des soirées chez des amis, Lenny était installé dans une chambre à part. En fait, ce que je ne pouvais plus faire, c’était les sorties à l’improviste ou des vacances, cela me frustrait parfois. Mais sinon, j’essayais toujours de m’organiser, cela m’arrivait tout de même d’aller en discothèque ! »
Gérer la fatigue d’une vie aussi trépidante n’est pas toujours simple.
« J’étais surtout fatiguée lors de mes périodes de stages ; en effet, je travaillais, j’avais les cours et le petit. Pendant neuf mois, j’ai même eu des cours du soir dans une prépa. Mais je n’avais pas cours tous les jours, et pouvais profiter davantage de lui, être parfois présente à 16h30. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Je dois prendre des congés, et je viens de négocier un 90 % pour le mercredi. Et puis à la fac, nous sommes chanceux, nous avons toutes les vacances scolaires, ce qui est très pratique lorsque l’on a un enfant. Franchement, c’était une bonne période. Mon gros ventre et moi, puis mon fils, étions les coqueluches de la promo ! »
Élodie n’échangerait toutes ces expériences pour rien au monde.
« Je serais prête à recommencer. Et puis, dans ma tête, si je dois avoir un autre enfant c ‘est avant 30 ans ! J’adore le fait d’avoir cette proximité avec mon enfant, cette jeunesse tout en étant maman. C’est une relation enrichissante. »
Élodie a-t-elle un conseil à donner aux mamans ou futures mamans étudiants ? « Mon conseil : s’écouter, persévérer, y croire et essayer, avant de dire que c’est impossible… Et ainsi, on se rend compte, que c’est largement faisable. Pour moi, avoir un bébé ne peut être qu’une source de motivation, surtout lorsque l’on est étudiant. On veut réussir pour lui ! »