Selon le mannequin grande taille Sarah De Melo : « Il n’existe pas de corps parfait »

Pour la Journée Internationale de la Femme de 2017, Yahoo a souhaité interroger des femmes de milieux et de professions divers, et leur a demandé « Et ensuite ? ». Que fait-on une fois que la journée de la femme se termine ? Que souhaitent les femmes dans leurs vies personnelles, dans leurs carrières respectives, et de manière globale en tant que femmes ? Découvrez ici toutes les histoires de notre reportage sur la journée internationale de la Femme.

Propos recueillis par Nisean Lorde.

Sarah De Melo. (Photo via Instagram/sarahdxoxo)
Sarah De Melo. (Photo via Instagram/sarahdxoxo)

Je m’appelle Sarah De Melo. Je suis mannequin grande taille, je suis née et j’ai grandi à Toronto, dans une famille portugaise aussi nombreuse que bruyante.

De par le fait que j’ai grandi en immersion dans une communauté portugaise, je n’ai jamais eu la pression de devoir faire une certaine taille, et surtout pas de la part de ma famille : ils m’ont toujours beaucoup soutenue, surtout parce que j’ai toujours été assez forte de corpulence et que j’ai toujours été plus grande que tous mes amis. Je suis clairement celle de la famille qui a le plus de courbes.

Je pense que certaines cultures sont plus tolérantes que d’autres lorsqu’il s’agit de la taille. Bien que ma famille m’ait toujours acceptée à ma taille, à l’école ou dans la sphère sociale, j’ai toujours eu le sentiment que j’aurais dû être mince et que je n’étais pas « assez bien » à la taille que je faisais. En réalité, les femmes et les filles au Canada font face à de nombreux problèmes liés à leur image et à leur corps.

Super reconnaissante du soutien et de l’amour que m’apporte ma merveilleuse famille.

L’autre jour, je lisais un article dans lequel une étude récente était évoquée, elle rapportait qu’environ 50 % des filles de 12-13 ans font des régimes. Une amie m’a même dit que sa nièce, qui a cet âge, fait actuellement un régime car elle pense qu’elle n’est pas assez maigre ni assez jolie, et que le fait de perdre du poids l’aidera à être plus attirante. Quand j’entends ce genre de choses, j’ai vraiment mal au cœur. C’est pour ça que je pense que le mouvement de positivité envers le corps et le fait de montrer de la diversité corporelle dans les médias sont très importants afin de permettre aux jeunes filles et aux femmes de se rendre compte qu’il n’y a pas de corps parfait ou idéal. Nous sommes tous et toutes parfaits à notre façon.

Lorsque j’étais plus jeune, beaucoup de personnes dans ma famille me conseillaient de tenter ma chance dans le mannequinat grande taille, mais il m’a fallu beaucoup de temps pour développer suffisamment de confiance en moi et pour apprendre à aimer mon corps. Ce n’est que vers la fin de ma vingtaine que je me suis réellement intéressée au mannequinat.

J’ai rencontré une femme du nom de Hourglass Cath, qui m’a présentée au propriétaire de la première boutique indépendante de vêtements grande taille de Toronto, Voluptuous Inc., et c’est à ce moment là que j’ai eu la chance de pouvoir me lancer dans le mannequinat grande taille. À partir de ce moment, j’ai construit mon propre réseau, je me suis trouvé une clientèle et j’ai fini par être signée chez B&M Models.

Le plus gros défi que je dois relever en tant que modèle grande taille, c’est le fait que de nombreuses personnes me disent que je ne suis pas vraiment une personne “grande taille”, car je suis un petit gabarit sur l’échelle du mannequinat grande taille. Cela peut devenir très frustrant et difficile parce que je ne peux pas non plus être un mannequin de taille standard puisque je ne conviens pas aux exigences de taille de cette catégorie – mais j’adore le mannequinat ! Mon avis, c’est que l’on devrait arrêter d’étiqueter les tailles des gens et que l’on devrait plutôt se concentrer sur les choses plus importantes, comme le fait de prendre soin de son corps et d’apprendre à s’aimer tel que l’on est.

Je souhaite simplement faire du mannequinat, inspirer les femmes qui ont un corps similaire au mien et leur montrer que quelle que soit leur taille, elles sont belles. Et que l’on peut avoir confiance en soi et être sexy sans qu’il n’y ait de compromis à faire : la mode devrait être pour tout le monde, quelle que soit la taille des gens.

Je pense que ma plus grande peur en tant que mannequin, c’est que les gens pensent que pour moi, les courbes sont le nouvel idéal physique à atteindre. J’aimerais que les gens sachent que le mouvement de positivité du corps (ou le mouvement « Body Positive ») vise à mettre en valeur et à célébrer tous les corps ainsi que leur diversité. Le but est que les gens aient confiance en eux, qu’ils s’aiment tels qu’ils sont et quelle que soit leur taille.

Pour ce qui est du future proche de l’industrie du mannequinat grande taille, le grand public va pouvoir voir beaucoup plus de diversité physique tant dans les campagnes publicitaires que dans les magazines. Aux États-Unis, Ashley Graham a déjà fait la couverture de Vogue, ainsi que celle de l’édition maillot de bain de Sports Illustrated.

Au Canada, les grandes enseignes s’intéressent aussi aux campagnes mettant en scène des mannequins grande taille. Chez Reitmans par exemple, il est maintenant possible de voir des mannequins aux physiques et aux corps divers. Ils ont également étendu leur offre de tailles puisqu’aujourd’hui, ils proposent des vêtements allant jusqu’à la taille 52. C’est vraiment une bonne nouvelle, parce que cela signifie que les gens n’auront plus besoin d’aller dans des magasins spécialisés dans les grandes tailles. Ils pourront tout simplement aller dans n’importe quel magasin et trouver leur taille – et c’est comme ça que ça devrait se passer partout !

Si je pouvais donner un conseil aux jeunes filles, ce serait « ne laissez personne vous dire que vous ne pouvez pas faire quelque chose ».

Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir commencé le mannequinat plus jeune, mais je n’avais pas assez confiance en moi. Maintenant, j’ai presque 30 ans et je fais tellement de choses merveilleuses dans la vie ! Je voyage, j’inspire les gens, et tout ça en faisant un métier que j’adore. Alors mon seul réel regret est de ne pas avoir commencé plus tôt, simplement parce que je n’avais pas confiance en moi et que je ne me pensais pas capable de faire ce que je fais aujourd’hui. Aujourd’hui, je crois et je sais qu’il faut juste foncer. Ne laissez personne vous dire ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire. Si vous avez un rêve, travaillez aussi dur que possible pour le réaliser.

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