Sérénité et douceur : pourquoi randonner sur la Côte d'Azur hors saison ?
La Côte d'Azur n'est peut-être pas la première région qui vous vient à l'esprit lorsque vous pensez à des lieux de promenade et de randonnée, mais elle ne se résume pas à des casinos, des bars de plage et des boutiques de créateurs.
Les hauts lieux comme Saint-Tropez, les champs de lavande et le parc national des Calanques sont traditionnellement envahis par les visiteurs en haute saison, mais la région Provence-Alpes-Côte d'Azur promeut d'autres destinations durables, y compris celles que l'on peut explorer hors saison.
Suivant leur exemple, j'ai décidé de découvrir la Côte d'Azur sous un angle différent, à la recherche d'une beauté sauvage plutôt que d'un glamour ripoliné.
J'ai choisi une sélection de distances allant de 5 à 16 km, et une variété de terrains allant de l'asphalte à la garrigue. Les promenades d'Antibes et de Menton sont faciles, mais celle de Nice est plus exigeante et implique une grande ascension hors de la ville.
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Là où la mer et le ciel se rencontrent : le sentier de Tire-poil à Antibes
C'est un matin ensoleillé de la fin novembre et je me lance dans une promenade de 5 km à plat autour de l'extrémité sud du Cap d'Antibes. Le nom du sentier renvoie à la brise marine omniprésente, qui vous soulève les cheveux, mais aujourd'hui elle est douce et le ciel est bleu.
Du bois flotté - qui n'a pas encore été arraché pour construire des tipis sur le sable - sillonne la plage de la Garoupe, et une rangée de palmiers m'indique mon point de départ.
Le Cap d'Antibes, un grand promontoire au sud-ouest de la ville, fait partie du réseau européen Natura 2000 de sites naturels identifiés pour leur qualité, leur fragilité et leur rareté dans le but de protéger la biodiversité marine et terrestre.
La ligne d'encre de l'horizon coupe en deux les bleus du ciel et de la mer, tandis que je regarde les baies d'Antibes, de Nice et, plus loin, les contours de l'Italie. Les contreforts enneigés des Alpes s'alignent derrière moi.
À peine ai-je parcouru 100 mètres que j'aperçois les stries géologiques de la roche préhistorique ainsi que des amas de posidonies, une algue marine qui sert de nourriture et d'abri à de nombreuses espèces marines.
Je pivote la tête pour m'émerveiller devant un puffin yelkouan qui vole follement au-dessus de moi, puis je m'accroupis pour repérer des brins de lavande de mer et caresser la feuille velue de la barbe de Jupiter avant de poursuivre mon chemin.
Le sentier est un mélange d'asphalte bien ordonné, de marches qui ondulent entre les rochers, et de gros rochers sur lesquels je grimpe et saute.
Je trouve un endroit idéal pour pique-niquer, en marchant prudemment entre deux grandes piscines rocheuses qui étaient utilisées à l'époque romaine comme entrepôts frigorifiques pour la pêche du jour.
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Les coins de paradis comme celui-ci échappent rarement aux yeux des riches, et le Cap d'Antibes ne fait pas exception à la règle.
Le chemin passe devant le château de la Croë, ancienne résidence du roi Édouard VIII et de Wallis Simpson, et aujourd'hui vaste demeure de Roman Abramovitch.
Ensuite, c'est la Villa Eilenroc, propriété de l'État, qui marque la fin du sentier côtier. Je serpente le long de sa clôture vers l'intérieur des terres et je reviens au début de la boucle.
Le long de l'ancienne route des salines de Nice
Lorsque je suis sur la plage emblématique de Nice, je me prépare généralement à une course effrénée le long de sa pente abrupte pour barboter sans élégance dans l'eau turquoise profonde.
Mais aujourd'hui, je tourne le dos aux sirènes de la mer et je traverse la route pour me rendre sur l'ancienne place du marché du Cours Saleya.
Je suis en mission.
