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Retraites : pour Bayrou, une "partie très importante de l'opinion ne se reconnaît pas dans la réforme"

François Bayrou sur RMC-BFMTV le 1er février 2023 - RMC
François Bayrou sur RMC-BFMTV le 1er février 2023 - RMC

Selon le haut-commissaire au Plan et patron du MoDem, "on n'a pas partagé avec les Français les raisons véritables" de ce projet de loi.

François Bayrou l'admet sans ambages: "Une partie très importante de l'opinion ne se reconnaît pas dans cette réforme" des retraites, défendue par l'exécutif. Plus précisément, 72% des Français y sont opposés, d'après le dernier sondage Elabe pour BFMTV.

Pourquoi? "On n'a pas partagé avec les Français les raisons véritables" de ce projet, estime le haut-commissaire au Plan. Pour lui, c'est avant tout une question de "justice". "L'argent pour financer les retraites, nous ne l'avons pas et c'est là que réside l'injustice majeure", déclare-t-il. Le patron du MoDem souligne, la "vérité des chiffres", avançant que "les retraites sont déficitaires de 30 milliards d'euros par an", en s'appuyant sur "un rapport au Plan".

"On fait payer les retraites par les actifs de demain"

Et de développer:

L'"argent on l'emprunte, c'est-à-dire qu'on fait payer les retraites par les actifs de demain et donc ce sont ceux qui vont rester au travail et les jeunes qui vont arriver qui auront la charge de payer ces dizaines de milliards d'euros par an".

Reste que le mot "justice", régulièrement employé par le gouvernement au départ, a perdu de sa superbe - "peut-être à tort", selon François Bayrou - dans les éléments de langage du camp présidentiel. Lequel est attaqué par les oppositions sur les "injustices" de la réforme, notamment au sujet des carrières longues et des femmes.

"Plus mauvaise manière d'engager le débat"

Le gouvernement a fait le choix de la fermeté. Quitte à ne pas faire dans la dentelle. En attestent les déclarations de Gérald Darmanin dans Le Parisien. Le ministre de l'Intérieur a accusé la Nupes de chercher à "bordéliser le pays", tout en critiquant "un gauchisme paresse et bobo" qui voudrait "une société sans travail, sans effort". "Franchement ce genre d'affrontements, c'est la plus mauvaise manière d'engager le débat", selon François Bayrou.

"Il faut éviter les vocabulaires excessifs", appuie-t-il.

Pour la suite des débats, ce dernier compte se faire entendre. "Il faut que les années de maternité ne soient pas un handicap", déclare-t-il sur BFMTV-RMC, appelant à des "éclaircissements" sur ce sujet.

Une réforme "améliorable"

Depuis que la Première ministre a dévoilé les contours de la réforme, le 10 janvier dernier, François Bayrou n'est pas totalement convaincu. "Je pense qu'elle est améliorable", avait-il jugé sur LCI dès le lendemain. Contrairement au gouvernement, le triple candidat à la présidentielle est favorable à une augmentation des cotisations des employeurs.

Depuis le début, il fait entendre sa petite musique. Avant la reprise des travaux parlementaires en octobre dernier, il avait temporisé sur le dossier des retraites. "On n'est pas aux pièces", disait-il à l'adresse du chef de l'État, qui voulait aller vite et passer éventuellement la réforme par un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

François Bayrou avait obtenu gain de cause, l'exécutif consentant à laisser davantage de place à la concertation. Reste à savoir si les modifications qu'il préconise sur la mouture présentée par le gouvernement seront suivies.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - "On peut faire fléchir le gouvernement" : à Paris, les manifestants contre la réforme des retraites croient à la réussite du mouvement