Racisme au travail : le cas de la Suisse

Non, la Suisse n’est pas une exception : comme aux Etats-Unis, comme en France, le racisme et la xénophobie y sont bel et bien à l’œuvre, notamment sur le marché du travail. “La Suisse n’est pas fondamentalement meilleure que ses voisins en ce domaine” , écrit la journaliste Julie Eigenmann au terme d’une enquête intitulée “Racisme en Suisse, un flagrant déni”, en cours de publication sur le site Heidi News.

“Sur une idée de l’association GVA2, Heidi.news lance une grande enquête pour explorer comment la police, la justice, les écoles, les entreprises ou le marché immobilier peuvent être vecteurs de discriminations racistes et xénophobes, en Suisse aussi”, annonce le site.

Les témoignages recueillis par la journaliste sont éloquents à l’égard des discriminations qui interviennent dans le monde du travail. De celui de Daniel, employé noir dans une entreprise où il doit passer chaque matin devant un mur où sont placardées des photos de singes flanquées de légendes mentionnant son nom, à celui d’Inès El-Shikh, qui raconte :

“Lorsque mon supérieur a réalisé que je faisais ramadan, il m’a dit : ‘Puisque tu ne manges pas, tu n’as pas besoin de ta pause de midi, tu peux travailler pendant.’”

Plus de discriminations qu’en Belgique ou aux Pays-Bas

L’enquête de Julie Eigenmann s’appuie également sur plusieurs études disponibles. Par exemple celle conduite en 2019 par des chercheurs de l’Université de Neuchâtel sur la discrimination à l’embauche fondée sur la couleur de peau. Elle démontre notamment que les citoyens suisses descendants d’immigrés camerounais doivent envoyer nettement plus de dossiers de candidature que leurs homologues d’origine suisse avant d’être convoqués pour un entretien d’embauche.

Au niveau du recrutement, “si les inégalités de traitement [observées en Suisse] sont inférieures à celles documentées en France, elles sont supérieures à celles observées en Belgique et aux Pays-Bas, et très proches des chiffres américains”. La palme des discriminations subies revenant aux candidats d’origine kosovare, “qui doivent postuler 44 % de plus que les Suisses pour obtenir un entretien” – conséquence d’“un discours très stigmatisant en Suisse à l’encontre des Kosovars”.

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