« La prescription et la présomption d'innocence ne doivent pas être des assignations au silence »

Journaliste spécialisée dans les affaires de violences sexuelles, Marine Turchi a enquêté sur les dysfonctionnements de la justice face aux révélations #MeToo. Manque de formation, manque de moyens, mais aussi manque de transparence sur les conditions du dépôt de plainte… La journaliste brosse le portrait d’un système judiciaire en crise.

Marine Turchi est journaliste au pôle « enquête » de Mediapart, spécialisée notamment dans les affaires de violences sexuelles. Elle a travaillé sur les dossiers Luc Besson ou Gérald Darmanin et a révélé au grand public le témoignage d’Adèle Haenel. Elle publie aujourd’hui « Faute de Preuves » (Éditions du Seuil), une vaste enquête sur les dysfonctionnements de la justice face aux révélations #MeToo. Un ouvrage dense qui dresse un état des lieux très complet de la situation, et ponctué de témoignages poignants de personnalités (Adèle Haenel ou Sand Van Roy) mais aussi d’anonymes. Captivant et nécessaire.

ELLE. Depuis plusieurs années, vous enquêtez sur des témoignages de violences sexuelles. Pourquoi vous pencher aujourd'hui sur le volet judiciaire de ce type d’affaires ?

Marine Turchi. À la suite de nos enquêtes, nous avons reçu à Mediapart énormément de messages de victimes de violences sexuelles et conjugales. Quasiment un millier sur les deux dernières années. Beaucoup nous renvoyaient à la question judiciaire ; on pouvait lire : « la justice a classé mon dossier » ou « a mal traité mon dossier », « j'ai été malmenée par la justice ». D'autres ne l’envisageaient même plus comme une option. Et puis évidemment, le déclencheur de ce livre fut aussi la phrase d’Adèle Haenel dans son témoignage sur notre site : « La justice nous ignore, on ignore la justice. » Depuis quatre ans, le mouvement #MeToo pose de...

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