Salman Rushdie publie son nouveau roman « Victory City », six mois après son agression

British author Salman Rushdie speaks during the Heartland Festival in  Kværndrup, on June 2, 2018. (Photo by Carsten Bundgaard / Ritzau Scanpix / AFP) / Denmark OUT
CARSTEN BUNDGAARD / AFP British author Salman Rushdie speaks during the Heartland Festival in Kværndrup, on June 2, 2018. (Photo by Carsten Bundgaard / Ritzau Scanpix / AFP) / Denmark OUT

CULTURE - Six mois après avoir été poignardé aux États-Unis, l’écrivain britannique Salman Rushdie sort un nouveau roman, Victory City, le « récit épique d’une femme » au XIVe siècle qui va ériger une ville, subir l’exil et les menaces dans un monde patriarcal.

Achevé avant son agression au couteau, ce roman - sans doute l’un des plus attendus de l’année - de l’auteur d’origine indienne, est présenté comme la traduction de l’épopée historique de Pampa Kampana, une jeune orpheline dotée de pouvoirs magiques par une déesse, qui va créer la ville de Bisnaga, littéralement Victory City.

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L’écrivain ne fera aucune promotion pour présenter son 15e roman qui sort ce mardi 7 février aux États-Unis et jeudi au Royaume-Uni, a prévenu son agent Andrew Wylie dans le quotidien britannique The Guardian, même « si sa guérison progresse » depuis l’attaque qui a failli lui coûter la vie le 12 août dernier.

« L’invincible Salman Rushdie »

Un jeune homme s’était jeté sur lui armé d’un couteau alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole lors d’une conférence à Chautauqua dans le nord-ouest de l’État de New York, près du Grand Lac Erié.

Sur Twitter, une photo en noir et blanc de l’auteur, qui sera à paraître dans le nouveau numéro du New Yorker a été dévoilée. On peut voir Salman Rushdie, son œil blessé masqué par ses lunettes et une cicatrice lui barrant le visage.

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« La première photo de l’invincible Salman Rushdie depuis son agression au couteau en août : Dans le nouveau numéro du New Yorker. »

Ne perdant pas son humour, l’écrivain a posté lui-même une photo plus « prosaïque » pour montrer ce à quoi il « ressemble réellement ».

« La photo du New Yorker est dramatique et puissante, mais c’est, plus prosaïquement, ce à quoi je ressemble réellement. »

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L’auteur ne fera pas la promotion de son livre

Rushdie, naturalisé américain et qui vit à New York depuis 20 ans, a perdu la vue d’un œil et l’usage d’une main, avait annoncé en octobre son agent. L’attaque avait choqué dans les pays occidentaux mais avait été saluée par des extrémistes de pays musulmans comme l’Iran ou le Pakistan.

Depuis, l’auteur est resté éloigné des médias mais a recommencé à s’exprimer sur le réseau social Twitter depuis décembre dernier, le plus souvent pour relayer les critiques de son nouveau roman publiées dans la presse.

Plusieurs évènements sont toutefois prévus pour accompagner la sortie de Victory City, comme une conférence diffusée sur internet avec les auteurs britanniques Margaret Atwood et Neil Gaiman.

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« Les mots sont les seuls vainqueurs »

Icône de la liberté d’expression depuis qu’il vit sous le coup d’une fatwa pour l’écriture du livre les Versets Sataniques en 1988, Rushdie défend encore la puissance des mots dans Victory City.

Avec pour mission de « donner aux femmes une place égale dans un monde patriarcal », selon le résumé de son éditeur Penguin Random House, son héroïne et poète Pampa Kampana, qui vivra près de 250 ans, sera aussi le témoin de « l’orgueil de ceux qui sont au pouvoir », et assistera à l’essor puis à la destruction de Bisnaga.

Son héritage au monde restera toutefois son récit épique, qu’elle enterre en guise de message pour les générations futures. Et le roman se conclut par cette sentence : « les mots sont les seuls vainqueurs ».

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« Le pouvoir de raconter des histoires »

Dans le New York Times, l’écrivain américain Colum McCann, ami de Rushdie affirme que l’auteur « dit quelque chose de très profond dans Victory City ». « Il dit “vous ne pourrez jamais enlever aux gens la faculté fondamentale de raconter des histoires”. Confronté au danger, même face à la mort, il réussit à dire que tout ce que nous avons c’est le pouvoir de raconter des histoires ».

Né à Bombay en 1947, Rushdie a publié son premier roman « Grimus » en 1975 et a connu une célébrité mondiale six ans plus tard avec Les Enfants de minuit qui lui a valu le Booker Prize au Royaume-Uni.

Victory City sortira en septembre prochain en France sous son titre original, a indiqué à l’AFP sa maison d’édition française Actes Sud.

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