<p>Chronique «C'est la vie»</p> - Quand les hommes se cherchent un style

De Marseille à Lille en passant par Neuilly-Auteuil-Passy, les hommes s’interrogent sur leur look.

On sentait pointer la tendance : de leur look, les millennials en font une affaire existentielle. L’essence de mon style précède-t-elle mon existence dans le monde ? Telle serait leur question en admettant que Jean-Paul Sartre – ses pantalons à pinces ? – soit un modèle. Avec ses lunettes rondes aux montures épaisses portées au Café de Flore face à l’élégantissime Simone de Beauvoir qui ne faisait jamais une faute de goût, il est clair que le philosophe germanopratin osait le décalage. Justement, en costume et cravate fine ou en « canadienne » – ce terme si rétro ! on dit parka, maintenant –, eh bien, cet intellectuel moche comme un pou avait de l’allure.

L’allure, tout est là. C’est un style bien à soi, une façon d’habiter sa tenue, d’associer les couleurs, les lignes, de ne pas suivre la mode. Et franchement, ça ne s’acquiert pas dans les blogs. C’est un vécu esthétique, une expérience du bien-aller, un sens des proportions, une connaissance des matières, et surtout une intime perception de soi : posture, défauts, dissymétries. Voilà pourquoi les « vieux » ont une longueur d’avance. Sur YouTube, les blogs explosent. Ils conseillent et rassurent sur la meilleure façon d’être élégant sans affectation, soigné sans faire « précieux », de mettre une cravate ou pas, de choisir un imprimé, quelles chaussures porter avec un jean clair ; sans parler du vintage, du casse-tête de la coiffure… Et, je vous le donne en mille : le plus populaire de ces conseillers, Hugo Jacomet, à l’aube de la soixantaine, a les cheveux blancs, mi-longs, une garde-robe sur mesure déployée dans ses blogs franco-anglais, « Parisian Gentleman » et « Discussions sartoriales ». « Sartorial » ? C’est un anglicisme qui se rapporte à l’art du métier(...)


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