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Poutine et Xi délaissent la guerre en Ukraine mais pas le gazoduc Force de Sibérie 2 lors de leur sommet

Les président russes et chinois Vladimir Poutine et Xi Jinping durant un toast au Kremlin, à Moscou, le 21 mars dernier.
Les président russes et chinois Vladimir Poutine et Xi Jinping durant un toast au Kremlin, à Moscou, le 21 mars dernier.

INTERNATIONAL - Lorsque Xi Jinping a annoncé qu’il se rendrait à Moscou le 20 mars pour rencontrer Vladimir Poutine, c’était initialement pour jouer le rôle de médiateur entre l’Ukraine et la Russie. Deux jours après son arrivée, mercredi 22 mars, les présidents chinois et russes semblent pourtant avoir quelque peu délaissé le conflit, au profit d’un gigantesque projet gazier et de la célébration de leur relation « spéciale » face aux Occidentaux.

Au-delà des considérations stratégiques, la rencontre entre les deux chefs d’État a en effet consacré le renforcement du partenariat économique entre leurs deux pays, notamment sur le plan des hydrocarbures. Mardi, ils sont parvenus à un accord sur le projet de gazoduc Force de Sibérie 2, symbole de la volonté de Moscou de réorienter son économie vers l’Asie face aux sanctions internationales.

« À la mise en service, 50 milliards de mètres cubes de gaz » transiteront via ce gazoduc de 2 600 kilomètres de long qui reliera la Sibérie au Xinjiang chinois (nord-ouest), via les steppes de Mongolie, a annoncé Vladimir Poutine. Le dirigeant russe n’a toutefois pas donné de précisions sur le calendrier du projet, qui doit compléter un gazoduc déjà existant, Force de Sibérie, qui part lui de l’Extrême-Orient russe.

Une déclaration commune aux accents de guerre froide

Les quantités attendues de livraisons à terme représentent quasiment autant que Nord Stream 1 (55 milliards de mètres cubes) avant son arrêt à la suite de sabotages en septembre 2022. Objectif « d’ici 2030 » : livrer au total à son allié chinois au moins 98 milliards de mètres cubes de gaz et 100 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL), a promis Vladimir Poutine.

Le chef d’État russe a assuré à son homologue Xi Jinping que son pays était capable d’approvisionner « la demande croissante de la Chine en énergie », alors que les hydrocarbures russes sont sanctionnés en Occident. Dans leur déclaration commune finale, les deux présidents ont souligné leur volonté « de poursuivre un partenariat encore plus étroit dans le secteur de l’énergie ».

Dans une déclaration commune aux accents de guerre froide, les deux dirigeants ont aussi vivement attaqué l’Occident, accusant les États-Unis de « saper » la sécurité internationale pour conserver leur « avantage militaire », et exprimé leur « préoccupation » face à la présence croissante de l’Otan en Asie. Autre écho à la guerre froide, la Russie et la Chine ont affirmé qu’une guerre nucléaire ne devait « jamais » avoir lieu.

Le président russe a aussi menacé de « répliquer » si Londres fournit à l’Ukraine des obus contenant de l’uranium appauvri, comme cela a été évoqué par une responsable britannique.

Un Poutine très chaleureux avec Xi Jinping

Il a été nettement plus chaleureux avec son hôte chinois, lui donnant du « cher ami » et du « camarade Xi ». Les deux dirigeants ont même trinqué au cours d’un dîner d’État à la « prospérité » des peuples russe et chinois. « La coopération russo-chinoise a des possibilités et des perspectives vraiment illimitées », s’est exclamé Vladimir Poutine pendant ce repas.

Le déplacement à Moscou de Xi Jinping constitue un soutien important au chef de l’État russe qui est visé depuis la semaine dernière par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Traité en paria par les Occidentaux depuis le début du conflit en Ukraine, Vladimir Poutine peut compter sur Pékin pour briser l’isolement : le dirigeant chinois l’a ainsi invité à se rendre en Chine cette année.

Concernant la guerre en Ukraine, les déclarations de Vladimir Poutine ont été plutôt lacunaires. L’initiative chinoise pour la paix, qui préconise des pourparlers de paix, comporte des éléments qui peuvent « servir de base à un règlement pacifique (du conflit), quand ils y seront prêts en Occident et à Kiev », a lancé Vladimir Poutine. « Toutefois, nous n’observons pas pour l’heure une telle disposition de leur côté », a-t-il ajouté.

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