Oui, les papas aussi peuvent souffrir de dépression postnatale !

La naissance d’un bébé est la plus joyeuse des expériences pour de nombreux parents : que de sourires, de câlins et de photos avec un beau filtre sépia. Mais pour certains, adopter le rôle de parent, et donc accepter la part d’inconnu qui chamboule tout, entraîne l’apparition de dépression postnatale.

Nous savons parfaitement que les mamans risquent de développer ce trouble mental, mais vous pourriez être surpris d’apprendre qu’il peut également toucher les papas.

Une recherche récente a constaté qu’un homme sur dix souffrait de dépression suite à la naissance de leur bébé. Certains experts considèrent que ce chiffre pourrait même être supérieur, sachant que les hommes sont davantage susceptibles de rester discrets à propos de leurs symptômes.

En effet, les hommes qui admettent souffrir de dépression postnatale risquent d’être victime de moqueries et de doutes, car la dépression postnatale n’est pas « supposée » concerner les hommes. Du coup, les hommes ont des difficultés à faire reconnaître leur problème.

Le problème est également dû à une faible sensibilisation et à la difficulté de repérer les signes et les symptômes associés à la maladie. Mais, il s’agit surtout probablement de la réticence des hommes à admettre qu’ils ont un problème, par peur d’être la victime de moqueries et à cause du soi-disant besoin de se « comporter comme un homme ».

Beaucoup supposent également que la dépression postnatale est un trouble hormonal et que, par conséquent, les hommes ne devraient pas être touchés ; mais les hormones ne sont pas toujours en cause chez les femmes non plus.

D’après l’organisation caritative NCT, on ne sait pas exactement pourquoi certains papas sont atteints et pas d’autres, comme dans le cas des mamans. La dépression est souvent entraînée par des évènements émotionnels et stressants, et avoir un bébé entre parfaitement dans la catégorie.

De nombreux éléments peuvent influencer le bien-être mental d’un jeune papa, comme la pression de devenir père et d’être financièrement plus responsable, la transformation des relations et du mode de vie, sans oublier le manque de sommeil et les tâches plus importantes à la maison.

Avoir des antécédents de problèmes mentaux, être présent lors d’un accouchement compliqué ou voir un partenaire atteint de dépression y jouent également pour beaucoup. Des recherches de la NCT montrent que près de trois quart (73 %) des papas s’inquiètent à propos de la santé mentale de leur partenaire.

Les symptômes pour les hommes qui souffrent de dépression postnatale sont similaires à ceux des femmes, et incluent l’impression ne pas parvenir à faire face, la sensation de ne pas être à la hauteur et de ne pas créer de lien avec le bébé, des problèmes de concentration et de prise de décisions, et parfois une absence de plaisir et d’intérêt vis-à-vis du bébé.

Certains hommes souffrent également de peurs obsessionnelles et de pensées suicidaires dans certains cas extrêmes.

Mark Williams fait partie de ces papas. Il a souffert de dépression postnatale pendant près de sept ans suite à la naissance de son fils en 2004.

Mark a vécu sa toute première crise de panique juste après l’accouchement.

« Tout a commencé quand j’ai vu Michelle et le bébé dans la salle de travail, convaincu qu’ils allaient mourir. C’est là que j’ai eu une crise de panique », confie-t-il à Yahoo Style.

Peu de temps après, sa femme a développé une dépression postnatale sévère, ce qui, d’après lui, a eu un impact sur sa propre santé mentale.

Mark a commencé à souffrir d’une dépression sévère, ayant du mal à faire face à la pression de prendre soin de sa femme et de son bébé, parallèlement à ses responsabilités financières.

« La dépression postnatale de Michelle a eu un impact sur moi, car je prenais soin d’elle après avoir quitté mon travail. Je m’inquiétais à propos de l’argent et d’un prêt immobilier à payer, totalement isolé sans savoir quand tout ça s’arrêterait. C’était la première fois que je souffrais de dépression. Je voulais simplement que Michelle aille mieux et je ne m’inquiétais plus de moi-même à cette époque », confie-t-il.

