« La Russie est un pays de dépressifs et un État devenu totalitaire »

À 33 ans, la cinéaste russe Marusya Syroechkovskaya n'a pratiquement connu que Vladimir Poutine comme chef du Kremlin. Quand il devient chef du gouvernement en 1999, elle n'a que 10 ans. « Je comprends que j'ai vécu la plupart de ma vie sous Poutine », s'étonne-t-elle quand on la rencontre à Cannes. Son documentaire How to Save a Dead Friend vient d'être présenté à l'Acid, une sélection parallèle qui recèle son lot de pépites. Cette année, il y a la fiction déjantée Grand Paris express de Martin Jauvat et surtout cette plongée auprès d'une jeunesse à la dérive sur fond de cold wave jouée par les Russes de Morenist ou les Anglais de Joy Division.
How to Save a Dead Friend a le charme percutant des documentaires d'exception : il est à la fois un hommage posthume de la réalisatrice à son ex-amant qui appartient à une jeunesse ravagée par la drogue et une violente critique de la Russie de Poutine. Un brûlot aux accents punk qui recense douze ans d'images, beaucoup plus trash que Leto, le délire rock de Kirill Serebrennikov, présenté en compétition officielle à Cannes en 2018.
Tout le monde sait que la Russie est un pays de dépressifs.Marusya Syroechkovskaya
Le film s'ouvre sur un plan d'immeubles maussades de la périphérie de Moscou et se poursuit par une scène d'enterrement. Celui de Kimi, l'ancien petit ami de la réalisatrice, décédé en 2016 d'une overdose. Marusya Syroechkovskaya donne le ton et glisse ce commentaire lapidaire : « Il y en a qui disent que la R [...] Lire la suite