Pour un Plan Urgence Nationale Eau
POLITIQUE - Les années se suivent et se ressemblent. La France, l’évidence est là, doit elle aussi faire face à la raréfaction de ses ressources en eau.
Le réchauffement climatique ne permet plus le rechargement hivernal des nappes phréatiques, l’évapotranspiration réduit les volumes d’eau disponibles dans nos fleuves et rivières en période d’étiage à des niveaux de plus en plus préoccupants. Pour la 3ème année consécutive, les chutes dites du Saut du Doubs, dans une région pourtant jusque-là jamais touchée par le stress hydrique, ne coulent plus.
La reproduction, voire l’aggravation de ces phénomènes climatiques est désormais une certitude.
Partout, les situations de crise sont constatées, conduisant à des restrictions d’usage de l’eau, à l’alimentation d’un nombre croissant de communes par camions citernes, au dépérissement irrémédiable de certaines cultures et de forêts entières, dont les arbres ne résistent plus à l’aridité des sols.
Un plan d’Urgence Nationale Eau s’impose. Sa préparation et sa discussion entre les parties prenantes est une nécessité absolue. Il doit permettre, sur une période de moins de 20 ans, d’ici 2040, de garantir la protection de ce patrimoine commun de la Nation qu’est l’eau.
Un plan d’Urgence Nationale Eau s’impose. Sa préparation et sa discussion entre les parties prenantes est une nécessité absolue.
Comment ? 4 principales mesures s’imposent :
Rénover les réseaux d’eau potable et eaux usées, car il devient indécent et coupable, dans le contexte qui est le nôtre, de laisser 1 milliard de mètres cubes d’eau (2 litres sur 10) par an ne pas parvenir au robinet de l’usager, parce que les canalisations fuient. Il faut viser l’objectif de diviser par deux le taux de perte sur réseau d’ici à 2030. Comment faire ? La multiplicité des maîtres d’ouvrage, sur tout le territoire, fruit d’une histoire de l’intercommunalité à la française faite d’éparpillement et de la multiplicité de pouvoirs locaux, a jusque-là empêché un rythme de renouvellement satisfaisant. Un syndicat-pilote par département ou le département lui-même doit être investi de la mission, avec le soutien des services de l’État, de lancer, sous une forme à définir, qui peut être le PPP ou un autre mode de commande publique, un programme de renouvellement accéléré. Les recettes de vente de l’eau jusque-là perdue contribueront au financement du coût de ces partenariats public-privé ou d’autres contrats publics. À cet effort de renouvellement devra s’ajouter l’interconnexion des grands équipements de production d’eau potable entre eux, territoire par territoire, pour, en cas de stress hydrique, pouvoir mettre en œuvre une gestion de crise prémunissant contre toute rupture d’alimentation.
Lancer un programme national de réutilisation des anciennes carrières en fin d’exploitation pour en faire des réservoirs d’eau brute indispensables à la sécurisation de l’alimentation en eau des populations et de notre agriculture, à l’exemple du programme Jourdain entrepris en Vendée. Leur connexion à des STEP (Station d’épuration des eaux usées, NDLR) en vue de les charger en eaux usées recyclées à l’effet d’éviter toute ponction significative dans les nappes phréatiques sera chaque fois que cela est possible, réalisé. Par ailleurs, créer des réserves permettant un usage partagé de l’eau et le soutien d’étiage.
Faire de la réutilisation des eaux usées traitées une priorité nationale de la politique de l’eau. Il faut lever une bonne fois pour toutes l’interdit sanitaire qui refrène les initiatives locales depuis des années. L’usage agricole est attendu pour soulager les nappes mais aussi l’arrosage d’espaces verts publics et de voirie ne peut plus décemment être réalisé avec de l’eau potable.
Faire participer les grandes catégories d’usagers de l’eau (profession agricole, producteurs d’énergie, industriels, et bien sûr les particuliers) eux-mêmes à l’étude puis mise en œuvre des mesures de maîtrise de la consommation d’eau et au recours aux technologies permettant la réduction de celle-ci. Des mesures simples, telles que la généralisation des réservoirs de collecte des eaux de toiture, sont attendues et doivent être favorisées.
2023 doit être l’année durant laquelle pourrait être porté puis mis en œuvre le Plan Urgence Nationale Eau. L’urgence est là car il y aura une vie sans pétrole mais il n’y aura pas de vie sans eau.
Cette tribune est cosignée par une soixantaie d’élus, députés, sénateurs, maires et présidents de conseils départemantaux. La liste complète est accessible ci-dessous.
