Pauvreté : Que contient le « pacte des solidarités » de Borne pour la période 2023-2027 ?

Service public de la petite enfance, solidarité à la source, « plein emploi »... Les réponses du gouvernement à la pauvreté.

Elisabeth Borne présente le plan de lutte contre la pauvreté, à Matignon le 18 septembre 2023

POLITIQUE - C’est un plan très attendu à l’heure de l’inflation record et de l’inquiétude des associations qui luttent contre la pauvreté. Ce lundi 18 septembre, à 16 heures, la Première ministre Élisabeth Borne a dévoilé le contenu de son « Pacte des Solidarités » sur la période 2023-2027 devant une quinzaine de fédérations.

« Ce plan vise à apporter des réponses aux Français dans la précarité avec une augmentation de 50 % des crédits de lutte contre la pauvreté », a déclaré Élisabeth Borne dans un discours introductif diffusé sur les réseaux sociaux. Le précédent plan sur la période 2018-2022, jugé en demi-teinte, était chiffré à 8,5 milliards d’euros.

La solidarité à la source pour lutter contre le non-recours

Pour lutter contre la grande pauvreté, le gouvernement assure vouloir rendre le système « plus simple, plus juste et plus incitatif », avec par exemple la demande de RSA préremplie et la lutte contre le non-recours grâce à la « solidarité à la source », qui inscrira systématiquement les bénéficiaires. « Il y aura toujours du non-recours, donc nous voulons ’aller vers’ pour franchir ce dernier kilomètre de la solidarité à la source », fait-on savoir en coulisses.

En introduction, la Première ministre a eu une attention particulière pour les retraités modestes en rappelant que « 1.7 million de petites retraites seront valorisées dès ce mois-ci avec 600 euros de plus par an en moyenne ». Élisabeth Borne mise aussi sur la conférence sociale prévue en octobre pour compléter ce plan.

Pas de nouvelle hausse des minima sociaux, jugée « totémique »

C’est l’une des demandes principales des fédérations qui luttent contre la pauvreté : l’augmentation des minima sociaux. Une mesure jugée « totémique » par le gouvernement, qui préfère insister sur les autres moyens mis en place pour aider au pouvoir d’achat des plus modestes, comme les dispositifs « cantine à 1 euro », le petit-déjeuner gratuit à l’école ou le repas Crous à 1 euro pour les étudiants qui continueront à être déployés, car « ils ont fait leurs preuves ».

« Nous avons revalorisé les prestations sociales », s’est défendue Élisabeth Borne, faisant référence à la loi sur le pouvoir d’achat de 2022 et les faibles revalorisations du mois d’avril, pour un total de 5,6 % d’augmentation, selon l’exécutif.

Élisabeth Borne promet par ailleurs 12 000 places en logement étudiant Crous d’ici 2027, et une aide exceptionnelle pour les associations d’aide alimentaire de 80 millions d’euros sur quatre ans issus de crédits européens. De quoi faire suite aux annonces d’Aurore Bergé, ministre des Solidarités, au début du mois après le cri d’alarme des Restos du Cœur.

Le gouvernement mise sur le travail pour réduire la pauvreté et la Première ministre s’est félicitée des « 2 millions d’emplois créés » et de la « baisse des bénéficiaires du RSA », tout en voulant agir sur les inégalités afin de sortir de la pauvreté quand « un tiers des enfants nés dans les 20 % de familles les plus modestes n’arrivent pas à en sortir ».

9,2 millions de pauvres en France selon l’Insee

Un service public de la petite enfance doit voir le jour en 2024. Sur ce volet, le gouvernement promet la création d’un fonds d’innovation, notamment pour adapter les modes de garde aux situations spécifiques des parents, à commencer par les mamans solos, afin de répondre « aux familles modestes en difficulté qui ont besoin d’horaires atypiques », promet-on.

Le pass colo, déjà annoncé par la ministre des Solidarités, Aurore Bergé sera mis en place pour les enfants de 10 et 11 ans, avant l’entrée en 6e et pour les familles au revenu inférieur à 4000 euros. Le chèque énergie, envoyé automatiquement aux familles modestes d’une valeur qui oscille entre 147 et 277 euros doit être revalorisé, selon les entourages de la Première ministre et de la ministre des Solidarités. Un plan spécifique pour les Outre-Mer où la pauvreté est jusqu’à 15 % supérieure au reste du territoire sera présenté.

Les derniers baromètres sont alarmants sur l’état de la pauvreté en France, alors qu’un tiers des Français a des difficultés pour se nourrir, selon le Secours Populaire en 2023. La pauvreté touche 9,2 millions de personnes, soit près de 15 % de la population française selon l’Insee. Plus d’une personne sur 10 rogne sur le chauffage, l’alimentation, divers produits et services.

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