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Soupçons de "prise illégale d'intérêts": pour son avocat, "on reproche à Eric Dupond-Moretti d'être ministre"

Christophe Ingrain, l'avocat d'Eric Dupond-Moretti, sur BFMTV le 3 octobre 2022. - BFMTV
Christophe Ingrain, l'avocat d'Eric Dupond-Moretti, sur BFMTV le 3 octobre 2022. - BFMTV

Eric Dupond-Moretti a prévu de se battre. A peine son renvoi devant la Cour de justice de la République pour des soupçons de "prise illégale d'intérêts" annoncé, ses avocats ont indiqué avoir formé un pourvoi en cassation pour dénoncer cette décision. "Aujourd'hui cet arrêt de jugement n'existe plus et il appartiendra à la Cour de cassation de se prononcer", prévient Me Christophe Ingrain, l'avocat du ministre de la Justice.

Ce pourvoi se justifie, selon Me Ingrain, par de "très grandes anomalies" dans la procédure. Il en veut pour preuve les "fuites dans la presse", à commencer par la perquisition du cabinet du ministre de la Justice en juillet 2021, annoncée la veille dans Le Canard enchaîné.

"Il y a beaucoup d'anomalies et d'irrégularités qui affectent ce dossier, qui sont des nullités graves selon nous", invoque sur BFMTV l'avocat d'Eric Dupond-Moretti.

"Dossier vide"

Comme depuis le début de la procédure, Eric Dupond-Moretti s'est toujours défendu, affirmant avoir suivi l'avis de son administration ou avoir suivi des procédures initiées par ses prédécesseurs dans les affaires pour lesquelles la commission de l'instruction de la Cour de justice de la République a ordonné un renvoi. Il rejette toute idée de réglement de comptes orchestré à l'encontre de certains magistrats auxquels il s'est opposé lorsqu'il était avocat.

Dans l'affaire Edouard Levrault, ce juge anti-corruption monégasque qui avait ordonné la mise en examen d'un client défendu par Eric Dupond-Moretti, Me Christophe Ingrain rappelle que ce sont "les services du ministère de la Justice qui ont demandé une enquête administrative". "Sa directrice de cabinet a signé, il (Eric Dupond-Moretti, NDLR) n'a engagé aucune poursuite", martèle l'avocat.

"On a eu le sentiment que rien n'était de nature à convaincre la commission d'instruction de la Cour de justice, déplore l'avocat. On est dans une procédure diligentée à la demande de syndicats de magistrats. (...) Ce qu’on reproche à Eric Dupond-Moretti, c’est d’être ministre de la Justice. Les syndicats considèrent qu’il n’a pas cette légitimité et le combat s'est porté sur le plan pénal et pas sur le plan politique."

"Aucune raison juridique pour qu'il démissionne"

Eric Dupond-Moretti a rappelé la semaine dernière qu'il resterait malgré tout en poste, disant tenir sa "légitimité" du "président de la République et de la Première ministre". "Il n'y a aucune raison juridique pour qu’il démissionne", estime Me Christophe Ingrain, devançant un éventuel renvoi du ministre devant la CJR, ce qui serait une situation inédite.

"Ce dossier est vide, c’est un combat contre sa légitimité, Eric Dupond-Moretti ne cèdera pas, martèle l'avocat. Sa légitimité, il ne la tient pas des syndicats de magistrats mais du président de la République et de la Première ministre."

Article original publié sur BFMTV.com