« Tout suicide est un drame et un échec »
« En dépression, n’ayant plus aucun goût à la vie, je souhaite accéder à votre clinique de suicide ! » Dès qu’on débat d’euthanasie, notre service SOS fin de vie, dédié aux fins de vie et aux deuils difficiles, reçoit des messages poignants de ce type. Leurs auteurs ont entendu une musique empoisonnée : un suicide médicalement assisté serait bientôt accessible par un service public de la mort administrée. Des personnes fragiles, isolées, souffrantes – sans pathologie somatique ! – pensent que c’est la solution déjà préconisée par notre société. Nous estimerions leur mort préférable à leur vie. En est-on si loin ?
Aujourd’hui, ceux qui poussent ce qu’ils nomment « l’aide active à mourir » n’y incluent pas les patients dépressifs. Comportant un mélange de suicide assisté – le processus létal est déclenché par la personne concernée – et d’euthanasie – la mort est administrée par une tierce personne –, le dispositif serait réservé aux personnes très malades ou dépendantes, avec un pronostic vital engagé à moyen terme, et souffrant physiquement ou psychiquement de façon qu’elles jugent insupportable.
Cependant comment évaluer une souffrance « insupportable et inapaisable » ? Notre expérience et notre éthique de l’écoute nous conduisent à accueillir toutes les émotions exprimées, sans les nier. Il n’y a pas pire souffrance qu’une souffrance non reconnue. Mais l’évaluation d’une souffrance (surtout morale) reste subjective. Nous consentons à cette subjectivité tant qu’ell...