Que se passe-t-il dans le corps lorsqu’on se retient d’aller faire pipi ?

Que se passe-t-il vraiment quand on se retient [Photo: Getty]
Que se passe-t-il vraiment quand on se retient [Photo: Getty]

Vous avez besoin d’aller faire pipi. Vous devez juste finir d’envoyer cet email. Et votre boss décide justement de vous appeler pour une réunion improvisée. Oh et vous devez également discuter du dernier épisode de votre sérié préférée avec vos collègues. Et en un clin d’œil, c’est déjà l’heure du déjeuner et vous n’êtes toujours pas allée aux toilettes.

Mais, quelles conséquences cela peut-il avoir à quelques heures près ? Eh bien, pas mal au final.

Pour comprendre tout ça, il est nécessaire de savoir comment le corps nous prévient qu’il est temps d’aller faire pipi.

“Lorsque la vessie commence à se remplir, elle vous fait parvenir un petit signal sous la forme d’une petite vague de contractions grâce aux muscles de la vessie”, explique le Dr Rick Viney, Urologue consultant aux hôpitaux BMI Edgbaston et Priory à Birmingham.

“Ce petit signal initial peut facilement être ignoré, mais les signaux deviennent de plus en plus fréquents, insistants et difficiles à ignorer au fur et à mesure que la vessie se remplie”.

Nous sommes tous passés par là ! Dr Viney confie que l’envie peut être apaisée en marchant ou en courant.

“Appliquer discrètement une petite pression dans la région peut également aider, une technique que les enfants emploient souvent de manière moins discrète”, ajoute-t-il.

Mais, notre corps nous envoie ces signaux pour une raison, et il n’est pas bon de les ignorer.

Tout d’abord, ne pas faire pipi quand vous en ressentez le besoin peut perturber le cerveau et la vessie. Et si vous vous retenez souvent, votre corps pourrait cesser de reconnaître ces signaux, entraînant ainsi de petits accidents.

En plus des messages contradictoires, il faut également prendre en compte de sérieux problèmes de santé. Attention à la fameuse infection urinaire.

“Ne pas vider la vessie à temps peut entraîner des problèmes, comme des infections”, explique Dr Viney.

“La vessie se vide par l’urètre, le tube vers le monde extérieur. Le dernier tiers de l’urètre est colonisé par des bactéries qui tentent en permanence de remonter l’urètre. À chaque fois que vous urinez, vous refaites descendre les bactéries. Un délai trop long entre deux passages aux toilettes et vous donnez l’opportunité aux bactéries colonisatrices d’atteindre la vessie”.

“Les femmes sont davantage susceptibles de souffrir d’infections car l’urètre de la femme est bien plus courte”, ajoute-t-il.

Retarder le moment peut également entraîner des problèmes plus immédiats.

“La vessie est élastique, et comme tout élément plastique, peut perdre de son élasticité sous pression”, explique Dr Viney.

“Cela signifie que la vessie devient incapable de se vider, ce qu’on appelle la rétention qui, lorsqu’elle est douloureuse, nécessite une intervention médicale d’urgence et la pose d’un cathéter”. Ah quand même !

Retarder l’inévitable est généralement parlant une mauvaise habitude, mais Dr Viney confie qu’il est parfois encouragé de ne pas se rendre aux toilettes immédiatement.

“Nous recommandons cela aux patients qui se rendent trop souvent aux toilettes. Ils ont développé de mauvaises habitudes étant enfants, et leur vessie se sent pleine lorsqu’elle ne l’est qu’à moitié”, confie-t-il.

En encourageant le patient à essayer de “se retenir”, les récepteurs d’élasticité de la vessie sont capables d’être rééquilibrés avec le temps, permettant ainsi de réhabituer la vessie à avoir un comportement plus normal.

“Mais, cela peut aller trop loin aussi. Une de mes patientes est parvenue à ‘entraîner’ sa vessie à retenir plus d’un litre. C’est pratique lorsque la file des toilettes est longue, je suppose”, ajoute-t-il.

Laissez-vous aller [Photo: Getty]
Laissez-vous aller [Photo: Getty]

Il y a également un autre risque quand on attend trop longtemps. C’est extrêmement rare, mais mérite probablement d’être mentionné : la rupture de la vessie.

D’après Howstuffworks, un rapport du British Medical Journal en 2007 a mentionné le cas de trois femmes admises dans un hôpital du West Yorkshire, se plaignant de douleurs abdominales après avoir bu des quantités excessives d’alcool.

Les médecins ont fini par découvrir que les vessies de ces femmes avaient éclaté. L’alcool augmente le risque de ce cas rare, car il augmente la quantité d’urine, tout en calmant l’envie de faire pipi.

Ajoutez un traumatisme léger, comme une chute, à ces conditions et les risques de rupture deviennent bien plus importants.

Mais avant de dire adieu à l’alcool, sachez qu’une autre étude a révélé qu’il s’agissait d’une occasion rare, et seuls 177 cas de ruptures spontanées ont été rapportés depuis 1980.

“Des vessies trop remplies éclatent rarement, et uniquement dans le cas de traumatismes importants simultanés”, précise Dr Viney.

Votre vessie ne devrait donc pas exploser, mais les problèmes de santé associés aux délais sont, eux, bien réels.

Alors, arrêtez de repousser l’inévitable et allez aux toilettes dès que vous en ressentez le besoin.

Marie Claire Dorking