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Pourquoi mange-t-on des crêpes à la Chandeleur, célébrée ce 2 février?

Moins d'un mois après la galette de l'Epiphanie - ou quelques jours seulement pour les amateurs qui auront fait durer le plaisir de la frangipane -, ce vendredi est porteur d'une autre promesse culinaire. En effet, ce 2 février marque la Chandeleur, un événement qu'on fête généralement en mangeant des crêpes. Tradition qui n'a rien d'arbitraire: elle est liée à la longue histoire de cette célébration chrétienne à l'ascendance païenne, à sa signification mais aussi aux pratiques populaires qui s'y sont rattachées au fil du temps.

"Lumière des nations"

La Chandeleur a quelques siècles au compteur: 17 exactement, en partant de ses premières observations à Jérusalem, comme le note le site de l'Église catholique. Son sens religieux se fixe alors: il s'agit de commémorer la présentation de Jésus au Temple. La date de la fête dérive d'ailleurs directement de la temporalité biblique. Une coutume juive voulait ainsi que les parents amènent leur nouveau-né dans ce lieu saint de Jérusalem quarante jours après qu'il est venu au monde. Quarante jours après Noël, l'addition est vite faite: le 2 février.

La présentation de Jésus au Temple par Joseph et Marie est racontée au chapitre 2 de l'Évangile de Luc. On y évoque d'abord un certain Syméon, un juif pieux auquel l'Esprit saint - expliquent les écritures - a promis qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu la "Consolation d'Israël", c'est-à-dire le Messie. Inspiré par ce même Esprit saint, Syméon se rend au Temple en même temps que le couple de Galiléens et leur enfant.

"Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant: 'Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël''", précise alors le texte.

Cierges et processions

Cet hommage au Christ comme lumière des nations éclaire déjà le nom de la célébration. "Chandeleur" vient du "candela" latin, ou "chandelle". C'est aussi la raison pour laquelle on allume les cierges le 2 février, et que le prêtre les bénit.

L'Église organise également des processions au cours de la journée. Illumination toujours, la fête se double d'une signification religieuse supplémentaire, et même ecclésiastique: le clergé catholique dédie en effet le 2 février à la célébration de la vie consacrée. Enfin, les catholiques associent la journée à la Vierge Marie.

Des crêpes qui renvoient au soleil

Tout ça, en attendant, ne nous dit rien des crêpes. Pour comprendre pourquoi on a commencé à étaler la pâte, il faut encore remonter dans le temps. Car, comme en d'autres occasions, le discours chrétien s'est d'abord glissé dans les habits laissés là par un paganisme déserté.

Ainsi, le début du mois de février correspondait à la fin de l'année selon le calendrier romain. On célébrait alors les Lupercales - censées purifier le monde -, elles-mêmes liées à une festa candelarum, ou "fête des chandelles". On dévorait aussi des galettes de céréales, comme le note la vidéo de la chaîne KTO ci-dessous, en signe de joie devant le retour du soleil.

Il faut dire qu'à compter du mois de février, le soleil sort de sa torpeur hivernal et les jours se mettent à rallonger spectaculairement. Si on ne mange plus de galettes de céréales aujourd'hui, on n'a pas rompu avec la logique qu'elles représentaient: la crêpe, ronde, dorée, renvoie au soleil.

Le souvenir des paysans et des pélerins

Autre écart avec le christianisme, la crêpe descend aussi - toujours selon le sujet de la chaîne catholique - d'une superstitution paysanne. Aux premiers jours de février, les cultivateurs accomplissaient leurs semailles d'hiver. Or, ils craignaient que s'ils n'étaient pas en mesure de cuisiner des crêpes, symboles de fécondité de la terre, le blé à venir serait de mauvaise qualité ou rare. Superstitieux mais pragmatiques, ils en profitaient du même coup pour liquider la farine de l'année écoulée.

La crêpe ne serait donc qu'un produit d'importation pour les chrétiens? Pas tout à fait: dans les dernières années du Ve siècle, le pape Gélase Ier - qui avait définitivement fait du 2 février un rendez-vous officiel pour ses ouailles - avait soin de réserver bon accueil aux pélerins venant à Rome pour célébrer la présentation de Jésus au Temple. Il les recevait, assure la tradition, avec des galettes.

Article original publié sur BFMTV.com