EN IMAGES - Rita Hayworth : retour sur les relations sentimentales d’une actrice désirée et manipulée
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"J’ai toujours été utilisée et manipulée par les hommes"
Rita Hayworth, de son vrai nom Margarita Cansino, voit le jour le 17 octobre 1918 à Brooklyn. Dès son enfance, son père Eduardo Cansino, danseur mondain, veut faire d’elle une vedette. À l’âge de quatorze ans, l’adolescente forme un duo avec lui et ils dansent ensemble le tango dans des night-clubs californiens. Le cauchemar débute pour elle : elle subit l’alcoolisme, la violence et les viols de son père, soir après soir. "J'ai toujours été utilisée et manipulée par les hommes, déclarera-t-elle plus tard en disant avoir vécu des "expériences écœurantes". Le premier qui m'ait exploitée était mon père ! Il savait que de m'exhiber à ses côtés ne pouvait que plaire au public. Il savait que cela lui rapporterait un peu plus d'argent. Et nous en avions besoin !" (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 2/15
"Toute la vie de Rita n’est que douleur"
Pendant des années, Rita Hayworth subit l’emprise de son père Eduardo. Contrairement à ses frères Eduardo Jr. et Vernon, elle est privée de liberté. Sur scène, son père la fait passer pour sa compagne. "Elle n'avait pas de vie, pas de copines. On le lui interdisait, racontera Loretta Parkin, proche de la fratrie. Son unique distraction consistait à rester assise sous le porche de sa maison et à nous regarder jouer, sans parler." Des abus et des privations qui auront des conséquences dramatiques sur la vie de la star, et notamment sur ses relations sentimentales. Son ex-époux Orson Welles, auquel elle avouera pour la première fois avoir subi les viols de son père, affirmera à ce sujet : "Toute la vie de Rita n'est que douleur". (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 3/15
Une mauvaise rencontre au mauvais moment
Après avoir été repérée par la Warner sans être retenue en 1933, Rita Hayworth est prise en main par la Fox. Lorsque le studio devient la 20th Century Fox à la suite d’une fusion, le producteur Darryl F. Zanuck impose sa vision. La jeune femme est remerciée alors qu’elle se préparait à son premier grand rôle, après plusieurs apparitions et seconds rôles sous le nom de Rita Cansino. "Naturellement, j’ai pleuré et crié et j’ai juré que je leur montrerai qu’ils avaient fait une terrible erreur, j’ai décidé que je deviendrai célèbre et qu’ils le regretteraient", se souviendra-t-elle à propos de cette période. À la suite de son renvoi, l'actrice fait la connaissance d’Edward C. Judson, un autre homme opportuniste qui va avoir une emprise toxique sur elle. (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 4/15
"Il m’a choisie comme investissement"
Convaincu de son talent, Ed Judson profite du renvoi de la jeune danseuse de la Fox pour la prendre sous son aile. Cette dernière décroche par la suite un contrat de sept ans avec la Columbia. Judson lui impose des changements physiques, pour façonner son image de star. Il lui demande de maigrir, lui fait arracher les molaires pour affiner son visage et la teint en rousse. Auprès de son entourage, l’escroc et manipulateur ne cesse de répéter : "Rita, c’est du tout cuit pour le vedettariat". De son côté, la comédienne voit en lui une figure paternelle qui pourrait lui permettre de s’extraire du carcan familial, marqué par l’influence néfaste de son père Eduardo et l’alcoolisme de sa mère Volga. En 1937, elle a 19 ans lorsqu’elle épouse Ed Judson, de vingt ans son aîné. Elle déclarera à propos de ce mariage : "Je l'ai épousé par amour, il m'a choisie comme investissement". (Photo by Hulton Archive/Getty Images)(Photo by Hulton Archive/Getty Images) - 5/15
Un monstre après l’autre
