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La rue de la Paix célèbre l’Art nouveau

À travers une sélection de 100 pièces organisées en trois chapitres (natures féériques, éclosions, abstractions), l’exposition de l’École des arts joailliers illustre l’imaginaire nouveau propagé par le bijou à partir de 1880 jusqu’en 1914. Parmi les créateurs exposés figurent Georges Fouquet, René Lalique, Gaston Chopard ou encore Lucien Falize.  - Credit:DR

À la fin du XIXe siècle, chaque joaillier doit choisir son camp. La première option, privilégiée par Louis Cartier, et dans une moindre mesure Chaumet et Boucheron, consiste à exalter le prestige des pierres précieuses – notamment les diamants récemment découverts en Afrique – en effaçant autant que possible la monture.

Un exploit rendu possible grâce aux nouveaux procédés de fonte du platine (métal fin et résistant) mis au point par le chercheur allemand Willhelm Carl Heraeus, qui métamorphosent les sertissures massives d'autrefois en support transparent et immatériel propice aux joyaux souples et transformables. Les motifs empruntent volontiers leurs dessins aux productions du Grand Siècle : cette vague historiciste plaît à une riche clientèle – noblesse russe et européenne, capitaines d'industrie américains – qui aime ressusciter le mode de vie aristocratique de l'Ancien Régime pour légitimer un pouvoir héréditaire ou une fortune nouvellement acquise.

L'autre camp est l'aboutissement (et la conclusion ?) d'une odyssée des idées qui a traversé une large partie du XIXe siècle en Europe. Ces idées, esquissées tout d'abord par les romantiques et les symbolistes, précisées ensuite par Viollet-le-Duc, les préraphaélites, les modernistes catalans, avant d'être formalisées par les thèses de William Morris et de John Ruskin, promeuvent à la fois un retour à l'esprit des guildes médiévales, mais aussi une forme d'utopie au sein de laquelle l'homme et la nature, l'a [...] Lire la suite