Rondes et en forme : ces femmes redéfinissent le visage du fitness

Jessamyn Stanley et Kristy Fassio. (Photo de Jessamyn par Lydia Hudgens; Photo de Kristy avec l’aimable autorisation de Kristy Fassio; Illustrations par Quinn Lemmers pour yahoo Lifestyle)
Jessamyn Stanley et Kristy Fassio. (Photo de Jessamyn par Lydia Hudgens; Photo de Kristy avec l’aimable autorisation de Kristy Fassio; Illustrations par Quinn Lemmers pour yahoo Lifestyle)

Le mouvement qui encourage les autres à se sentir bien dans leur peau est désormais un nouvel ordre mondial. Différents types de corps sont de plus en plus acceptés et normalisés, qu’il s’agisse de publicités, de télévision, de lingerie ou de mode. Cela étant dit, le monde du fitness est encore aujourd’hui atteint d’une certaine résistance culturelle.

Il n’est pas nécessaire de faire du 38 et d’avoir des abdos en béton pour être en forme physiquement. Il existe différentes tailles et formes, et il en va de même pour les corps physiquement en forme. Le fitness physique sans perte de poids commence à être encouragé (mieux vaut tard…), ce qui devrait enfin permettre d’enterrer la théorie selon laquelle il est impossible d’être ronde et en forme en même temps.

J’étais active en grandissant. Je faisais du volleyball et de l’athlétisme au lycée. J’ai nagé pendant mes quatre ans d’université et je suis devenue capitaine. J’ai rapidement remarqué que j’étais toujours la fille la plus grosse dans chaque équipe sportive. J’ai observé les regards des gens et les airs surpris quand ils réalisaient que je faisais partie de l’équipe ET que je me débrouillais plutôt bien. Malheureusement, je ne me suis jamais sentie assez douée ; peu importe le nombre de courses ou de matchs que je remportais, je prêtais toujours attention à mon poids.

J’ai appris à ne plus me soucier autant de mon poids en approchant des 25 ans. Aujourd’hui, j’ai 26 ans et je pèse 220 pounds (une centaine de kg). Je viens de suivre mon premier cours de gymnastique et j’ai participé à mon premier triathlon.

De nombreuses femmes grandes tailles en forme comme moi transforment le status quo, ainsi que leur corps, notamment Jore Marshall, danseuse professionnelle, Jessamyn Stanley, prof de yoga célèbre dans le monde entier, et Kristy Fassio, coach personnel. J’ai discuté avec ces trois femmes à propos de la discrimination qu’elles ont ressentie par le passé, la raison pour laquelle il est important d’être représentée dans le monde du fitness, et les différentes manières de prendre soin de son corps au lieu d’être obsédée par son poids.

Le parcours fitness de Kristy Fassio a commencé après la naissance de son premier bébé en 2007, lorsqu’elle a rejoint un cours de fitness qui incluait des poussettes dans l’entraînement.

“Ma première communauté fitness”, m’a confié K. Fasio. “Je n’étais pas encouragée à perdre du poids, juste à bouger mon corps. Je me rappelle être allongée sur le dos le premier jour, à observer les arbres en me disant : ‘je pourrais faire ça tous les jours’”. 11 ans plus tard, K. Fassio est devenue coach personnel et possède une entreprise appelée Fit From Within dont le but est d’aider les autres à accepter leur corps tel qu’il est.

Alors, comment un coach personnel grandes tailles parvient-il à stimuler son corps et à prendre confiance en soi ? Ses entraînements quotidiens consistent à marcher, faire du renforcement musculaire et des claquettes, et en finir avec la culture du régime. “Je mets de côté tout ce qui est trop organisé côté fitness en me demandant plutôt : ‘comment ai-je envie de bouger ?’, et je le fais”, confie l’entraîneuse basée à Washington.

“C’est votre corps. Apprenez à prendre soin de lui”, précise K. Fassio. “Écoutez-le. Vous aimez courir ? Courez. Nager ? Enfilez un magnifique maillot de bain et plongez. Jouer ? Montez sur scène et déchirez tout. Ne vous cachez pas !”.

