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"Pour unique soleil" : quand la fascination des fans devient malsaine et flirte avec l’illégalité

"Pour unique soleil" : Quand la fascination des fans devient malsaine et flirte avec l’illégalité

Dans le roman Pour unique soleil, le psychologue et écrivain Joseph Agostini aborde la question de la fascination que peuvent générer les stars sur leurs fans. Si cette forme d'admiration peut relever de l'amour, elle pousse parfois certaines personnes en souffrance à dépasser les limites de la légalité.

Avec la démocratisation du cinéma et surtout de la télévision, les stars ont fait leur apparition dans nos vies, directement dans nos foyers. Elles sont une inspiration parfois, une source d’envie souvent. Avec la télé-réalité et la multiplication des sources d’informations sur la vie privée des stars, via les réseaux sociaux principalement, la frontière est de plus en plus mince entre les célébrités et nous. On se sent tellement proches d’elles qu’on finit par développer des sentiments déraisonnables à leur égard. Chez certains, la fascination devient malsaine et flirte avec l’illégalité. Régulièrement, des inconnu.e.s s’infiltrent par effraction dans le domicile de leurs stars favorites ou adoptent un comportement inquiétant à leur égard. La comédienne Halle Berry mais aussi les chanteuses Lana Del Rey et Taylor Swift en ont fait les frais.

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Dans son roman Pour unique soleil, le psychologue et romancier Joseph Agostini évoque ces cas de fascinations à l’égard d’une star à travers l’histoire d’une jeune femme obsédée par Daniela Lumbroso, au point de s’éloigner de sa propre mère. Entre la jeune femme, la journaliste, son assistante et une sosie se joue alors une valse des coeurs et des âmes qui a un goût de souffrance et parfois de danger.

Pour Joseph Agostini, ce sujet de la fascination pour une star a été une évidence : "Ces amours sont souvent vécues sous le sceau du secret, voire de la honte. Quelqu'un nous fascine, suscite notre admiration la plus profonde, mais nous ne savons pas vraiment pourquoi. Cet amour est très inconscient. La rencontre véritable a le mérite de rendre les choses réalistes. Les corps existent, les êtres se parlent... Alors que dans l'admiration à sens unique, nous sommes toujours radicalement seuls face à l'autre. Il s'agit de l'amour imaginaire par excellence ! Un thème absolument captivant pour un écrivain."

"L'obsession prend ses racines dans une curiosité malsaine et un désir de ne pas respecter les limites de l'autre"

Pour lui, l’admiration peut mener à tous les excès : "Quand on idéalise l'autre, on perd la raison. Il devient l'alpha et l'oméga de notre vie. Nous lui prêtons des pensées, interprétons en permanence ses paroles et ses actes. Cela devient une sorte de prolongement narcissique de notre personnalité. Nous le "rêvons", pour ainsi dire, et sa réalité incarnée n'a que peu d'importance au fond. Alors, oui, cela peut être extrêmement dangereux si nous nous laissons dévorer par l’obsession. L'obsession prend ses racines dans une curiosité malsaine et un désir de ne pas respecter les limites de l'autre, en lui écrivant sans cesse, en allant jusqu'à le solliciter en permanence, à le traquer. Les réseaux sociaux et l'ultra-visibilité sont une fenêtre ouverte sur les vies des autres. Si l'un d'entre eux éveille une admiration folle, nous n'avons qu'à nous servir, ce qui est la porte ouverte à tous les dérapages."

"À force de se comparer, de s'identifier à une même célébrité, les personnages finissent par se ressembler à leur insu"

Si le romancier a choisi de signer une oeuvre qui est focalisée sur les rapports entre les femme, il souligne que les sentiments qu’il décrit ne sont pas uniquement leur apanage : "Le sentiment d'admiration est le moins genré qui existe. On ne sait plus très bien ce qui est féminin, ce qui est masculin quand on aime un être de cette manière. À force de se comparer, de s'identifier à une même célébrité, les personnages finissent par se ressembler à leur insu. De se désirer peut-être ! La frontière est si ténue entre les choses de l’amour."

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"Il y a une confusion entre "être" et "regarder". Voilà le risque : se méprendre et s'enfoncer dans une illusion"

Si Pour unique soleil est un roman porté par la passion des femmes qui le compose, l’écrivain admet que son personne principal pourrait être qualifié de "borderline" : "Quand elle regarde Daniela Lumbroso à la télévision, elle veut devenir cette femme. Il y a une confusion entre "être" et "regarder". Voilà le risque : se méprendre et s'enfoncer dans une illusion, jusqu'à la chute finale; si l'être adoré refuse notre adoration, s'il se révolte contre sa propre image finalement."

Et si Joseph Agostini a choisi de faire de Daniela Lumbroso le sujet de fantasme de son livre, c’est parce qu’il a lui aussi connu un sentiment de fascination à son égard : "Daniela Lumbroso a lu mon livre et l'a aimé. Je ne l'ai pas choisie par hasard. Elle a, à mon sens, un véritable intérêt littéraire. Quand j'étais très jeune, j'avais une véritable fascination pour cette femme inclassable, douce et déterminée à réaliser ses rêves d'enfance. Je crois que si je n'avais pas éprouvé une forme d'amour pour elle, je n'aurais pas pu écrire ce roman. C'est un livre sur le féminin. En l'autre et en moi-même. J'ai renoué avec un état d'enfance pour parler de ce sentiment si profond et naïf à la fois: l’admiration."

Ce roman d’amour permet d’explorer les limites de notre imaginaire, les mécanismes du fantasme, de la fascination pour l’autre… avec un regard aiguisé sur les relations entre femmes. Et de mieux comprendre, sans doute, ce qui pousse des fans à s’affranchir de la légalité pour s’approcher au plus près des stars de leurs coeurs.

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