Présidentielle 2022: Valérie Pécresse dans le viseur de la Macronie

La candidate de LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, en meeting à Cavaillon (Vaucluse), le 6 janvier 2022 - Pascal GUYOT © 2019 AFP
La candidate de LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, en meeting à Cavaillon (Vaucluse), le 6 janvier 2022 - Pascal GUYOT © 2019 AFP

Gabriel Attal, Clément Beaune, Marlène Schiappa, Amélie de Montchalin... En ce début d'année, la Macronie semble n'avoir plus d'yeux que pour Valérie Pécresse. Officiellement: circulez, il n'y a rien à voir. Les Républicains (LR) se sont choisis une candidate début décembre et la majorité s'est bornée à en prendre acte.

Dans les faits, c'est plus compliqué. Alors que se dessinait depuis de longs mois un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, à l'image du second tour de 2017, le jeu semble désormais plus incertain. Désignée par son parti au terme d'un congrès, Valérie Pécresse apparaît depuis en deuxième ou troisième position dans les enquêtes d'opinion, créditée de quelque 16% d'intentions de vote au premier tour. Au coude-à-coude avec la candidate du Rassemblement national (RN).

"Prudence"

Une dynamique sondagière qui effraie du côté de la majorité? Ces derniers jours, les flèches décochées depuis le camp Macron visaient quasiment exclusivement Valérie Pécresse.

"M. Zemmour, Mme Le Pen, peuvent-ils être élus président de la République? Non, la seule candidate qui pourrait faire un meilleur score, c'est la candidate LR, c'est vrai", confesse le patron des sénateurs LaREM François Patriat auprès de BFMTV.com.

Même si "à titre personnel, je ne la vois pas de taille à battre Emmanuel Macron", nuance l'élu de Côte-d'Or. "Ça ne veut pas dire que je ne suis pas prudent."

Le week-end du Nouvel An, c'était autour du drapeau européen flottant sous l'arc de Triomphe à l'occasion de la présidence française de l'Union européenne que la polémique s'est amorcée. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse s'en offusquent. La majorité réplique à l'endroit spécifique de Valérie Pécresse.

"Il est aberrant de voir la droite tout mélanger et courir désespérément après les polémiques stériles de l'extrême droite", lance le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes Clément Beaune. 876450610001_6289606526001

Gims, pass vaccinal... La majorité demande des comptes

Dans la foulée, le chanteur Gims, qui avait soutenu Valérie Pécresse lors des régionales en Île-de-France, demande à ce qu'on ne lui souhaite plus une "bonne année" en avançant des raisons religieuses. Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, s'en empare et somme Valérie Pécresse "de s'expliquer sur le sens de ce soutien".

"Ça prouve que c'est la candidature qui fait peur", réplique alors sur BFMTV Othman Nasrou, vice-président LR du Conseil régional d'Île-de-France et porte-parole de Valérie Pécresse.

Dans le même temps, le vote sur le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal est examiné à l'Assemblée. Le 3 janvier au soir, les députés LR votent, à la surprise générale, une suspension de séance contre le souhait de la majorité. Le texte est finalement voté par la représentation nationale, mais pas par tous les députés LR, malgré la position de leur candidate qui disait "en responsabilité, nous ne nous opposerons pas à ce texte".

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal l'invite à "clarifier ses positions" et la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin s'interroge sur BFMTV: "Soit elle ne tient pas ses troupes (...), soit ça s'appelle de la duplicité."

Dimanche, c'était ce même Gabriel Attal qui, invité de BFM Politique, tançait vertement Valérie Pécresse, l'accusant d'avoir "organisé une saignée des effectifs des forces de l'ordre sous Nicolas Sarkozy", et d'estimer qu'elle avait "du bleu sur les mains". À noter qu'à l'époque où Valérie Pécresse était ministre du Budget, c'est un certain Jean Castex qui était secrétaire général adjoint de l'Élysée. Pas de quoi embarrasser la majorité: "Castex a fait son mea culpa", tente François Patriat.

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"Aucun candidat ne nous fait plus peur que les autres"

Dans les prises de parole aussi, il flotte comme un air d'éléments de langage parmi les députés LaREM. Dimanche, l'élu de la Vienne Sacha Houlié tance sur Twitter le "retour au Kärcher et aux charters".

Même vocable chez son homologue du Rhône Bruno Bonnell, qui, auprès de BFMTV.com, estime que la candidate "dérape": "On l'a vu avec le Kärcher, avec les charters." Une référence au vœu de Valérie Pécresse de "ressortir le Kärcher de la cave", allusion droitière à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, qui voulait "nettoyer" une cité de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) en 2005.

Néanmoins, Bruno Bonnell l'assure: "Aucun candidat ne nous fait plus peur que les autres", jure-t-il à BFMTV.com. Pas de frayeur, mais François Patriat l'admet: "Je crois inutile de disperser nos forces contre les candidats d'extrême droite."

Article original publié sur BFMTV.com