Premiers signataires
Sophie Auconie, ancienne co-Présidente du Cercle français de l’eau et ancienne Députée de l’Indre-et-Loire
Pascal Coste, Président du Conseil départemental de la Corrèze
André Flajolet, Maire de Saint-Venant et Vice-Président de l’Office français de la biodiversité
Alain Leboeuf, Président du Conseil départemental de la Vendée
Jean-François Longeot, Sénateur du Doubs, Président de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable
Jean-Baptiste Moreau, ancien Député de la Creuse et spécialiste des questions agricoles
Daphné Ract-Madoux, Sénatrice de l’Essonne
Germinal Peiro, Président du Conseil départemental de Dordogne et Président d’EPIDOR, Établissement Public Interdépartemental de Dordogne
Huguette Tiegna, Députée du Lot
Fabien Verdier, Maire de Châteaudun, Président du Club Convictions
Sylvie Vermeillet, Sénatrice du Jura
Autres signataires
Jean-Pierre Abelin, Député honoraire, Maire de Châtellerault et président du Grand Châtellerault
Henri Alfandari, Député d’Indre-et-Loire
Jean-Michel Arnaud, Sénateur des Hautes-Alpes
Brigitte Barèges, Maire de Montauban
Marion Bareille, Maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille
Florence Blatrix Contat, Sénatrice de l’Ain
BenoîtBordat, Député de la Côte-d’Or, membre du comité de bassin RMC
Guy Bricout, Député du Nord
Danielle Brulebois, Députée du Jura
Stéphane Buchou, Député de la Vendée
Bernard Buis, Sénateur de la Drôme
Jérôme Buisson, Député de l’Ain
Laurent Burgoa, Sénateur du Gard
Paul Christophe, Député du Nord
RogerChudeau, Député du Loir-et-Cher
OlivierCigolotti, Sénateur de la Haute-Loire
Laurent Croizier, Député du Doubs, Conseiller municipal de Besançon
Nathalie Delattre, Sénatrice de la Gironde, Vice-Présidente du Sénat
Brigitte Dévésa, Sénatrice des Bouches-du-Rhône
Philippe Dupouy, Président du Conseil départemental du Gers
Virginie Duby-Muller, Députée de la Haute-Savoie
Alain Duffourg, Sénateur du Gers
François Férat, Sénateur de la Marne
Bernard Fialaire, Sénateur du Rhône
Nicolas Forissier, Député de l’Indre
Olivier Gaillard, Vice-Président du Conseil département du Gard, Maire de Sauve
Maud Gatel, Députée de Paris
Eric Gold, Sénateur du Puy-de-Dôme
Justine Gruet, Députée du Jura
Jérôme Guedj, Député de l’Essonne
Jocelyne Guidez, Sénatrice de l’Essonne
Loïc Hervé, Sénateur de la Haute-Savoie
AnnickJacquemet, Sénatrice du Doubs
Else Joseph, Sénatrice des Ardenne
Pierre Laurent, Sénateur de Paris, Vice-Président du Sénat
Jean-Jacques Lozach, Sénateur de la Creuse
Emmanuel Maquet, Député de la Somme
Stéphane Mazars, Député de l’Aveyron
Pierre Médevielle, Sénateur de la Haute-Garonne
Yannick Moreau, Maire des Sables d’Olonne et président de l’Association Nationale des Élus du Littoral
Pierre Morel-à-l’Huissier, Député de Lozère
Sylviane Noël, Sénatrice de la Haute-Savoie
Christophe Plassard, Député de la Charente-Maritime
Angèle Préville, Sénatrice du Lot
Jean-Paul Prince, Sénateur du Loir-et-Cher
Jonathan Prioleaud, Maire de Bergerac
Sonia de La Provôté, Sénatrice du Calvados
Christophe Ramond, Président du Conseil départemental du Tarn
Julien Rancoule, Député de l’Aude, Conseiller municipal et communautaire de Limoux
Nicolas Ray, Député de l’Allier
Claude Riboulet, Président du Conseil départemental de l’Allier
André Santini, Président du Syndicat des Eaux d’Ile-de-France (SEDIF), Ancien Ministre, Maire d’Issy-les-Moulineaux, Vice-président de la Métropole du Grand Paris
Hervé Saulignac, Député de l’Ardèche
Philippe Sorez, Député de l’Hérault
Marie-Claude Varaillas, Sénatrice de la Dordogne
Anne-Cécile Violland, Députée de la Haute-Savoie
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