Lorsqu’Ed Judson présente Rita Hayworth à Harry Cohn, patron de la Columbia Pictures, ce dernier tombe immédiatement sous le charme de la jolie brune. C’est lui qui lui propose de passer de Cansino à Hayworth, le nom de famille de sa mère, pour lui donner une image plus distinguée. Un pseudonyme qu’elle utilise pour la première fois en 1937, dans le film Criminels de l’air. Deux ans plus tard, sa carrière explose grâce au drame Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks, dans lequel elle brille aux côtés de stars établies comme Cary Grant et Jean Arthur. Mais en coulisses, l'actrice doit faire face à l’obsession qu’entretient Harry Cohn pour elle. Son mari Ed Judson va même jusqu’à l’inciter à avoir une relation sexuelle avec le nabab. Le producteur réputé pour sa vulgarité harcèle sexuellement la comédienne pendant plusieurs décennies, et ses innombrables refus le mettent en rage. (Photo by Columbia Pictures/Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images)(Photo by Columbia Pictures/Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images) - 6/15
"La déesse de l’amour"
Pendant des années, Rita Hayworth est victime du harcèlement sexuel et de la jalousie maladive du producteur Harry Cohn. Ce dernier n’aurait pas supporté les supposées liaisons entre sa muse et le milliardaire Howard Hughes ou le gangster Mickey Cohen. Le nabab va même jusqu’à truffer la loge de la comédienne de micros. En parallèle, celle-ci consolide son statut de star grâce à des films comme La Blonde framboise (1941) et Arènes sanglantes (1941). Pour ce long-métrage dans lequel elle démontre à nouveau ses talents de danseuse, elle fait connaissance avec le chorégraphe Hermes Pan, qui restera l’un de ses meilleurs amis et déclarera à son sujet : "Les gens l’identifiaient à la fascinante déesse de l’amour, mais elle n’était qu’une petite fille de huit ans. […] Elle m’a toujours fait penser à une gitane par sa façon de se comporter. Soudain elle se levait et se mettait à danser. On lui parlait, mais elle ne répondait pas, elle se contentait de danser. Et c’était beau !". L’année 1941 est celle où Rita Hayworth s’impose comme un sex-symbol auprès du public, notamment grâce au magazine Life. Face à l’objectif du photographe Bob Landry, elle pose en déshabillé de satin et dentelle sur son lit. Un cliché qui n’échappe pas à un certain Orson Welles… (Photo by Bob Landry/The LIFE Images Collection via Getty Images/Getty Images)(Photo by Bob Landry/The LIFE Images Collection via Getty Images/Getty Images) - 7/15
"La plus belle fille du monde"
En mai 1942, Rita Hayworth divorce de son mari violent Edward C. Judson. Subjugué par la photo de l’actrice pour le magazine Life, Orson Welles se met en tête d’épouser "la plus belle fille du monde". Ce défi a tout d’un jeu. Le réalisateur de Citizen Kane aurait même fait un pari de 2000 dollars avec l’acteur Joseph Cotten sur sa réussite. Pourtant, il est le premier homme à aimer sincèrement la jeune femme. Le 7 septembre 1943, alors que celle-ci tourne La Reine de Broadway, elle profite d’une pause déjeuner pour échapper au courroux d’Harry Cohn et épouser le cinéaste. S’il a perdu son pari, Joseph Cotten a néanmoins le privilège d’être le témoin de leur union. (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 8/15
"Hors caméra, elle était encore Margarita Carmen Cansino"
Dans son ouvrage intitulé In My Father’s Shadow : A Daughter Remembers Orson Welles, Chris Welles Feder, l’aînée du cinéaste, déclare à propos de sa belle-mère Rita Hayworth : "Hors caméra, elle était encore Margarita Carmen Cansino, née à Brooklyn d'un père espagnol et d'une mère irlandaise". Il la décrit comme une personne joyeuse, espiègle et simple. "J'étais loin de me douter qu'elle était la déesse de l'amour de Hollywood, la fille glamour dont des GI's avait collé la photo sur une bombe, ce qui l'horrifia quand elle l'apprit, précise-t-elle. La Rita que j'ai connue se baladait pieds nus dans la maison, et ne s'embêtait pas avec le maquillage." (Photo by Keystone/Getty Images)(Photo by Keystone/Getty Images) - 9/15
