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Retraites : la gauche dénonce des violences policières et des arrestations arbitraires lors de rassemblements

Un manifestant face à la BRAV-M, le 18 mars 2023 à Paris lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites.
Un manifestant face à la BRAV-M, le 18 mars 2023 à Paris lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites.

RETRAITES - « Cette répression doit cesser », « « arrêtez le massacre »… Ce mardi 21 mars, les critiques de la gauche contre les forces de police se multiplient. Les députés de la Nupes, en particulier de la France insoumise, pointent du doigt des violences et des gardes à vue « arbitraires » après les rassemblements spontanés contre le 49.3 et l’adoption de la réforme des retraites.

Des nombreuses vidéos violentes circulent sur les réseaux sociaux. La députée LFI Raquel Garrido a par exemple partagé ce mardi 21 mars celle d’un manifestant à Paris qui reçoit une énorme gifle. L’homme s’écroule par terre et ne se relève pas.

« Un manifestant gît à terre suite à un violent coup par un policier. Gérald Darmanin et Laurent Nunez arrêtez le massacre. Prenez en urgence des nouvelles de cette personne et informez-nous de son état », implore-t-elle.

« Recours à la force totalement disproportionné ! Comportements dangereux des policiers liés aux ordres de Gérald Darmanin ! Partout dans le pays, on réprime l’expression populaire avec une débauche de moyens. Macron plonge la République dans le chaos pour sa #ReformeDesRetraites ! », a déploré la députée LFI Élisa Martin en partageant les mêmes images.

La police matraque les manifestants

« Ces personnes salissent l’uniforme et attisent la colère. Les BRAV doivent être dissoutes », a renchéri son collègue écologiste Julien Bayou, en relayant une autre vidéo de policiers qui abattent leurs matraques sur des manifestants. « Des images dignes des pires régimes autoritaires. Macron, la honte de l’Europe », a ajouté le député LFI Antoine Léaument.

« Ajouter les violences policières à la crise politique est irresponsable, Emmanuel Macron. Aux policiers : n’obéissez pas aux ordres de violence, cette colère est celle d’un peuple qui veut vivre et vous en faites partie », a fustigé sur Twitter la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Le socialiste Jérôme Guedj interpelle de son côté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

« Ce qu’il s’est passé hier soir à Paris est inacceptable. La répression qui a frappé les manifestations est inacceptable », a également réagi Manuel Bompard sur Franceinfo. Il dénonce une « pratique des arrestations abusives » et « appelle à ce qu’on soit des millions de personnes dans la rue. »

Les violences policières, recensées dans toute la France par des vidéos pas toujours authentifiables cependant, ne sont pas les seuls actes pointés du doigt. De nombreuses personnalités critiquent également les arrestations « arbitraires », qui se comptent par dizaine. Sur Twitter, une journaliste de La Provence a lancé un appel pour retrouver dit-elle une jeune femme qu’elle a filmée et qui reçoit de nombreux coups. Une séquence qui a également été beaucoup commentée.

LFI fait le tour des commissariats

Jeudi, après le déclenchement de l’article 49.3 qui a permis à l’exécutif de faire passer son texte sans vote, 292 personnes ont été placées en garde à vue à Paris. Seules 9 ont été présentées au parquet, les 283 autres procédures ont été classées sans suite, pour infraction insuffisamment caractérisée ou absence d’infraction.

Le lendemain, 60 personnes ont été placées en garde à vue : 34 procédures ont été classées, 21 ont mené à des mesures alternatives (rappel à la loi, avertissement probatoire…) et cinq à un procès. Ce mardi 21 mars, une source policière a indiqué à l’AFP que 300 personnes avaient été interpellées en France lundi, lors de rassemblements spontanés après l’adoption définitive de la réforme des retraites. Combien seront classées ?

Là encore, les élus de la Nupes sont montés au créneau. Sarah Legrain et ses collègues ont indiqué faire « le tour des commissariats parisiens où de très nombreuses personnes sont actuellement placées en garde à vue de façon arbitraire ». Et d’ajouter : « Vous n’arriverez pas à embastiller les opposants, ils sont majoritaires. Cette répression doit cesser ! »

Les commissariats sont tellement pleins que certains interpellés ont été placés dans un bus à Paris, a constaté l’insoumise Ségolène Amiot dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 mars. « C’est nous qui leur apportons de l’eau », s’indigne-t-elle dans un tweet.

Outre la gauche, des magistrats et avocats comme Me Coline Bouillon interrogée par l’AFP dénoncent ces « gardes à vue-sanctions » de personnes avec des « dossiers irréguliers », « vides en termes de preuve de culpabilité ». Le groupe d’avocats dont elle est membre entend déposer une plainte collective pour « détention arbitraire » et « entrave à la liberté de manifester ».

Dans un communiqué, le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a lui aussi dénoncé lundi ces nombreux placements en garde à vue, y voyant une « répression du mouvement social ».

La préfecture se défend

De son côté, la préfecture de police de Paris a dit que la posture des forces de l’ordre « s’adapte à la physionomie des manifestations et rassemblements ». La règle est « d’intervenir avec réactivité et fermeté pour mettre un terme à toutes les exactions et tentatives d’exactions », a-t-elle ajouté à l’AFP.

Pour sa part, Gérald Darmanin « remercie sincèrement » les policiers, pompiers et gendarmes qui se mobilisent depuis jeudi et qui « ont fait face, jusqu’à présent, à une multiplicité d’actions non déclarées (plus de 1 200) ». Dans ce communiqué publié ce mardi à la mi-journée, il précise qu’il va aller au chevet des policiers blessés à Paris.

Interrogé sur BFMTV ce mardi à la mi-journée le préfère Laurent Nunez a réfuté « toute interpellation injustifiée ». Il a également assuré avoir regardé certaines des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux pour les « analyser ». Un signalement a été fait à l’IGPN concernant la séquence sur laquelle on peut voir un homme s’écrouler après un coup de poing d’un officier.

D’autres consignes ont-elles été passées pour interpeller massivement ? « Non », affirme un haut gradé de la police, qui ajoute que « lorsque les profils à risques sont interpellés, ils ne sont plus en train d’agiter les autres ».

Mais avec ces nombreuses arrestations, la « manœuvre est risquée », ajoute un autre policier spécialiste de ces questions. Selon lui, elles « exposent les effectifs, monopolisent des agents » et « risquent de radicaliser les manifestants ».

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