Remaniement: Macron critiqué pour le démarrage poussif de son second mandat

Pour les oppositions, le temps que met le chef de l'Etat à former son équipe gouvernementale est un temps perdu sur le front de l'action.

POLITIQUE - La République en marche à l’arrêt? Trois semaines après sa victoire à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a (enfin) nommé sa nouvelle Première ministre en la personne d’Elisabeth Borne. Les deux s’attachent désormais à composer l’équipe qui va les entourer au moins jusqu’aux élections législatives.

En attendant, ils “assurent, avec les membres du gouvernement [sortant], le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau gouvernement”, selon la formule consacrée. Rien, dans les textes, ne les empêche de faire durer le suspense encore quelques heures ou quelques jours. C’est d’ailleurs une habitude pour le chef de l’Etat, “maître des horloges”... au risque de crisper les oppositions.

Plusieurs responsables de droite ou de gauche commencent à s’agacer de ces délais relativement longs, quand, à titre de comparaison, Jacques Chirac ou François Mitterrand ont fait beaucoup plus vite après leur réélection. Il n’en fallait pas plus pour commencer à nourrir un procès en impréparation ou en inaction.

Invitée de France inter ce mercredi matin, Marine Le Pen a accusé Emmanuel Macron de “ne pas s’intéresser” à la situation économique du pays et aux prix qui augmentent. “Depuis un mois, il ne s’est rien passé. Rien. Rien. On pouvait s’attendre à une loi d’urgence sur le pouvoir d’achat, rien”, a notamment déploré la candidate d’extrême droite battue à la présidentielle, comme vous pouvez le voir ci-dessous (7′30).

“Pendant que le président de la République cherchait un Premier ministre désespérément, les Français continuaient à payer le caddie de plus en plus cher, à mettre de l’essence de plus en plus cher”, a-t-elle ajouté, “et à voir leur salaires ne pas augmenter. C’est ça, la réalité de la France aujourd’hui.”

Mêmes critiques du côté de Fabien Roussel ce mercredi. Le patron des communistes, candidat à sa réélection aux élections législatives dans le Nord, liste, sur Twitter, l’augmentation des prix de l’huile, de la farine et des pâtes. Et de commenter: ”Ça fait trois semaines qu’on attend le nouveau gouvernement (...), trois semaines d’inaction pour le pouvoir d’achat des Français.”

L’ancien candidat à la présidentielle en profite pour défendre la mesure qu’il soutient, avec la NUPES, (la nouvelle union populaire écologique et sociale), à savoir le blocage des prix de première nécessité.

De l’autre côté du spectre politique, Jean-François Copé parle, pour sa part d’une “impréparation surprenante” de la part du chef de l’Etat. “Je suis très étonné de la lenteur de ce mandat depuis que Monsieur Macron à été réélu”, a ainsi lancé l’ancien ministre et patron de l’UMP ce mercredi sur LCI, en faisant valoir son “expérience” politique, lui, dit-il, qui “a connu un certain nombre de débuts de mandats.”

“Anesthésier le débat”?

“Je pensais en réalité que tout était bien préparé. Que dès le lendemain de sa réélection, on allait avoir connaissance, comme ça se fait couramment, du nom du Premier ministre, de l’équipe gouvernementale dans la foulée, un premier calendrier de travail, une feuille de route, de quoi nourrir un débat pour la campagne des législatives...”, a-t-il expliqué. “Et là, on ne voit rien du tout. Comme si on voulait encore anesthésier le débat.”

Pour Jean-François Copé, cette “lenteur” est “peut-être tactique”, mais “ce n’est pas l’intérêt de la France”, à l’heure où les électeurs doivent déterminer quelle couleur politique ils donnent à l’Assemblée nationale.

Rien de tout cela pour les fidèles du chef de l’Etat. “Je ne suis pas choqué que, dans la transition, le président prenne un peu de temps pour mettre les choses à plat”, balayait ainsi François Bayrou lundi 16 mai sur franceinfo, quelques heures avant l’annonce officielle de la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon.

“Toutes les autres démocraties dans le monde, lorsqu’il y a une élection, prennent deux mois”, a ainsi avancé le patron du MoDem, oubliant sans doute que le chef de l’Etat se succède à lui-même. De quoi rendre la “transition” habituellement plus rapide.

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