Éloignés par la politique
Tandis que Rita Hayworth poursuit sa carrière avec La Reine de Broadway (1944), Orson Welles s’investit en politique. Il multiplie les discours et participe à la campagne de réélection de Franklin Roosevelt. Il fait également des conférences sur le fascisme et assiste aux réunions du Conseil de sécurité de l’ONU. Le couple s’éloigne. Le cinéaste a plusieurs liaisons, dont une avec Judy Garland, et sa femme se montre de plus en plus jalouse. Cette dernière est rongée par la peur d’être abandonnée et le besoin d’être aimée. En décembre 1944, elle donne naissance à leur fille Rebecca. Mais la venue au monde de ce bébé ne les rapproche pas. Après avoir appris les infidélités de son époux, la comédienne précipite leur séparation durant le tournage de Gilda (1946), long-métrage qui finit de l’ériger en sex-symbol à l’international. (Photo by John Springer Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images)(Photo by John Springer Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images) - 10/15
Une ultime collaboration qui fait polémique
En plein divorce, Rita Hayworth et Orson Welles tournent ensemble La Dame de Shanghaï (1947). Le cinéaste et comédien coupe les cheveux de l’actrice et la teint en blonde pour le film. Une décision qui provoque la fureur de la Columbia, et plus particulièrement du producteur Harry Cohn. Certains voient à travers le long-métrage, qui est un échec, un véritable règlement de comptes entre les ex-époux. D’autres estiment que le réalisateur a plutôt exprimé son aversion pour l’industrie cinématographique avec le film, et notamment pour des figures comme Harry Cohn. (Photo by Donaldson Collection/Michael Ochs Archives/Getty Images)(Photo by Donaldson Collection/Michael Ochs Archives/Getty Images) - 11/15
La fuite d’Hollywood
Rita Hayworth a de plus en plus de mal à vivre le succès et à supporter l’image qu’elle dégage. En 1946, l’une des premières bombes atomiques larguées sur l’atoll de Bikini est baptisée Gilda, en référence à l’héroïne du film de Charles Vidor. Outrée par cet hommage morbide, la comédienne déclare : "Je hais la guerre ; toute cette histoire de bombe me dégoûte profondément". Deux ans plus tard, elle décide de s’envoler pour l’Europe afin de fuir l’industrie hollywoodienne. En juillet 1948, celle qui a alors 30 ans se rend à une fête organisée à Cannes par Elsa Maxwell. "Venez. Il y aura un homme fascinant, lui aurait lancé cette dernière. C’est un prince persan." Au cours de cette soirée, la star rencontre Ali Khan, fils d’Aga Khan III, milliardaire et 48e chef religieux des ismaéliens. Le prince, âgé de 37 ans et connu pour son tempérament de séducteur, se met à lui faire la cour. Après lui avoir proposé de se rendre sur les hauteurs de Mandelieu, il lui aurait dit : "Là, c’est la constellation de Cassiopée, la reine d’Éthiopie, qui était d’une beauté incroyable. Mais Cassiopée n’était rien à côté de Rita". (Photo by Serge DE SAZO/Gamma-Rapho via Getty Images)(Photo by Serge DE SAZO/Gamma-Rapho via Getty Images) - 12/15
Une nouvelle déception
À la suite de sa première rencontre avec Ali Khan, Rita Hayworth se montre distante avec le prince. Mais ce dernier ne ménage pas ses efforts pour la séduire et la jeune femme accepte finalement de s’installer au château de l’Horizon, la demeure cannoise du Don Juan des temps modernes, alors qu’ils sont tous deux en plein divorce. En mai 1949, le couple se marie sur la Côte d’Azur, à Vallauris. Leur union est un véritable événement mondain, à l’image de leur relation : les amoureux sont constamment suivis par la presse. La moindre de leurs sorties relève du calvaire. La star doit également faire face aux infidélités répétées de son époux. Lorsque leur fille Yasmine voit le jour en décembre 1949, l’émerveillement a déjà laissé place à la désillusion. (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 13/15
