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Réforme des retraites : que reste-t-il à négocier ?

Réforme des retraites : que reste-t-il à négocier ? (photo prise le 12 décembre 2022 à l’Elysée lors d’une réunion du CNR)
GONZALO FUENTES / AFP Réforme des retraites : que reste-t-il à négocier ? (photo prise le 12 décembre 2022 à l’Elysée lors d’une réunion du CNR)

POLITIQUE - Les parlementaires entrent en scène. La réforme des retraites d’Emmanuel Macron commence son parcours législatif par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Une sorte d’amuse-bouche, ou de bande-annonce de ce qui va se passer une semaine plus tard dans l’hémicycle, entre des oppositions remontées et une majorité inflexible sur ce projet très impopulaire.

Élisabeth Borne a donné le ton, quelques heures avant l’ouverture des débats. Elle a expliqué à franceinfo, dimanche, veille de l’arrivée du texte au Parlement, que le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, comme l’accélération de la réforme Touraine ne sont « plus négociables. » Rien de très surprenant en soi, en ce qui concerne ces deux points clefs de la reforme promise par Emmanuel Macron.

Une question apparaît alors : que reste-t-il à négocier pour les oppositions, ou les élus de la majorité rétifs à soutenir le texte ? Les marges de manœuvre existent, mais elles semblent à nouveau très minces, comme elles l’étaient lors des discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux, tous désormais opposés à la mouture défendue.

LR met l’accent sur les carrières longues

Les Républicains sont les premiers à faire monter les enchères, autour de plusieurs points centraux, sur les carrières longues ou celles des femmes. Si un accord se dessinait le 12 janvier dernier, entre les dirigeants du parti de droite et Élisabeth Borne, après une concession de cette dernière sur les petites retraites, plusieurs élus affichent clairement leur doute depuis. Or, l’exécutif a besoin des deux tiers des voix des troupes LR à l’Assemblée s’il veut faire passer son texte sans user de l’article 49.3.

Le député du Lot Aurélie Pradié plaide par exemple, de plateaux télés en studios radios, pour une dérogation aux 64 ans pour ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans. Ce « principe n’est pas négociable », a-t-il souligné, dimanche sur France 3, assurant être prêt à voter contre la réforme sinon. A-t-il le sentiment de pouvoir être entendu lors de la discussion à l’Assemblée nationale ? Pas sûr. « Je l’avais depuis quelques jours, puisque j’ai écouté la Première ministre, on nous expliquait qu’elle voulait dialoguer, qu’ils ne voulaient pas passer en force » mais « j’avoue que le petit coup de menton commence à me faire penser que, au fond, les macronistes ne changeront jamais. »

Au total, Les Républicains veulent défendre une quinzaine d’amendements au texte, selon le décompte du Monde. On y retrouve par exemple la dérogation défendue par Aurélien Pradié, une annulation de décote à 66 ans, au lieu de 67 ans, pour les femmes à partir de deux enfants, ou encore une clause de revoyure en 2027 pour évaluer les premiers effets du décalage de d’âge de départ.

Autant de points sur lesquels le gouvernement n’est pas totalement fermé. Pas autant, en tout cas, que sur la question du nouvel âge couperet. Dans la majorité, la question de la clause de revoyure est par exemple défendue par le MoDem de François Bayrou. Lui, plaide également pour une plus grande contribution des entreprises, même s’il a peu de chance d’être entendu sur ce point précis.

Emploi des séniors, carrière des femmes…

Dans son entretien à franceinfo, Élisabeth Borne a semblé - timidement - ouvrir la porte à des aménagements pour les femmes, et une meilleure prise en compte de leurs trimestres dits « maternité, éducation ». Avec la réforme, les femmes, plus exposées à des parcours hachés, seront amenées à allonger davantage leur carrière en moyenne que les hommes avec le recul de l’âge légal.

« Ce sujet des trimestres qui s’appellent maternité, éducation, dès aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein. On regarde de qui il s’agit », a ainsi expliqué la Première ministre, avant d’ajouter : « Est-ce que ce sont des petites pensions ? Est-ce que ce sont des femmes qui ont commencé à travailler tôt ? Est-ce que ce sont peut-être des personnes, comme vous et moi, pour lesquelles, quand on est dans un métier de cadres supérieurs avec une perspective d’une bonne pension. Cette analyse est en cours. »

Un autre sujet promet d’être largement débattu, tant il est contesté, au sein même de la majorité : les mesures prévues pour améliorer le taux d’emploi des seniors. La réforme prévoit la mise en place d’un « index » mesurant la donnée dans les grandes entreprises, assorti d’une sanction financière, mais seulement en cas de non-publication.

Certains députés Renaissance demandent « un mécanisme contraignant » avec des objectifs, une possibilité envisagée par le gouvernement. « On est très ouverts à des propositions sur l’incitation, la reconversion, et à regarder sans tabou des mesures coercitives pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu », a ainsi expliqué Gabriel Attal, le ministre du Budget dans un entretien au Parisien mi-janvier. Charge au gouvernement de concrétiser ces - menus - compromis.

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