Avec la réforme des retraites, ces seniors racontent leur désarroi face au chômage

EMPLOI - La salle polyvalente de Wattrelos (Nord) est pleine à craquer. Des dizaines de têtes blanches gravitent, CV en main, autour des stands tenus par des entreprises de la métropole lilloise. Ici, les recruteurs des secteurs de l’aide à la personne, de la propreté ou encore du bâtiment sont venus chercher, jeudi 26 janvier, un public particulier : les seniors de plus de 50 ans.

En France, le taux d’emploi des personnes de plus de 55 à 64 ans a tendance à augmenter ces dernières années, et s’établissait à 56 % en 2021, selon la DARES. Mais cette embellie cache des disparités. Sur la tranche d’âge 60-64 ans, ce taux descend à 35,5 %, une conséquence directe de la transition vers la retraite mais aussi de la frilosité des entreprises à embaucher ce public.

Des chiffres qui ont poussé l’association Compétences et Emplois à organiser un « job dating tour » dans toute la métropole lilloise, pour mettre en relation les seniors de plus de 50 ans avec les entreprises de la métropole à la recherche de nouveaux candidats. « En métropole lilloise, on est vraiment en décalage avec la moyenne nationale sur le taux d’emploi des 55-64 ans. S’il est à 56 % en France, ici, on n’est qu’à 44 %, » explique Céline Couderc, responsable communication de l’association.

« J’ai beaucoup de refus »

Parmi les demandeurs d’emploi rencontrés, certains voient s’ajouter à leurs soucis le report de l’âge de départ à la retraite. C’est le cas de Véréna, née en décembre 1961, et qui fait donc partie des premières concernées par ce report. « Je vais devoir cotiser trois mois supplémentaires. J’arrive en fin de droits en août, et après je n’ai plus rien », calcule-t-elle.

Après une trentaine d’années dans le milieu industriel, puis quelques années en tant qu’aide-soignante, la jeune grand-mère de 61 ans peine à retrouver du travail. Et, à l’exception de ce forum de l’emploi bien particulier, l’attitude des recruteurs est souvent difficile à avaler : « On fait clairement sentir qu’on recherche plus de dynamisme. J’ai beau dire qu’il y a encore du jus dans le citron... », regrette-t-elle.

À 59 ans, Stéphane a tout autant de mal à entamer sa reconversion professionnelle. Après un burn-out, cet habitant de la métropole lilloise tente depuis plusieurs mois de faire valoir son nouveau diplôme en CAP charcuterie. En vain, raconte-t-il au HuffPost : « J’ai beaucoup postulé, et j’ai beaucoup de refus. » Cette fois-ci, Stéphane n’est pas venu pour rien, et quitte le forum avec un entretien à la clé pour un poste de charcutier dans une grande surface.

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