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Rushdie attaqué, l’Iran dément tout lien (mais dit que c’est de sa faute)

FILE PHOTO: British author Salman Rushdie listens during an interview with Reuters in London April 15, 2008.  REUTERS/Dylan Martinez/File Photo
Dylan Martinez / REUTERS FILE PHOTO: British author Salman Rushdie listens during an interview with Reuters in London April 15, 2008. REUTERS/Dylan Martinez/File Photo

Dylan Martinez / REUTERS

(Photo de Salman Rushdie prise le 15 avril 2018)

INTERNATIONAL - L’Iran, après trois jours de silence, a nié « catégoriquement », ce lundi 15 août, toute implication dans l’attaque au couteau perpétrée aux États-Unis contre Salman Rushdie, en faisant porter la responsabilité à l’auteur des « Versets sataniques ». Ce, 33 ans après la fatwa de l’ayatollah Khomeiny condamnant à mort l’écrivain.

« Nous démentons catégoriquement » tout lien entre l’agresseur et l’Iran, et « personne n’a le droit d’accuser la République islamique d’Iran », a affirmé Nasser Kanani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dans sa conférence de presse hebdomadaire.

Il s’agit de la première réaction officielle de Téhéran à l’agression dont a été victime vendredi l’écrivain britannique et américain de 75 ans sur l’estrade d’un amphithéâtre d’un centre culturel à Chautauqua, dans le nord-ouest de l’État de New York.

« Seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés »

« Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés et même condamnés », a jugé le porte-parole iranien lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran.

« En insultant les choses sacrées de l’islam et en franchissant les lignes rouges de plus d’un milliard et demi de musulmans et de tous les adeptes des religions divines, Salman Rushdie s’est exposé à la colère et à la rage des gens », a-t-il ajouté.

Hospitalisé pour des blessures graves après l’attaque, Salman Rushdie, 75 ans, va un peu mieux selon ses proches. Il n’est plus sous assistance respiratoire et « la voie du rétablissement a commencé », s’est félicité son agent Andrew Wylie dans un communiqué transmis au « Washington Post ».

La « Colère de millions de personnes »

Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des « Versets sataniques », roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l’égard du Coran et du prophète Mahomet.

Le fondateur de la République islamique a émis en 1989 une fatwa appelant au meurtre de Salman Rushdie, qui a vécu des années sous protection policière. La fatwa de l’ayatollah Khomeiny contre l’écrivain n’a jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont subi des attaques.

« La colère manifestée à l’époque (...) ne s’est pas limitée à l’Iran et à la République islamique. Des millions de personnes dans les pays arabes, musulmans et non musulmans ont réagi avec colère » à l’ouvrage de Salman Rushdie, a encore dit dimanche le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes. Il a jugé « complètement contradictoire » de « condamner d’une part l’action de l’agresseur et absoudre l’action de celui qui insulte les choses sacrées et islamiques ».

Un « complot des États-Unis », selon un média iranien

L’agresseur présumé, Hadi Matar, un Américain d’origine libanaise âgé de 24 ans, a été inculpé de « tentative de meurtre et agression ». Il a plaidé « non coupable » par la voix de son avocat.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré dimanche que des médias d’État iraniens « jubilaient » après l’agression de l’intellectuel. « C’est abject », a-t-il observé dans un communiqué. En Iran, le quotidien ultraconservateur « Kayhan » a félicité « cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie ».

« Javan », autre journal ultraconservateur, écrit dimanche qu’il s’agit d’un complot des États-Unis qui « veulent probablement propager l’islamophobie dans le monde ».

Sujet sensible en Iran, plusieurs personnes interrogées par l’AFP ces derniers jours à Téhéran ont refusé de commenter devant une caméra l’attaque contre Salman Rushdie.

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