Elles révolutionnent la science pour sauver la planète, rencontre avec 3 chercheuses
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Elles révolutionnent la science pour sauver la planète, rencontre avec 3 chercheuses
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Margaux Crusot : lutter contre la pollution plastique
Son parcours
« Très jeune, j’ai vécu à Vanuatu (Pacifique Sud), où je suis tombée amoureuse de l’océan. J’y ai découvert des écosystèmes marins magnifiques et j’ai rapidement su que je voulais travailler à la préservation de ce milieu. Après mon Bac scientifique, je me suis dirigée vers un BTS d’aquaculture et j’ai poursuivi mes études à l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique), avant de m’installer à Tahiti en tant qu’ingénieure aquaculture environnement. Tahiti, pour moi, c’est le paradis sur Terre. Installée là-bas depuis sept ans, je mène un doctorat sur la recherche de matériaux alternatifs au plastique dans la perliculture (la culture des huîtres perlières). »
Sa recherche : pour une activité perlicole sans plastique
« Au quotidien, je quantifie la pollution plastique liée à l’activité perlicole et je propose des solutions alternatives aux producteurs et au gouvernement. Jusqu’à présent, tout le matériel utilisé par la perliculture était constitué de plastique, une menace pour l’environnement, la biodiversité, les écosystèmes… On parle même d’« ère du plastique », qui est présent partout dans l’océan aujourd’hui. J’ai créé un collecteur de bivalves (les mollusques cultivés pour la perliculture, N.D.L.R.) 100% biodégradable, que j’aimerais développer à l’échelle mondiale. Et c’est en bonne voie : notre solution a obtenu un brevet européen en septembre ! »
Son conseil
« Foncez ! Rien n’est impossible quand on est passionné et que l’on se donne les moyens de ne jamais se fermer de portes. J’adore mon métier et surtout travailler sur le terrain, au contact de la nature et des producteurs. Je ne dois pas me contenter de montrer ce qui ne va pas, je propose aussi des solutions et des alternatives, et c’est très gratifiant ! Chercheuse mais toujours ingénieure dans l’âme, j’apprécie beaucoup de trouver des solutions concrètes, d’imaginer, et de conceptualiser. »
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Élise Verrier : comprendre le comportement des abeilles pour mieux les protéger
Son parcours
« Pendant ma licence de biologie, j’ai été fascinée par l’écologie comportementale (l’étude du comportement des animaux dans leur environnement naturel), et j’ai décidé d’y consacrer la suite de mes études. Un master et une thèse plus tard, je travaille aujourd’hui sur la mortalité hivernale des abeilles. Il y a encore énormément d’inconnu et d’incompréhension autour du comportement des insectes, et c’est fascinant à étudier ! Et c’est capital de s’y intéresser, car il y a une vraie crise de la biodiversité. Selon le premier rapport de l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques) - l’équivalent du GIEC pour la biodiversité – paru en 2019, 1.000.000 espèces sont menacées d'extinction. J’ai compris qu’il fallait agir au plus vite ! »
Sa recherche : comment préserver les abeilles
« Ces dernières décennies, il y a eu une augmentation de la mortalité hivernale des abeilles (entre 25 et 50% du cheptel d’un apiculteur chaque hiver en France). En hiver, elles ont pour habitude de se regrouper à l’intérieur de la ruche pour réguler la température, or les apiculteurs ne peuvent pas vérifier leur état en ouvrant la ruche, car le froid pourrait les tuer. Nous ne savons pas exactement comment elles se comportent à cette période, et ce qui cause cette mortalité. Donc j’essaye de le comprendre, à travers mes recherches. Avec mes collègues, nous posons des capteurs, des balances, et d’autres outils pour les observer sans les perturber. Avec mes recherches, j’espère lutter contre l’érosion des pollinisateurs, et préserver la biodiversité qui est menacée aujourd’hui. »
Son conseil
« Je ne me suis pas posé de questions quand je me suis lancée dans ce domaine car j’étais entourée de femmes, parfois mamans, qui m’ont beaucoup inspirée. Après quelques années dans ce milieu, j’ai réalisé que c’était loin d’être le cas de toutes les chercheuses… Mais nous avons besoin de tout le monde aujourd’hui. Chacun a sa propre façon d’appréhender le monde. Si la recherche n’est pas un reflet de la société, nous n’allons pas nous poser toutes les questions nécessaires pour la faire avancer dans le bon sens. Donc si la recherche vous intéresse, le plus important est votre curiosité. Ne vous laissez pas freiner par des préjugés, vos notes à l’école ou la longueur des études ! »
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Carine Estelle Koné Doufoungognon, étudier les effets de la pollution et du réchauffement climatique
Son parcours
« Originaire de la Côte d’Ivoire, j’ai été marquée par une catastrophe écologique qui a touché mon pays en 2006, pendant mes années de collège. Le Probo Koala, un bateau néerlandais, a déversé des centaines de mètres cubes de déchets toxiques pour la santé et l’environnement à Abidjan, et a même causé des morts (17 morts et des dizaines de milliers d’intoxications). Après ce drame, motivée par mon amour pour la nature, je me suis lancée en écotoxicologie pour améliorer les politiques environnementales en Côte d’Ivoire dans le futur. Arrivée en France en 2016, j’ai fait une licence de biologie puis un master en écotoxicologie et je suis aujourd’hui en fin de thèse. »
Sa recherche : aider les micro-organismes face à la pollution
« Entre expériences, manipulations, analyses de résultats, écriture d’articles scientifiques… Chaque journée ne se ressemble pas mais vise un objectif : comprendre les réactions de micro-organismes face au réchauffement climatique et à la pollution environnementale. Mes recherches, financées par l’État, sont aussi transmises au gouvernement et peuvent déclencher des prises de consciences politiques, ce qui est aussi très motivant ! Plus tard, j’aimerais beaucoup continuer dans cette voie en France, pour renforcer mes connaissances et mon expérience, pour ensuite améliorer la politique environnementale en Côte d’Ivoire. Ce sujet est encore trop mis de côté-là-bas. »
Son conseil
« Ne vous auto-censurez pas ! Femmes et hommes, nous sommes tous confrontés au changement climatique, à la pollution environnementale et ses conséquences, donc nous devons tous participer aux recherches scientifiques et aux prises de décisions politiques. Vous pouvez aussi vous inspirer des autres. Même si je n’ai pas eu de modèles féminins dans l’écologie, Odile Nacoulma, une professeure en biochimie burkinabée, m’a énormément apporté. Quand je la voyais se battre pour de nombreuses causes pour les femmes dans les médias, je n’avais qu’une motivation : lui ressembler ».
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©Clemence Losfeld
Ce sont trois femmes passionnées. Pour protéger notre planète, elles ont décidé de devenir scientifiques. Elles viennent de recevoir le Prix des Jeunes talents pour les Femmes et la Science. Rencontre.