Jore Marshall a dansé avec Beyoncé à Coachella. (Photo avec l’aimable autorisation de Jore Marshall; illustrations par Quinn Lemmers pour Yahoo Lifestyle)
Jore Marshall a dansé avec Beyoncé à Coachella. (Photo avec l’aimable autorisation de Jore Marshall; illustrations par Quinn Lemmers pour Yahoo Lifestyle)

À 9 ans, Jore Marshall a été prise de passion pour la danse en apprenant le krump, un style de danse urbaine originaire de South Central Los Angeles. Elle et sa sœur Amari ont alors décidé de suivre cette passion jusqu’au bout. Leur famille a même décidé de déménager de la Floride à Los Angeles en 2015 afin de permettre aux sœurs de réaliser leurs rêves.

Trois ans plus tard, les sœurs Marshall dansaient aux côtés de Beyoncé lors de son incroyable performance inspirée du reggae à Coachella. Jore Marshall savait parfaitement que ce moment était important pour la communauté grandes tailles.

“C’était tellement fort. Je suis encore sous le choc, car nous étions là pour représenter les femmes plus rondes, mais j’ai également pu partager ce moment avec ma sœur et Beyoncé. Tellement de gens nous écrivent pour nous dire que nous sommes une source d’inspiration. Je n’aurais jamais pensé avoir l’opportunité de danser avec Beyoncé un jour”, m’a révélé la danseuse basée à Los Angeles.

Mais, son parcours n’a pas été facile. Jore Marshall savait à quoi s’attendre en devenant une danseuse grandes tailles professionnelle, mais elle n’avait pas réalisé que la discrimination concernerait les directeurs de casting ainsi que ses collègues. Jore Marshall se souvient de nombreuses auditions au cours desquelles elle et sa sœur ont été cataloguées à cause de leur poids.

“J’ai entendu un danseur dire qu’il était surpris que des filles plus rondes obtiennent le job. J’ai souvent été victime de discrimination à cause de mon poids. Je suis tellement habituée, car il s’agit de l’industrie de la danse”, confie la jeune femme de 21 ans. “Dans le monde de la danse, les danseuses sont généralement petites, très jolies et menues. Mais le secteur est en train de se transformer, et des filles plus rondes commencent à être sélectionnées. Je trouve ça fantastique”.

Jore Marshall se souvient avoir essayé “de se fondre dans la masse” au début de sa carrière de danseuse professionnelle. Et puis, un jour elle a changé de raisonnement en réalisant qu’ : “on s’en fiche !”.

“Je suis belle comme je suis, et je suis tout aussi douée que n’importe quelle autre danseuse plus menue. Tu me choisis ou non”, confie Jore Marshall.

Aujourd’hui, elle rêve de danser avec une autre légende de la musique : Missy ‘Misdemeanor’ Elliott.

Jessamyn Stanley fait du yoga. (Photo par Lydia Hudgens; Illustrations par Quinn Lemmers pour Yahoo Lifestyle)
Jessamyn Stanley fait du yoga. (Photo par Lydia Hudgens; Illustrations par Quinn Lemmers pour Yahoo Lifestyle)

Voici le conseil que J. Stanley donnerait à une jeune fille qui a du mal à accepter son poids : “Ta force n’est pas limitée par ton apparence et, honnêtement, ton physique est un avantage. Personne ne peut dire le contraire à propos de toi”.

Jessamyn Stanley s’est mise au yoga suite aux décès successifs de sa tante, sa grand-mère et du frère de son ancien partenaire en l’espace de seulement quelques mois. Le yoga est devenu une source de réconfort pour J. Stanley qui était sur le point de tomber en dépression. Aujourd’hui, sept ans de yoga, un livre, un podcast et plusieurs tournées plus tard, J. Stanley réapprend à stimuler son corps en plus de pratiquer le yoga.

“Cette année, c’est l’haltérophilie. Le yoga et l’haltérophilie sont complémentaires. Je me rends dans une gym CrossFit, et l’un des entraîneurs m’a enseigné des techniques de poids. Mais, je me suis immédiatement sentie bloquée, mentalement, car je me disais : Je ne sais pas du tout ce que je suis en train de faire ou encore Je ne suis pas assez douée pour traîner ici et faire de l’haltérophilie. J’essaie de dépasser ces nouvelles limites et d’en apprendre davantage sur moi-même”, confie la yogi basée en Caroline du Nord. “J’ai passé des décennies à détester mon corps, donc je suis désormais en mode détox”. Jessamyn Stanley, l’une des rares instructrices de yoga gay et grandes tailles, sait qu’elle est unique dans le secteur du fitness, et est également consciente que les autres la voit comme une outsider à cause de son poids. Cependant, elle ne se soucie plus de l’opinion des autres. Ces jours-ci, elle travaille sur ce qui se passe à l’intérieur.

Paulana Lamonier