La chute
Après sa séparation avec Ali Khan, Rita Hayworth se marie en septembre 1954 avec le chanteur Dick Haymes. Leur union vire au cauchemar et la star est une nouvelle fois victime de la violence de son époux. Elle demande le divorce en 1955 avant d'avoir des liaisons sans lendemain avec Glenn Ford, Robert Mitchum ou encore Peter Lawford. En toute élégance, ce dernier déclarera : "C'était le plus mauvais coup du monde. Elle était tout le temps saoule et mangeait énormément". La comédienne se réfugie effectivement dans l’alcool, mais tente de maintenir sa carrière avec des films comme L’Enfer des tropiques (1957), La Blonde ou la rousse (1957) ou Tables séparées (1958). Mais la relève hollywoodienne est déjà là, et les producteurs préfèrent désormais miser sur des actrices comme Kim Novak et Marilyn Monroe. En 1960, la mort d’Ali Khan, victime d’un accident de voiture dans le Bois de Boulogne, la plonge dans une dépression dont elle ne se relèvera pas. À propos de ses relations avec les hommes, la vedette de cinéma affirmera avec amertume : "Les hommes tombent amoureux de Gilda et se réveillent avec moi". (Photo by Keystone/Hulton Archive/Getty Images)(Photo by Keystone/Hulton Archive/Getty Images) - 14/15
"Toutes ces expériences m’ont écœurée"
En 1958, Rita Hayworth épouse son dernier mari, le producteur James Hill. Mais la passion et l’amour ne sont définitivement pas au rendez-vous, et la comédienne demande très rapidement le divorce. Trois ans après leur union, elle déclare : "James Hill a été le plus calme et le plus solide de mes maris. Même avec lui, cependant, je n'ai jamais pu construire quelque chose. Il me considérait comme l'une de ses entreprises et son affection pour moi n'a jamais été un véritable amour… Toutes ces expériences négatives de vie commune m'ont écœurée. J'ai sans doute en moi également les germes de cette incapacité à vivre normalement. Ou peut-être que tout simplement ma vie a été une longue erreur dont je suis la principale victime". (Photo by Bettmann via Getty Images)(Photo by Bettmann via Getty Images) - 15/15
"Un comportement inhabituel"
Au cours des dernières années de sa carrière, Rita Hayworth a de plus en plus de mal à retenir ses textes. Son entourage estime que ses absences et ses sautes d’humeur sont dus à sa consommation d’alcool. En 1972, la star fait ses adieux au septième art avec le western La Colère de Dieu. Neuf ans plus tard, elle apprend à 62 ans qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer. "Elle avait, depuis des mois, un comportement inhabituel sans que les médecins et ses proches ne comprennent pourquoi. Elle, naguère dotée d’une incroyable mémoire, actrice si brillante et talentueuse, n’arrivait plus à retenir ses textes. Maman perdait aussi le sens de l’orientation, confondait les choses et avait, de surcroît, des hallucinations, jusqu’à voir des intrus dans sa maison, l’entraînant à prévenir la police. Elle devenait en réalité toujours plus étrange, et moi je mettais cela sur le dos de la boisson car elle appréciait l’alcool et les grands vins !", explique sa fille Yasmin Aga Khan à Paris Match en 2009. L'actrice décède le 14 mai 1987 à l’âge de 68 ans, isolée et murée dans le silence. (Photo by © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images)(Photo by © Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images)
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