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Pourquoi abattre un « ballon espion » est plus difficile qu’il n’y paraît

De nombreux élus américains ont réclamé que le ballon « espion » chinois, repéré dans l’espace aérien des États-Unis le 2 février, soit détruit, mais des experts expliquent que l’opération est trop dangereuse.
Reuters De nombreux élus américains ont réclamé que le ballon « espion » chinois, repéré dans l’espace aérien des États-Unis le 2 février, soit détruit, mais des experts expliquent que l’opération est trop dangereuse.

INTERNATIONAL - Pourquoi les États-Unis n’ont-ils pas abattu le « ballon espion » chinois qui flotte dans leur espace aérien ? Alors que des voix d’élus s’élèvent pour demander de détruire cet aéronef, et qu’un deuxième ballon a été repéré au-dessus de l’Amérique latine, le Pentagone a déclaré ce vendredi 3 février que des responsables américains l’avaient envisagé avant de juger l’opération trop complexe pour les avions de chasse américains et dangereuse pour les personnes au sol.

« Abattez ce ballon ! », a exhorté vendredi l’ancien président républicain Donald Trump sur le réseau social Truth Social. Miles Yu, ancien conseiller en politique chinoise de l’administration Trump, s’est lui aussi offusqué de la décision du Pentagone auprès du média américain Business Insider, estimant que les États-Unis avaient la « capacité » d’abattre le ballon, mais qu’ils n’en avaient pas « la volonté ».

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Et pourtant, même pour le système de défense antiaérien américain, l’abattage de ce type d’aéronef n’est pas chose facile, a expliqué à l’AFP William Kim, spécialiste des ballons de surveillance au centre de réflexion « Marathon Initiative » de Washington.

Pas un ballon-sonde météo habituel

Déjà, cet immense ballon blanc qui mesure trois fois la taille d’un bus, que vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous, est bien plus redoutable et sophistiqué qu’on pourrait le croire. Si son aspect ressemble à celui d’un ballon-sonde météo habituel, quelques éléments diffèrent, a fait remarquer William Kim.

Son imposante charge utile, bien visible, est constituée d’outillage électronique pour le guidage et la surveillance, ainsi que de panneaux solaires pour alimenter l’ensemble. Selon lui, ce ballon pourrait embarquer des technologies de guidage pas encore en place au sein de l’armée américaine.

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L’expert explique qu’avec les progrès de l’intelligence artificielle (IA), il est désormais possible pour un ballon de se diriger en changeant simplement d’altitude afin de parvenir à un point idoine pour trouver un vent le poussant vers la destination désirée. Avant cela, il fallait soit le diriger du sol avec un câble, « soit vous le lancez, et il va où le vent l’emporte », précise William Kim.

Ils peuvent passer inaperçu

Il possède également, selon l’expert, de multiples avantages par rapport aux satellites, qui sont de plus en plus vulnérables aux attaques terrestres et spatiales. Ces aéronefs sont aussi bien plus aptes à échapper aux radars.

« Ils sont faits en matériaux qui ne réfléchissent pas la lumière, ils ne sont pas en métal. Donc même s’ils peuvent être plutôt gros (...) les détecter sera une difficulté ». S’ils sont assez petits, les dispositifs d’espionnage et la charge utile de ces aéronefs peuvent même passer inaperçu.

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Les ballons ont enfin l’intérêt de pouvoir maintenir une position stationnaire au-dessus d’une cible à surveiller, contrairement aux satellites espions qui doivent rester en orbite.  « Ils peuvent survoler une même position pendant des mois », assure l’expert.

Une cible complexe même pour un avion de chasse

Ces ballons sont non seulement dotés d’une technologie de pointe et facilement dissimulables, mais aussi « très difficiles » à abattre, et ce même avec des avions de chasse, a expliqué Brynn Tannehill, ancienne pilote de l’aéronavale, à Business Insider.

D’abord, le ballon a été repéré à très haute altitude, à 18 km au-dessus du sol, et selon Brynn Tannehill, la plupart des systèmes d’armes antiaériens américains n’ont pas été « conçus » pour éliminer des cibles à une telle distance de la terre.

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Et même en supposant qu’un avion de chasse « comme le F-22, équipé d’un canon Gatling M61 ou de missiles, ou qu’un système de missiles de défense aérienne parvienne à toucher le ballon chinois et à l’abattre, ce qui est incertain, le risque de causer des blessures ou des décès au sol demeure », a encore précisé la pilote.

Des débris qui pourraient tuer au sol

Et les débris en question pourraient ne pas provenir uniquement du ballon. « Si vous l’abattez, il y a une pluie de débris », a poursuivi Brynn Tannehill, expliquant que si le ballon est abattu avec un canon tel que le Gatling M61, « vous allez pulvériser des balles de 20 millimètres qui vont continuer à porter sur des kilomètres et des kilomètres et qui pourraient tuer quelqu’un au sol ».

C’est pourquoi le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Patrick Ryder, a expliqué auprès de CNN que le gouvernement américain suivait la trajectoire du ballon de très près mais que l’idée de l’abattre était pour le moment écartée : « il voyage à une altitude bien supérieure au trafic aérien commercial et ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol ».

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Par ailleurs, bien que le ballon survole « un certain nombre de sites sensibles », le responsable assure qu’il ne permettra pas à la Chine d’obtenir plus d’informations qu’elle n’aurait déjà grâce à ses satellites.

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