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"La paix, pas la guerre" : des milliers de personnes disent "non" à l'Otan à Madrid

Dans cette église d'un quartier populaire de Madrid, un groupe d'habitant se prépare à manifester contre le sommet de l'OTAN, qui se tient à partir de mardi dans la capitale espagnole. Les gens d'ici subissent de plein fouet les lourdes conséquences de la guerre en Ukraine, comme la hausse des prix de la nourriture et de l'énergie.

Pour eux, demander la paix est plus qu'une posture morale. Ils estiment par ailleurs que l'OTAN est co-responsable de la situation, comme l'explique Manuel Pardo, porte-parole des plateformes espagnoles ANTI-OTAN : "Ce que nous appelons la guerre d'Ukraine n'est pas une guerre entre la Russie et l'Ukraine, c'est une guerre entre l'Otan et la Russie".

La gauche radicale espagnole est traditionnellement opposée à l'OTAN. À l'époque soviétique, ses membres voyaient l'alliance comme le bras armé de l'impérialisme américain. Certains estiment encore que l'OTAN est un instrument pour faire avancer l'agenda des États-Unis dans le monde. "Lorsque l'URSS a disparu, ce qui s'est passé, c'est que l'OTAN, elle, n'a pas disparue, rappelle Manuel Pardo. En fait, elle a profité du fait qu'il n'y avait pas de contre-pouvoir pour se renforcer en tant qu'outil d'intervention."

Le jour de la manifestation dimanche, plusieurs milliers de personnes étaient présentes, 30 000 selon les organisateurs, 2200 selon la police.

Un long cortège constitué de convois regroupant des militants de gauche, anticapitalistes, altermondialistes, écologistes, féministes, communistes ou encore les mouvements comme "Fridays for Future" et "Extinction Rébellion" a défilé dans le calme et sous importante escorte policière.

"Pas de guerre entre les peuples"

Sur les pancartes, on pouvait lire : "Faites la paix, pas la guerre", "Assez de dépenses militaires, donnez aux écoles et aux hôpitaux" à côté d'une image d'une femme pleurant tirée du tableau de Pablo Picasso, Guernica, l'une des toiles les plus célèbres au monde, devenue un plaidoyer contre la guerre. D'autres encore clamaient "nous ne payons pas pour vos guerres" ou "Dissolution des armées, Décroissance, Pas de guerre entre les peuples, Pas de paix entre les classes (sociales)".

"Bien sûr que nous sommes opposés à Poutine, et c'est un message central. Mais nous pensons aussi que la réponse à Poutine ne peut pas être la militarisation de nos sociétés", explique Paula Andrea Polanco, l'une des manifestantes.

Il n'y avait aucun membre de la gauche radicale, membre de la coalition gouvernementale, à l'exception du communiste Enrique Santiago, le secrétaire d'Etat à l'Agenda 2030 (chargé de la mise en oeuvre des objectifs de développement durable), les autres ministres et figures de Podemos préférant faire profil bas à deux jours du sommet.

Les détracteurs de la manifestation estiment que mettre l'accent sur l'OTAN détourne l'attention du vrai problème, à savoir la souffrance du peuple ukrainien causée par une invasion russe injustifiée. Et alors que les dirigeants mondiaux vont arriver à Madrid, cette manifestation n'est certainement pas l'image que l'Espagne aimerait projeter. Le gouvernement insiste d'ailleurs sur le fait que 80% des Espagnols soutiennent l'OTAN.