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Royaume-Uni: des descendants d'esclavagistes promettent de payer des réparations, une première

La famille Trevelyan possédait plus de 1000 esclaves au 19e siècle. Elle avait reçu compensation financière lors de l'abolition de l'esclavage en raison de la perte de ces bras. Ses descendants ont décidé de présenter leurs excuses.

Un acte fort et inédit. Une famille aristocrate britannique va présenter des excuses et payer des réparations au nom de leurs ancêtres qui étaient propriétaires au 19e siècle de 1004 esclaves sur l'île de Grenade, ancienne possession britannique dans les Caraïbes, rapporte samedi The Guardian.

La famille Trevelyan s'est accordée la semaine dernière pour se rendre dans les Caraïbes, là où leur famille possédait six plantations de canne à sucre, afin de présenter des excuses publiques et prévoit de verser des réparations, ce qui serait une première. Pour l'instant, 42 membres de cette famille sont signataires de la lettre.

"Nous voulons montrer l'exemple, en espérant que d'autres suivront", explique John Dower, un membre de cette famille.

"Les dommages de l'esclavage perdurent"

La lettre d'excuses qui doit être lue par les Trevelyan commence ainsi: "Nous, sous-signés, écrivons pour présenter nos excuses au nom des actes réalisés par nos ancêtres en ayant réduits vos ancêtres à l'esclavage".

"L'esclavage était et continue d'être inacceptable et répugnant. Ses dommages perdurent encore aujourd'hui. Nous désavouons l'implication de nos ancêtres dans cette pratique", indique encore la lettre.

Les Treveyan demandent à l'exécutif britannique d'agir à son tour et d'offrir des "réparations appropriées" aux gouvernements des Caraïbes, notamment via la Commission nationale de réparations de Grenade.

La famille payée à l'abolition de l'esclavage "pour compensation"

Ce Britannique a découvert, avec un de ses proches, l'histoire des Trevelyan en 2016 en consultant une base de données sur l'esclavage par simple curiosité. Ils découvrent avec surprise que leur famille est concernée.

"J'étais plus que choqué, j'étais bouleversé", confie-t-il.

"Apparemment, personne de vivant dans ma famille ne le savait. Ça avait été effacé de l'histoire de notre famille", précise-t-il.

En 1835, la famille reçoit 26.898 livres (29.945 euros) comme compensation, après l'abolition de l'esclavage, l'équivalent de 20 millions de livres actuels (22 millions d'euros). Les hommes, femmes et enfants libérés, en revanche, ne reçoivent rien. Pour John Dower, les actes de ses aïeuls sont comparables à des "crimes contre l'humanité".

Une décision saluée

John Dower espère désormais que le roi Charles III présentera des excuses aux peuples des Caraïbes pour l'implication de la famille royale dans le commerce des esclaves. Il souhaite également faire plus et réfléchit à une façon d'"aider les habitants de Grenade à améliorer leur vie".

La décision de la famille Trevelyan a été saluée par le président du groupe de travail national sur les réparations de la Barbade, Trevor Prescod. "C'est un exemple à suivre", a-t-il jugé.

Le gouvernement de la Barbade mène actuellement campagne pour obtenir réparation auprès des descendants d'esclavagistes. Plusieurs familles britanniques ont déjà présenté des excuses au nom de leurs aïeuls.

Article original publié sur BFMTV.com

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