Une véritable randonnée de 16 km et 700 m de dénivelé, qui me mènera du front de mer de Nice à l'arrière-pays et au village d'Aspremont.
Ne m'arrêtant que pour faire le plein de socca (galette de pois chiches, spécialité niçoise) à l'échoppe de Chez Theresa, je m'élance dans les ruelles du Vieux Nice, sur les traces des mules chargées de sel.
Au Moyen Âge, le littoral méditerranéen produisait beaucoup de sel, qui était acheminé à Nice pour être déchargé, pesé et taxé avant que les marchands ne soient autorisés à quitter la ville avec leur cargaison.
Après avoir quitté la vieille ville, je tourne à droite et commence mon ascension, d'abord à travers les rues élégantes de Cimiez et ses demeures de la Belle Époque, puis par un court tronçon d'autoroute plus fréquenté jusqu'au sommet.
C'est un soulagement d'échapper à la chaleur du soleil et au bruit de la route lorsque je m'engage sur un sentier longeant le canal Gairaut, qui serpente autour du balcon de Nice et offre de l'ombre aux marcheurs et aux coureurs.
Je m'arrête pour admirer la vue sur l'immense et époustouflante baie de Nice, puis je rejoins un sentier broussailleux qui mène à ma destination, la petite ville d'Aspremont, située au sommet d'une colline.
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Citrons et modernisme : sur les traces de Le Corbusier à Menton
Quand la vie vous donne des citrons, vous savez que vous êtes dans la merveilleuse Menton, l'une des dernières villes de la Côte d'Azur avant la frontière, qui était italienne jusqu'en 1861.
Le microclimat humide de Menton en fait l'endroit idéal pour la culture des agrumes : non seulement les agrumes sont abondants et de grande taille, mais ils sont également sucrés.
Bien que la promenade du Corbusier commence à Carnolès (juste à l'ouest de Menton), je prolonge ma promenade jusqu'à Roquebrune-Cap-Martin en commençant par le front de mer de Menton et en faisant un tour par le Jardin du Palais de Carnolès en chemin pour admirer les fruits trempés de rosée.
Après le parc, je reviens sur la promenade et continue vers l'ouest en direction du Cap Martin.
De nombreux petits chemins sinueux et attrayants descendent vers des plates-formes de baignade le long de la côte et remontent vers la route.
Après 10 minutes de marche sur un trottoir peu engageant, le chemin bien pavé du Corbusier bifurque sur la gauche et je descends jusqu'au bord de l'eau, apercevant sur ma gauche un petit buste de l'architecte moderniste éponyme.
Les chemins qui descendent vers la mer continuent de me séduire, et je rêve de familles douillettement vêtues, l'été, plongeant dans l'eau azur, avec vue sur Monaco et la presqu'île de Cap d'Ail au-delà.
Je monte et descends des marches, je passe devant les chèvres qui paissent sur les terrains des manoirs côtiers, et je me dirige vers les deux vertigineuses passerelles métalliques qui s'accrochent à la falaise en contrebas de la voie ferrée.
Juste avant Roquebrune, j'aperçois un portail et un panneau indiquant le chef-d'œuvre architectural E1027 de la créatrice irlandaise Eileen Gray.
J'y fais une visite guidée sur réservation avec Elisabetta, qui me fait découvrir la villa maritime moderniste, le Cabanon de Le Corbusier, le bar-restaurant l'Etoile de Mer et les unités de camping. En tant qu'amoureuse de l'architecture moderniste, c'est un rêve qui se réalise pour moi.
Une fois la visite terminée, je descends joyeusement jusqu'à la Plage de Buse pour jeter un dernier coup d'œil au sentier et à l'œuvre déterminante de Gray avant de reprendre le train pour Menton.
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Ces trois promenades étaient accessibles, mais elles ont également fourni un contexte historique, naturel et culturel fascinant pour cette région de France.
Plus important encore, j'ai eu l'impression de goûter à la "vraie France" comme un local, plutôt que de marcher sur les mêmes traces que les touristes.
