Séisme au Maroc : dans l’Atlas, au cœur de la tragédie

Fadel Senna

Sur l’échelle de Richter, ­combien vaut donc le courage d’un homme qui, depuis vingt-quatre heures, regarde mourir son fils ? Entre leurs deux corps cassés étendus sur les fines couvertures, à peine 30 centimètres. L’écart entre une vie qui s’éteint et une autre à jamais brisée. Les couleurs se sont retirées du visage de Suleiman, 12 ans, une larme perle à son œil, elle-même trop lasse pour avoir la force de rouler.

À lire aussi Séisme au Maroc : le roi Mohammed VI au chevet des blessés à Marrakech

Son crâne, à l’arrière, est fendu. Son sang s’écoule aussi inexorablement que les heures depuis que, vendredi 8 septembre, à 23 h 11, le sol a tremblé, l’épicentre du séisme jaillissant des entrailles de la montagne qu’ils habitent. À 1 500 mètres d’altitude, la trentaine d’habitations qui composent Taourirt, leur douar, le mot pour village dans cette région du Haut Atlas, sont redevenues ce qu’elles étaient avant que l’espoir et des bras ne les transforment en foyers : des pierres rouges, terre et paille, bouts de bois. Des 250 villageois, 21 ont péri, asphyxiés par la chape qui les a enclavés, les os fracturés, le cœur terrifié.

À lire aussi Maroc : qui sont les Français morts dans le séisme ?

Mariam, la sœur aînée de Suleiman, a été la première de sa famille à être extraite par les rescapés du sarcophage de pierre. La seule aussi à pouvoir marcher. Son père et son frère sont restés vingt-quatre heures piégés dans ce mikado géant qu’était devenue leur maison....


Lire la suite sur ParisMatch