Avec #OuiJaiAvorté, le magazine "Causette" ouvre la prise de parole sur l'IVG
Treize personnalités, parmi lesquelles Barbara Pravi, Laurence Rossignol, Lauren Bastide ou Clémentine Autain, "brisent le silence" autour de l'IVG.
IVG - “Oui, j’ai avorté.” Ces quelques petits mots qui veulent dire beaucoup se retrouvent ce mercredi 24 novembre à la Une du magazine féministe Causette et sous la forme d’un hashtag sur Twitter qui invite les femmes à prendre la parole sur l’avortement. Une prise de parole entamée avec force dans ce dossier spécial, car treize personnalités, parmi lesquelles Laurence Rossignol, Barbara Pravi, Valérie Damidot, Ana Mouglalis ou encore Lauren Bastide y ont choisi de “briser le silence”.
“Vous qui avez pratiqué une IVG, si vous y réfléchissez bien, en avez-vous déjà parlé librement avec vos ami.e.s ? Avec votre partenaire ? Votre famille ? (...) Probablement pas”, écrit la rédactrice en chef du magazine, Sarah Gandillot, dans l’éditorial du dossier. “C’est un tort de notre part. Car il n’y a pas de honte à avorter. Pas de raison de garder cette information secrète. Nous ne sommes pas fautives quand nous devons y avoir recours”, poursuit-elle.
Dans le @CausetteLeMag demain en kiosques, un important dossier sur la silenciation autour de l'acte d'IVG avec 13 personnalités qui déclarent (encore nécessaire en 2021!) avoir avorté. L'édito de👑@sarahgandillot👇explique pourquoi nous lançons avec @leplanning#OuiJaiAvorté 1/2 pic.twitter.com/geRlCxlhEs
— Anna Cuxac (@AnnaCuxac) November 23, 2021
Sorti ce même jour au cinéma, le film L’Événement, adapté du roman autobiographique d’Annie Ernaux, a été un élément déclencheur de la réalisation du dossier de Causette. Le film aborde en effet la problématique des avortements clandestins dans les années 1960, ainsi que d’autres thématiques comme la liberté des femmes à disposer de leur corps ou la volonté de s’affranchir du déterminisme social. Autre élément: l’allongement du délai d’interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines, qui n’a pas encore été acté, ce que regrette Causette.
“Le sujet reste tabou”
En partenariat avec le Planning familial, Causette a donc “invité des femmes publiques à prendre la parole pour nous livrer leur expérience”. “Nous avons eu du mal à les trouver, celles qui auraient le courage de parler à visage découvert. Preuve que le sujet reste tabou”, avance le mensuel dans son dossier.
Dans la foulée de l’annonce de la sortie du numéro de décembre, la rédactrice en chef du site de Causette, Anna Cuxac, a elle-même raconté un bout de son histoire. ‘Me concernant, le silence a pris la forme de sélectionner les amis à qui en parler, notamment je crois parce que si j’étais complètement ok avec le fait d’avoir avorté, j’avais honte de l’échec de ma contraception à 23 ans”, écrit-elle sur Twitter.
Donc, #OuiJaiAvorté. Me concernant, le silence a pris la forme de sélectionner les amis à qui en parler, notamment je crois parce que si j'étais complètement ok avec le fait d'avoir avorté, j'avais honte de l'échec de ma contraception à 23 ans.
— Anna Cuxac (@AnnaCuxac) November 23, 2021
Même si, pour l’instant, seules quelques dizaines de tweets ont été publiées à la suite du lancement de ce hashtag, il a déjà permis à quelques femmes de rompre le silence autour de l’avortement qu’elles ont vécu.
#OuiJaiAvorté, et je n'ai pas à en avoir honte.
Pour rappel chaque année en France environ 220 000 IVG sont réalisées. Près des 3/4 concernent des femmes sous contraception. Une femme sur 3 y aura recours dans sa vie. https://t.co/fVZ0NS5Sx8— Ξug· (@eugbzh) November 23, 2021
#OuiJaiAvorté merci #Causette pour ces beaux témoignages qui font du bien. Les femmes passent beaucoup de temps à parler de leurs accouchements, ce qui n'est pas un problème, mais on devrait aussi se parler de nos ivg. C'est au moins aussi nécessaire ! pic.twitter.com/nLHniThcYA
— Carole Chotil-Rosa (@carolchotilrosa) November 23, 2021
#OuiJaiAvorté et je n'en ai jamais eu honte. Je n'ai jamais compris la gène de certaines personnes parce ce que j'en parle facilement, sans regret ni remords
— Alexia Maurin (@AlexMaurin) November 24, 2021
#OuiJaiAvorté à Madrid en 98, ça m'a coûté le prix d'un loyer et mon mec de l'époque n'a participé en rien, ni accompagnement ni aide financière. Ni honte ni regret! Tout mon appui à celles qui sont dans cette situation aujourd'hui 💜💚
— Monica Green (@maelledecoucy) November 24, 2021
La députée de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, qui témoigne dans Causette, a également pris la parole sur le réseau social, assurant que “l’IVG doit cesser d’être un tabou”.
L'IVG doit cesser d'être un tabou. Alors qu'une bataille parlementaire s'engage la semaine prochaine pour assurer et étendre ce droit à disposer de son corps, j'ai contribué à ce numéro de @CausetteLeMag en témoignant : #OuiJaiAvortépic.twitter.com/HiEAPihC41
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) November 24, 2021
Son témoignage sans détour, racontant l’avortement subi alors qu’elle était étudiante, à 18 ans, rejoint celui des douze autres femmes qui ont accepté de prendre ouvertement la parole, à l’heure où l’IVG continue à faire débat aux quatre coins du monde. En septembre, l’État du Texas, aux États-Unis, a ainsi tenté de faire passer une loi interdisant quasiment tout avortement. Une privation de droit jugée “choquante” par un juge fédéral, qui a suspendu la loi en octobre.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.
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