La dépression a même poussé Mark à penser au suicide.

« Je n’ai jamais rien prévu de précis, mais je me sentais tellement mal », continue-t-il. « C’était comme du brouillard autour de mon cerveau, et je n’arrivais pas à mettre mon esprit sur pause. Le pire moment de ma vie. Même sortir du lit relevait du défi ».

Mark a fini par souffrir d’une dépression nerveuse après des années de souffrance, l’obligeant à solliciter de l’aide. Il considère que la thérapie cognitivo-comportementale (CBT: Cognitive Behavioural Therapy), le fitness et certaines techniques de renforcement positif, comme la pleine conscience, lui ont permis de retrouver la santé.

En 2011, Mark a fondé Fathers Reaching Out afin de sensibiliser les autres aux problèmes de santé mentale postnataux et encourager un meilleur soutien pour les jeunes papas, ce qui lui a également permis de renforcer sa propre guérison.

Il souhaite maintenant encourager tous les papas qui souffrent à solliciter de l’aide dès que possible.

« Mettez un frein à cela le plus tôt possible afin de guérir rapidement et d’avoir plus de temps pour profiter du reste de votre vie », confie-t-il.

Il considère également que les mamans et les papas devraient recevoir du soutien, surtout si l’un a des antécédents de dépression ou d’anxiété.

« Parfois, seul le père rencontre des difficultés, ce qui peut avoir un impact sur la santé mentale de la mère, et, sans soutien, détruire la relation et briser le lien qu’ils ont avec le bébé », explique-t-il.

« Une prévention rapide permet d’économiser de l’argent, mais surtout de sauver des vies. Tellement de pères reçoivent un diagnostic de dépression alors que la source du problème survient au cours des 12 mois suivant la naissance, indiquant qu’il s’agit de dépression postnatale », poursuit-t-il.

« Il est important d’adopter une approche holistique vis-à-vis des soins de santé mentale postnatale. La dépression chez les hommes et chez les femmes se manifeste parfois différemment, et nous devons régler cette question afin que le problème soit repéré plus rapidement ».

La NCT confie qu’il est essentiel que les hommes soient soutenus et encouragés à parler de leurs expériences, qu’ils en discutent auprès de leur partenaire, de leur famille, de leurs amis ou de leur médecin.

« Nous reconnaissons l’énorme impact d’une naissance sur les papas et les mamans », confie Dr Sarah McMullen, directrice de recherche, NCT.

« Les problèmes de santé mentale postnatale peuvent toucher les hommes et les femmes, il est donc crucial de sensibiliser la population au sujet des inquiétudes et des questions précises que les futurs ou jeunes papas peuvent avoir. Les papas ont souvent du mal à évoquer leurs sentiments, mais nous les encourageons à le faire et à solliciter l’aide dont ils ont besoin ».

La NCT offre les recommandations suivantes afin de soutenir le bien-être mental de tous les papas :

• Partagez vos sentiments avec des gens de confiance. Il peut s’agir de votre famille ou de vos amis, d’un professionnel de la santé ou d’un conseiller.

• Prenez le temps de poursuivre vos hobbies, vos séances d’exercices, vos sorties entre amis ; même une petite heure peut faire toute la différence.

• Faites de l’exercice tous les jours, allez vous balader avec la poussette ou allez nager. L’exercice peut avoir un impact positif sur l’humeur et la sensation de bien-être.

• De nombreux jeunes parents peuvent souffrir de sautes d’humeur ou se sentir démotivés, mais ces sentiments d’anxiété ou de mauvaise humeur persistent parfois. Il est alors recommandé de solliciter l’aide d’un médecin si vous vous inquiétez à propos de votre santé mentale ou de celle de votre partenaire, car un professionnel sera en mesure de proposer des solutions.

Marie Claire Dorking

Yahoo Style UK